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La fin du rugby à l’Université de Sherbrooke

Défaites de 117-0 et 90-0 chez les femmes, 78-0 et 72-0 chez les hommes… Les résultats sur le terrain cette saison laissaient présager que les choses n’allaient pas rondement au sein des équipes de rugby de l’Université de Sherbrooke. Les entraîneur·euse·s du Vert & Or, Andy Smith et Francis Raschella-Lefebvre, ont tout de même été surpris d’apprendre que leurs équipes ne disputeraient pas de matchs la saison prochaine. La direction du programme sportif cite le manque d’effectifs, en qualité et en quantité, ainsi que des enjeux de sécurité, pour justifier sa décision.

L’entraîneuse de l’équipe féminine, Andy Smith, se dit très déçue de la façon dont l’établissement est arrivé à cette conclusion. «Le problème que j’ai, c’est avec le processus, déclare-t-elle. On présente une décision à l’entraîneur masculin et à moi, au lieu de l’option de régler les problèmes.» Elle ne nie pas les difficultés de recrutement de son programme, mais déplore le manque de consultation. «L’Université nous dit que certains enjeux retirent son attention depuis le début de la saison 2021, mais la première fois qu’elle m’en a parlé était en septembre de cette année», poursuit-elle. 

L’entraîneuse de rugby du Vert & Or de Sherbrooke (Crédit: Vert & Or)

C’est à la suite d’un incident survenu après la défaite de son équipe face au Rouge et Or de l’Université Laval, le 10 septembre dernier, que cette première discussion avec l’administration aurait eu lieu. Après qu’une joueuse a échangé avec un journaliste à la fin du match, un froid entre le comité des joueurs et l’administration aurait été jeté, car ce geste va à l’encontre des règles établies par la direction. L’entraîneuse a alors proposé une rencontre avec la direction du Vert & Or pour mettre les choses au clair et en profiter pour rencontrer le directeur et le coordonnateur sportif pour la première fois. «Nous avons eu une discussion qui a finalement été très agréable, où nous avons aussi abordé les autres enjeux par rapport à l’équipe, explique Mme Smith. Par contre, ils ont utilisé certains points que nous avons soulevés pour justifier leur décision un mois plus tard.»

Le directeur du programme d’excellence du Vert & Or, Simon Croteau, a affirmé cette semaine que la décision d’abolir le rugby à l’Université de Sherbrooke est justifiée. «Les équipes jouaient du rugby à 15, avec seulement 15 joueurs dans l’alignement, a-t-il précisé à La Tribune. Certains arrivent au sein de l’équipe et n’ont aucune expérience et il n’y a aucun remplaçant sur le banc. Trois parties ont dû être annulées la saison dernière : deux chez les filles, une chez les gars. Une autre a été suspendue, parce que les joueuses étaient rendues à 12 sur le terrain. C’est le mélange parfait pour voir des accidents arriver et des blessures majeures sont déjà survenues.»

Une explication qui n’est pas à la hauteur

Mme Smith n’approuve pas cette justification. Elle déplore que des critères de fonctionnement clairs n’aient pas été établis avant la décision. «Nous sommes un club sportif, il n’y a aucun nombre minimal de joueuses ou d’années d’expérience dans nos règlements, souligne-t-elle. Le 30 novembre, j’ai demandé à la direction s’il y avait des critères minimaux pour avoir une équipe. J’ai entendu pour la première fois à Radio-Canada cette semaine le directeur affirmer que ça prendrait entre 35 et 40 athlètes avec 3 à 5 ans d’expérience.» Elle souligne également que de nombreuses joueuses avaient déjà été recrutées pour la saison prochaine.

Une pétition pour sauver les programmes de rugby avait d’ailleurs récolté plus de 8800 signatures en date du 15 décembre. L’entraîneuse affirme être heureuse du soutien que reçoit son programme, mais reprend les propos de la direction, qui affirme qu’elle ne va pas tenir compte de la pétition, à moins qu’un certain pourcentage de signataires veuille jouer au rugby.

Mince consolation, M. Croteau a déclaré à La Tribune que sa décision n’est pas irréversible. Il faudra toutefois attendre le jour où les joueur·euse·s de rugby seront plus nombreux·ses dans la région, ce qui n’arrivera pas d’ici la saison prochaine, selon lui.

 

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