Chaque année, à l’arrivée de Noël, les mêmes chansons se font entendre dès le début du mois de novembre. Un mélange de simplicité, de tradition et d’adaptation en fait leur succès.
Le spécialiste de la musique populaire et professeur agrégé à la Faculté de musique de l’Université Laval, Serge Lacasse, souligne qu’il y a des éléments primordiaux à ne pas omettre dans l’élaboration d’une bonne chanson de Noël. «Le public doit être en mesure de la chanter, insiste-t-il. Elle doit être strophique, être de forme syllabique, une histoire doit aussi prendre forme dans la chanson.»
Les chants de Noël tirent leur origine du regroupement des éditeurs de musique des années 1910 à 1940 nommé Tin Pan Alley. « Ce regroupement, composé principalement de Juifs, avait le monopole de la musique en feuille, soulève-t-il. Plus de 80 % des chansons de Noël proviennent de ces éditeurs.» Elles ont toutes une structure similaire. «Les chansons de Noël ont une forme AABA, explique M. Lacasse. Elles sont composées de deux parties, d’une variante et d’un retour aux premières parties.» Ainsi, les chansons, telles que Le petit renne au nez rouge ou White Christmas, se ressemblent dans leur structure musicale.
Même si elles semblent simples à construire, c’est à cause de la tradition que les mêmes chansons reviennent chaque année. «Le succès des chansons de Noël actuel résulte de la répétition, explique Alain Arseneau, étudiant en troisième année au baccalauréat en musique à l’UdeM. Les gens peuvent les apprécier, à chaque année, car ils les connaissent de mémoire et revivent des souvenirs à travers elles.» L’étudiant au doctorat en musicologie Frederico Lazzaro va dans le même sens. «Leur succès est généré par la tradition, et les grelots qu’il ne faut surtout pas oublier», plaisante-t-il.
Des reprises, encore des reprises
M. Lacasse souligne qu’un alliage de tradition et de nouveauté est essentiel. «La chanson de Noël est un phénomène paradoxal, dit-il. Les gens ont un certain attachement pour leurs racines, donc les chansons de Noël doivent être familières. Mais il est quand même possible de les adapter en fonction du public cible et d’avoir du succès.» Peu importe le style de musique, du jazz au rock, du R & B au classique, pas un n’échappe à la répétition des mêmes chansons de Noël déjà connues de l’industrie.
Dan Foley, auteur du disque Dan Foley fredonne, est un bon exemple de ce succès. En 2006, il a enregistré un disque de Noël uniquement en fredonnant. «Au départ, je voulais montrer le côté ridicule des mille et une adaptations des chansons de Noël, mais j’ai eu une recette gagnante, lance-t-il. L’impact n’aurait pas été le même si j’avais choisi des chansons méconnues.»
Selon lui, ces pièces seront toujours populaires. «Le répertoire classique des chansons de Noël a du succès, soulève M. Foley. À un moment bien précis de l’année, le public s’attend à écouter ces mêmes chansons. C’est quelque chose de saisonnier.» Il croit que du lendemain de l’Halloween à janvier, on écoutera toujours ces chansons.
Sondage
Qu’est-ce que les chansons de Noël provoquent chez vous?
• 18 étudiants ont mentionné que les chansons de Noël leur rappellent des souvenirs d’enfance.
• 12 font l’éloge du sentiment de joie que leur apportent ces chansons.
• 9 les trouvent fatigantes.
• 6 pensent qu’elles les mettent dans l’ambiance des fêtes.
• 4 éprouvent une indifférence.
• 1 associe ces chants à la naissance de Jésus.