Culture

: Regarder La chambre interdite, c'est embarquer dans un train fantôme, selon notre chroniqueur cinéma Pierre Charpilloz. Courtoisie Métropolis Films

La chambre interdite

Regarder La chambre interdite, c’est embarquer dans un train fantôme. Non seulement l’esthétique du film est proche de celle de l’attraction foraine, mais de plus, l’intrigue avance de surprise en surprise. Les scènes se succèdent à la manière du jeu du « cadavre exquis », laissant primer l’improbable et l’inattendu sur toute narration cohérente. Si on s’aventure à résumer l’intrigue de cet étrange objet cinématographique, on pourrait dire qu’il s’agit de l’histoire d’un sous-marin et de son équipage en train de sombrer dans les eaux profondes, d’un bûcheron qui apparaît soudainement, cherchant à s’échapper d’un clan d’hommes des cavernes. Le tout entre deux leçons sur l’élégante manière de prendre un bain et de dizaines d’autres situations et personnages, joués souvent par des acteurs prestigieux comme Géraldine Chaplin ou Mathieu Amalric.

Dans cette nouvelle aventure du réalisateur canadien Guy Maddin (The saddest music in the world, Winnipeg mon amour), coréalisée avec Evan Johnson, tout peut arriver et rien n’est jamais suffisamment farfelu. Les séquences sont liées entre elles, mais chacune raconte sa propre histoire, chaque fois avec une ambiance et un grain d’image particulier et unique, dans une atmosphère toujours baroque, désuète et étrange. La chambre interdite ressemble à un film trouvé provenant des temps immémoriaux du cinéma. Pellicule abîmée, couleurs et intertitres d’un autre temps, le film est riche en effets de mise en scène, permettant une exploration de la matière originelle du cinéma. Un travail brillant et fascinant qu’on prend plaisir à découvrir et qui coïncide avec une histoire loufoque, mais racontée et jouée avec la gravité et le sérieux des conteurs de légendes.

La chambre interdite, de Guy Maddin et Evan Johnson

Les 2 et 3 février à 17 h 15 et 20h | Centre d’essai — Pavillon J.-A.-DeSève

2332, boul. Édouard-Montpetit, 6e étage

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