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En 2016, pour souligner les 25 ans de service de son archiviste, la Division de la gestion de documents et des archives a créé le Fonds Michel Champagne - DGDA pour la formation en archivistique.

Je me souviens de l’UdeM

Il faut prendre deux ascenseurs, dont le deuxième est activé par une clé spécifique ; aviser la sécurité, mesure qui s’applique même aux employés ; et ouvrir de grandes grilles coulissantes pour accéder à la partie des archives de l’UdeM située dans la grande tour emblématique. « Plusieurs personnes pensent que c’est le bureau du recteur qui se trouve ici, mais non », raconte en souriant l’archiviste Michel Champagne.

Dans les boîtes, les tubes et les tiroirs se dessinent 130 années d’histoire de l’Université, de ses professeurs, de ses étudiants et de ses personnages marquants. Ainsi, les archives du cuisinier Valère Lavallée, dont la cafétéria du 3200, rue Jean-Brillant portait le nom jusqu’à cet automne, côtoient celles du frère Marie-Victorin.

Gardiens de la mémoire

Le travail des archivistes est régi par des règles de conservation, afin d’assurer une certaine continuité et objectivité. « On jette plus qu’on ne garde, affirme M. Champagne. Pour savoir ce qui mérite d’être conservé, on doit évaluer le rôle de la personne qui a produit les documents, leur utilité aujourd’hui et dans le futur. » Il donne en exemple les syllabus qui sont des documents pouvant témoigner de l’évolution des cours, ainsi que de la faculté où ils sont enseignés.

« Même s’ils veulent être objectifs, les archivistes doivent faire des choix, ils doivent porter un jugement sur la valeur des choses », explique le professeur de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information Yvon Lemay. Chaque fonds d’archives a une mission qui lui est propre, ce qui guide également les prises de décision.

« L’objectif est d’avoir des documents qui vont être utiles et qui vont être utilisés dans le futur, précise M. Champagne. Pour l’être, il faut qu’ils soient utilisables. » Ainsi, la quantité n’est pas garante de la qualité. « Nous ne sommes pas les archives du monde entier », conclut-il.

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Archives émotives

Malgré cette objectivité apparente, les archivistes ressentent différentes émotions en lien avec l’objet de leur travail. M. Lemay en a fait son expertise dans son domaine de recherche. Il explique que le contenu même de l’archive peut provoquer une émotion, mais que la situation de la personne la consultant joue aussi un rôle. « Les archivistes et les chercheurs ont eu une expérience émotive avec des documents numériques du fait qu’ils sont facilement accessibles [auparavant, les chercheurs devaient se déplacer], précise-t-il. La numérisation offre tout à coup plein d’autres façons de présenter l’archive ! Le dispositif et le contexte jouent un rôle important. »

Il donne en exemple l’exposition Cité Mémoire dans le Vieux-Port qui présente de nombreux personnages historiques ayant marqué l’évolution de Montréal. Être en présence des dessins originaux de Marie-Victorin provoque ainsi une gamme d’émotions différentes lorsque le personnage nous fait la lecture de ses écrits sous une projection géante.

M. Champagne a, quant à lui, développé un attachement particulier pour des archives liées au biologiste Georges Préfontaine. « C’est l’un des premiers fonds d’archives que j’ai traités ici à l’Université, raconte-t-il. Ses journaux ont une valeur littéraire autant que scientifique. Ce sont des archives très riches. »

Le futur des archives

Si la numérisation des documents permet de les rendre plus accessibles, le numérique pose également un problème de conservation. « On produit des outils technologiques pour qu’ils soient utilisés aujourd’hui, affirme M. Champagne. Dans quelle mesure serons-nous capables de conserver les supports à long terme ? » Les disquettes et les CD-ROM sont des exemples de formats récents qui sont aujourd’hui désuets. Pour tenter de contrer cet effet, un format de PDF spécifique aux archives a été créé.

Un problème de quantité de documents se profile également à l’horizon. « On a reçu le fonds d’archives d’un professeur qui avait même conservé les messages d’erreur qu’il avait reçus », s’exclame-t-il. Une grande quantité de documents demande plus de temps pour les classer et s’assurer de conserver ce qui est important. Des investissements seront sans doute à prévoir pour assurer la pérennité de ces nouveaux formats de documents.


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