La Société de transport de Montréal (STM) se dit préoccupée par le nombre de personnes en situation d’itinérance qui trouvent refuge dans les stations de métro dans toute la ville. Elle songe, entre autres, à adopter des mesures temporaires afin de rétablir un certain niveau de sécurité dans le métro. La STM envisage notamment de réduire les heures d’ouverture de certaines stations.
Ces mesures ne permettent toutefois pas de s’attaquer à la source du problème : la disponibilité des ressources dédiées à cette clientèle, fait valoir le président du conseil d’administration de la STM, Éric Alan Caldwell. « Quand bien même qu’on trouverait des solutions temporaires, on a besoin de solutions structurantes », a-t-il déclaré au micro de Radio-Canada le 18 février dernier.
Une crise en pleine expansion
Au Québec, le nombre de personnes en situation d’itinérance a connu une augmentation considérable depuis le début de la pandémie. De 2018 à 2022, ce nombre a doublé et est passé de 5 000 à 10 000, dont près de la moitié (47 %) se trouve sur l’île de Montréal. La pandémie a en effet accéléré la crise de l’itinérance, tandis que la crise du logement à laquelle fait face le Québec à l’heure actuelle l’a exacerbée.
En parallèle de la hausse du nombre de personnes en situation d’itinérance, les situations de détresse dans les stations de métro ont elles aussi augmenté, quasiment au même rythme. « Le nombre d’appels et d’interventions des constables spéciaux est passé dans les alentours de 36 000 en 2021 à plus de 58 000 en 2024 », alerte le directeur de la sûreté et de la sécurité incendie de la STM, Jocelyn Latulippe. Uniquement pour l’année 2024, la STM a comptabilisé 520 interruptions de service en raison de la présence de personnes dans des endroits a priori hors d’accès et à haut risque tels que les tunnels du métro.
Les organismes sur le terrain sont à bout
Le manque de refuges et leur capacité d’accueil restreinte amplifient le phénomène qu’observe la STM. Bien que des installations temporaires voient le jour tous les hivers pour accommoder la clientèle sans domicile, certaines de ses installations ont déjà fermé leurs portes. Par exemple, le Centre d’hébergement d’urgence (CHU) de l’organisme YMCA situé dans le centre-ville de Montréal a fermé ses portes en janvier dernier, alors que plus d’une centaine de personnes le fréquentaient chaque jour.
Les organismes communautaires sur le terrain et les centres d’hébergement sont, tout comme la STM, débordés par la demande. Plusieurs établissements n’ont plus le choix que de refuser certaines personnes en situation d’itinérance, faute de place.
Pour contrer cette crise, les organismes communautaires réclament plus de financement du gouvernement pour ouvrir davantage de centres d’accueil. La STM réclame elle aussi l’ouverture de plus de centres et une aide plus importante de la part des services sociaux et de santé pour prendre en charge les personnes itinérantes en détresse dans le métro.
Crédit photo: AR sur Unsplash