Volume 26

Marlon Brando et Maria Schneider partagent l'affiche du film Le dernier tango à Paris, qui recevra deux nominations aux oscars en 1974. (Crédit photo : Wikimedia Commons I DexMorgan)

La force du nombre

 Il est important de pouvoir consentir à ce que nous allons vivre. En fait, plus qu’important, c’est simplement normal. Mais pour certaines personnes, apparemment ce n’est pas primordial. Malheureusement pour Tom, il est tombé sur l’une d’elles.

Après un évènement aussi traumatisant, on a besoin d’être entouré. « […] J’aurais peut-être aimé qu’il y ait un peu plus de cellules autour de ça pour les hommes à Montréal. » Voilà qui aurait pu faire une différence, en effet. Dommage pour Tom, ses problèmes ne sont pas assez populaires pour susciter des campagnes de sensibilisation à grande échelle…

Le vilain petit canard

D’un côté on parle énormément de maladies mentales et c’est tout à fait légitime. De grandes entreprises n’hésitent d’ailleurs pas à y associer leur nom. Parce que ça touche tout le monde et qu’on peut tous s’identifier à ces problèmes.

À l’inverse, quand il s’agit d’apporter un soutien aux problèmes de minorités ostracisées, ça semble plus compliqué de convaincre des mécènes d’envergure. Alors on compte sur des organismes comme le RÉZO pour en parler, sauf qu’ils ne trouvent pas la même résonnance.

Heureusement que la communauté LGBT + est habituée à ne compter que sur elle-même. Pendant l’épidémie du sida dans les années 1980, la lenteur des politiciens à accorder une importance à ce fléau montrait déjà le peu d’intérêt porté aux problèmes liés à la communauté gaie. Je ne fais pas ici de lien direct entre sida et homosexuels, mais cette maladie les touche durement (1).

Et pour ceux qui croient que le problème du VIH ne les concerne pas et qu’il est loin derrière nous, sachez seulement que ça reste la première cause de mortalité chez les femmes (2), et qu’un pays comme la Chine a connu une augmentation de 14 % de porteurs du virus en un an (3).

La difficulté pour les personnes appartenant aux minorités, c’est d’être moins nombreuses que les autres. C’est peut-être bête à dire, mais tout le problème est là. Comment rallier les politiciens à sa cause, quand son pouvoir électoral est trop faible ? Comment attirer l’attention des grandes entreprises, quand la portée médiatique n’est pas assez grande ?

Alors plutôt que d’en parler, on décide de se taire et de ne pas parler de ses problèmes. On les pousse sous le tapis pour éviter de renforcer la stigmatisation autour d’une communauté qui traîne les mêmes clichés depuis des décennies.

Changer de disque

Sur la question du consentement, la réponse est sûrement plus globale qu’intimement liée à une minorité. Ce sont surtout les mentalités qui sont à changer. Si l’on continue à glorifier la figure de l’homme qui s’amourache d’une femme au point de ne plus la laisser respirer jusqu’à atteindre son but, à savoir qu’elle succombe à ses avances, ça va devenir compliqué.

Il serait peut-être temps de revoir notre jugement sur des films comme Le dernier tango à Paris de Bertolucci, considéré comme un classique du cinéma, alors que l’actrice principale a longtemps dénoncé une expérience proche du viol lors d’une des scènes4. Une expérience qui la marquera jusqu’à son suicide en 2011. Et les exemples de ce type sont nombreux au cinéma.

Pas de chasse aux sorcières ici ni de censure à tort et à travers. Il s’agit simplement de mieux informer les gens sur ce qu’ils vont consommer, afin qu’ils aient toutes les cartes en main pour y consentir.

1. Le risque d’infection par le VIH est 131 fois plus élevé chez les hommes gais, bisexuels et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes que chez les hommes n’ayant pas de relations sexuelles avec d’autres hommes selon CATIE.

2. topsante.com, « Sida : toujours la première cause de mortalité pour les femmes », 6 mars 2019.

3. ici.radio-canada.ca, « Le sida gagne rapidement du terrain en Chine », 29 septembre 2018.

4. information.tv5monde.com, « Le dernier tango à Paris de Bernardo Bertolucci : quand un viol de cinéma n’est pas une fiction », 26 novembre 2018.

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