La culture canadienne a le dos large

icone Culture
Par Samuel Mercier
mercredi 23 mars 2011
La culture canadienne a le dos large

«Pourquoi Udine ? » C’est la question que tout le monde me pose ici. A priori, il n’y a pas beaucoup de raisons pour un étudiant à la maîtrise venant du Québec d’aboutir dans une petite ville perdue du Nord de l’Italie Mais, mon numéro est prêt, et je réponds invariablement la même chose : «Sono stagista al Centrodi Cultura Canadese » [NDLR: « Je suis stagiaire au Centre de Culture Canadienne»].

À chaque coup, ça les étonne : un centre d’études canadiennes ? Ici, à Udine ? C’est un peu comme si un Suédois vous annonçait qu’il venait à Sherbrooke pour travailler dans un centre d’études suédoises.

La question la plus difficile, en revanche, c’est quand on me demande quelle est ma fonction au juste dans ce centre d’études canadiennes. Là, je laisse place à l’interprétation. En gros, mon travail consiste à être «documentaliste» dans un endroit où il n’y a pratiquement pas de documentation. Entre vous et moi, entrer une quinzaine de notices bibliographiques dans une banque de données en deux mois, ça devrait être réalisable.

Sinon, je traduis des courriels pour l’organisation d’un colloque, j’accroche des cadres ou je transporte des boîtes, mais l’essentiel de mon temps, je le passe à rédiger un mémoire en littérature québécoise ou à prendre l’apéro. Ne le dites à personne, mais la culture canadienne a le dos large.

La mortadelle


Faut quand même pas oublier que je dois vous parler de culture locale. Évidemment, le verre de vin à un euro, ça a ses limites. En frioulan, la langue du coin, les gens disent «taglio» pour dire un verre de vin. Taglio, ça veut d’abord dire « tranche », c’est pour trancher la matinée ou l’après-midi en deux. Ici, le matin, parfois même les petites vieilles prennent un taglio.

Quand même, plutôt que de passer mon temps à trancher ma matinée, je teste aussi la chronique culinaire. J’étais sceptique quand on m’a amené à côté de l’Università degli studi di Udine chez Pieri Mortadele, un bar dont la spécialité est… vous devinez.

La mortadelle est en quelque sorte le baloney italien. La méthode de fabrication est d’ailleurs similaire. À Montréal, mon seul réflexe était de dire que ça goûtait le baloney et avouez qu’on s’en fiche pas mal, du baloney. Servi sur un bout de pain, sans mayonnaise, sans moutarde sans rien. De la mortadelle. Ils la font eux-mêmes, une saucisse grosse comme un homme et ils en coupent des bouts pour les mettre sur les bouts de pain. C’est bon, vous pensez ? Devinez ou je suis en train de terminer cette chronique.