Ils viennent d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Occident pour apprendre le mandarin et mieux comprendre la société chinoise. Leur but ? Faire fortune.
Depuis de nombreuses années, la Chine attire des étudiants de partout sur la planète : Certains espèrent y trouver une meilleure formation, d’autres souhaitent éventuellement y faire du commerce. Les étudiants chinois, eux, veulent profiter de leur économie en pleine croissance et sont prêts à beaucoup de sacrifices pour réussir.
À l’Université de Jinan, dans la région du Shandong, un melting-pot de langues résonne dans les couloirs du département des étudiants internationaux. Les jeunes étrangers qui peuplent les cours de chinois ont tous leur motif pour être en Chine. Certains ont quitté leur pays à cause de l’insécurité politique, d’autres ont choisi « l’Empire du milieu » pour la qualité de l’enseignement ou pour y vivre un dépaysement. Mais tous ont un espoir en commun: profiter de l’expansion économique du pays et, peut-être, y faire de gros sous.
Yves vient du Congo. Son père travaille à l’ambassade de son pays à Beijing. «Pour moi, il était logique de venir en Chine, explique-t-il. Mon père vit ici et il connait la réalité du pays. J’étudie en informatique et je veux créer une société ici. Les Chinois ne parlent pas très bien l’anglais, je dois donc apprendre le mandarin et comprendre la mentalité des Chinois. Sinon je ne pourrai pas créer de liens avec eux, ce qui est difficile quand tu veux faire du business.»
La Chine offre aussi des avantages non négligeables aux étudiants étrangers. Par exemple, Faisal Alotaibi a souhaité aller en Chine parce que les études en médecine n’y durent que cinq ans, au lieu de sept en Arabie Saoudite.
Laurent Irakoze, originaire du Burundi, fait également des études en médecine. Il sait qu’apprendre le mandarin lui sera utile lorsqu’il reviendra dans son pays natal. «En ce moment, en Afrique, il y a une vague d’immigration chinoise. Au Burundi, si tu sais parler le mandarin, c’est un atout par rapport aux locaux qui ne connaissent pas cette langue. Beaucoup de Chinois ne parlent ni anglais ni français, je pourrai servir d’interprète.»
D’ailleurs, les gouvernements du Burundi et de l’Arabie Saoudite aident les jeunes à étudier en Chine. Les meilleurs étudiants reçoivent une aide financière, tout en devant promettre de retourner par la suite dans leur pays d’origine. «C’est une sorte de contrat moral que tu fais avec le gouvernement. Tu as droit à une bourse, mais tu t’engages à revenir par la suite ; en Arabie Saoudite on a besoin de médecins », explique Faisal.
En plus de bénéficier de nombreux avantages dans leurs études, Faisal et Laurent souhaitent aussi se lancer en affaires dans ce pays en pleine croissance économique. Laurent n’a pas encore d’idée précise, mais il veut établir des échanges de marchandises entre la Chine et le Burundi. Faisal, quant à lui, a choisi la région du Shandong, une région agricole avec beaucoup de ressources en eau, parce que sa famille détient une entreprise de machines agricoles. «Mon père est décédé et je veux continuer à faire fonctionner la compagnie familiale, dit-il. J’ai hérité de beaucoup d’argent et je souhaite continuer à faire prospérer la compagnie.»
Réussir à tout prix
Si la Chine est considérée comme un nouvel Eldorado pour les étrangers, elle le devient aussi pour la population locale. Les jeunes Chinois ne veulent pas revivre les mêmes difficultés que leurs parents ; ils souhaitent profiter pleinement de l’économie montante de leur pays.
Une étudiante chinoise, Violette, étudie le français à Jinan. À la question «Quel est ton rêve?», elle répond le plus naturellement : «Je veux devenir riche. » Les étudiants chinois sont prêts à beaucoup de sacrifices pour obtenir une bonne situation financière. Violette, comme la majorité des étudiants chinois, ne rentre dans sa famille que deux ou trois fois par an : «J’habite à environ quatre heures de route de chez mes parents, mais je n’ai pas le temps de rentrer. J’ai souvent des cours la fin de semaine ou, si je n’en ai pas, je préfère consacrer mon temps libre à faire mes devoirs.»
La concurrence est rude dans les universités chinoises, où les étudiants sont envoyés dans différentes provinces selon leur classement à la fin de leurs études secondaires. Si les droits de scolarité de l’université ne sont pas très élevés, ils peuvent être difficiles à acquitter pour certains étudiants originaires de la campagne. C’est le cas de Xi kai hua, un jeune étudiant chinois qui étudie depuis six ans pour travailler à la Bourse : « Je viens d’une famille très pauvre, ce n’est pas facile, mais je veux réussir, dit-il avec détermination. J’aimerais faire un doctorat. Ce n’est pas facile de payer mes études, mais, quand j’aurai terminé, je serai heureux d’avoir réussi. Ça paie bien de travailler à la Bourse.»
Pour réussir en Chine, il faut être studieux, travailler fort et aimer la compétition, car le but est de devenir le premier de la classe, explique Yves. « Les étudiants n’ont pas d’excuses pour rater les cours. C’est rare que les élèves soient absents. Il est très mal vu de dire à son professeur que la veille on ne se sentait pas suffisamment bien pour aller en cours, à moins d’un certificat médical. En Chine, ce n’est pas la note qui compte, mais ton classement comparé aux autres».
Si les jeunes souhaitent participer à la croissance économique de leur pays, ils sont aussi curieux de connaître la vie en Occident. Ils veulent tout savoir de nos voyages et n’hésitent pas à nous rappeler que s’ils ne se sont pas encore envolés hors de la Chine, c’est que voyager coûte cher.