Tandis que la saison actuelle se termine, la prochaine est déjà en train d’être conçue par le chef d’orchestre et directeur artistique de l’OUM, Jean-François Rivest. Avec trois concerts et un opéra à présenter dans une année scolaire, le professeur de la Faculté de musique doit composer avec plusieurs facteurs. Les effectifs changent, le public doit être au rendez-vous et il faut toucher à un répertoire allant du xviie siècle à aujourd’hui. En plus, la charge de travail doit s’harmoniser avec les cours individuels des musiciens et des défis doivent être relevés.
« Je me considère un peu comme un prof d’escalade, explique M. Rivest. Je vais dire à mes élèves, qui sont tous des adultes dans la vingtaine, tripants, tripeux et en bonne santé : “On va monter le mont Royal !” Là ils vont dire : “Tu as 90 ans ou quoi ?” Non ! Je vais les amener monter une grosse montagne. Alors mon but, c’est quand même de leur procurer [un objectif] assez gros. » Le concert Révolution propose ainsi du matériel composé au xxie siècle, un concerto de piano, une pièce pour orchestre à cordes et une œuvre demandant un effectif de vents et de percussions.
La formation ou la variété
En plus de ces facteurs, M. Rivest se donne comme mission de former les étudiants à leur futur métier dans les orchestres professionnels en abordant des œuvres incontournables du répertoire. « Je me fais un devoir de passer à travers certains classiques régulièrement, confie-t-il. La 5e [symphonie] de Beethoven [NDLR : qui a été interprétée au début de la saison 2017-2018] en est un très bon exemple parce que non seulement c’est un classique, mais elle est écœurante, tout le monde l’adore, elle vend bien [et] elle est dure à jouer. […] Elle est idéale pour les étudiants ! » La taille du répertoire pour orchestre symphonique aidant, le chef spécifie qu’il ne rejouera pas une même pièce en cinq ans.
La variété dans le répertoire interprété est un facteur important à montrer aux étudiants, d’après le chef assistant en résidence à l’Orchestre symphonique de Québec et diplômé de la Faculté de musique de l’UdeM, Nicolas Ellis. « Quand je regarde la situation de la musique classique, je me dis que penser qu’on peut continuer de survivre en représentant continuellement le vieux répertoire, les vieux classiques […], je ne pense pas que c’est viable sur le long terme », constate-t-il. Selon lui, il faut trouver un équilibre entre les réalités du milieu musical et le répertoire classique pour la programmation d’un orchestre universitaire.
De même, avec une seule personne aux commandes, le goût personnel du directeur artistique a une plus grande incidence dans le choix du répertoire d’un orchestre comme l’OUM. M. Rivest parle de son intérêt pour l’œuvre de Dimitri Shostakovitch comme facteur qui a influencé son choix pour le dernier concert. Deux des pièces de ce dernier sont au programme, ainsi qu’un concerto de piano de Prokofiev. « On avait une pièce d’un étudiant en composition qui a décommandé il y a deux semaines, remarque-t-il. J’ai sauté sur l’occasion pour ajouter une pièce d’Airat [Ichmouratov], qui est un ancien d’ici et avec qui l’orchestre a travaillé lorsque j’étais en congé sabbatique. »
Puisque la saison a été construite en bloc, M. Rivest peut ainsi faire répondre ses concerts entre eux. « S’il y a une pièce qui parle de révolution, c’est bien la 5e de Beethoven », s’enthousiasme-t-il. De la pièce maîtresse de son premier concert au contenu du dernier de la saison, il affirme que le titre « Révolution » peut résumer l’année musicale de l’OUM.