Culture

La culture innue s’invite au Ciné-Campus

« J’ai eu une confiance aveugle en ce film, qui est le seul parmi toute la programmation que je n’ai pas encore eu l’occasion de voir, confie le coordonnateur de la programmation du Ciné-Campus, Kenny Lafrenière. Mais ce n’est pas par mauvaise foi de ma part, car les deux représentations que j’ai voulu voir au Cinéma Beaubien étaient complètes ! » Kuessipan est le dernier film de la réalisatrice Myriam Verreault et a été tourné au sein de la communauté innue de Uashat Mak Mani-Utenam ainsi que dans la ville de Sept-Îles.

M. Lafrenière est entré en contact avec le CÉA peu après avoir arrêté son choix sur Kuessipan. « Quand j’ai approché le responsable du CÉA pour lui proposer cette collaboration, il m’a dit qu’il subventionnerait l’évènement afin d’offrir la gratuité aux étudiants », explique-t-il. Il ajoute que le propos du film se rattache à la vie étudiante, puisqu’une des protagonistes va quitter sa communauté afin d’étudier en ville.

 

Les interprètes Mike Innu Papu McKenzie et Caroline Vachon. Photo : Maude Chauvin
Les interprètes Mike Innu Papu McKenzie et Caroline Vachon. Photo : Maude Chauvin

 

Tisser des liens

« C’est la toute première fois que l’on [le CÉA] collabore avec le Ciné-Campus », précise l’agent de liaison en soutien à la communauté étudiante autochtone de l’UdeM, Samuel Rainville, lui-même issu d’une communauté autochtone de la Côte-Nord. « C’est important pour nous, car ça donne de la visibilité à cette œuvre, qui est un hommage aux cultures autochtones », ajoute-t-il. Selon lui, cette initiative allait même de soi, puisque ces deux regroupements relèvent des Services aux étudiants (SAÉ).

Bien qu’il n’ait pas encore vu le film non plus, M. Rainville mentionne qu’il a beaucoup apprécié le roman éponyme de l’auteure Naomi Fontaine, qui est d’ailleurs coscénariste du film. « Ce livre est composé de plein de petits portraits qui dépeignent la vie autochtone telle qu’elle est, sans les biais et préjugés que l’on retrouve souvent lorsqu’il s’agit d’observateurs extérieurs, détaille-t-il. En tant qu’Innu, c’est rafraîchissant de voir ça. J’ai hâte de voir à quel point le film va être fidèle au livre. »

Une fenêtre vers une réalité méconnue

La projection de ce mardi soir à 19 h sera suivie d’une discussion avec une chargée de cours de langue innue, Yvette Mullen, et avec la conseillère au cabinet du recteur pour les relations autochtones, Caroline Gélinas. Le Groupe d’intérêt en santé autochtone (GISA), qui est un regroupement étudiant, a coordonné la tenue de cet échange. « On s’est joint au projet afin d’organiser une discussion permettant d’aller au-delà des thèmes abordés dans le film et d’explorer celui-ci sous un regard neuf, explique Camille Normandin, membre du GISA. Pour nous, Kuessipan offre une porte d’entrée, une fenêtre vers une réalité plutôt méconnue de la majorité des gens vivant au Québec […]. Cette incursion dans la communauté innue créera, on l’espère, un intérêt qui évoluera vers un désir de compréhension des luttes autochtones actuelles et une déconstruction des préjugés. »

M. Rainville espère que les projections du film attireront un grand nombre de spectateurs, tant autochtones qu’allochtones. « Ça pourrait être intéressant de voir des autochtones non étudiants venir aux projections, ajoute-t-il. C’est ce que j’espère ! » Kuessipan est sorti en salles le 4 octobre dernier.

 

Yamie Grégoire (de dos) et Sharon Fontaine-Ishpatao, les deux interprètes principales de Kuessipan. Ce mot signifie "pour toi", en langue innue. Crédit : Max Films Media
Yamie Grégoire (de dos) et Sharon Fontaine-Ishpatao, les deux interprètes principales de Kuessipan. Ce mot signifie « pour toi », en langue innue. Crédit : Max Films Media

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