Je, me, moi

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Par Fanny Bourel
mercredi 27 mars 2013
Je, me, moi
Le médecin et consultant en santé mentale Serge Marquis livrera un plaidoyer pour la décroissance personnelle le 2 avril dans le cadre des belles soirées de l’UdeM.(Crédit : Courtoisie Serge Marquis)
Le médecin et consultant en santé mentale Serge Marquis livrera un plaidoyer pour la décroissance personnelle le 2 avril dans le cadre des belles soirées de l’UdeM.(Crédit : Courtoisie Serge Marquis)

Dans le cadre des Belles soirées de l’UdeM, le médecin et consultant en santé mentale Serge Marquis donnera, le 2 avril prochain, une conférence sur son livre Pensouillard le hamster. Petit traité de décroissance personnelle. Dans cet ouvrage, il fait le point sur la souffrance engendrée par une activité mentale trop centrée sur l’égo. Un phénomène qui concerne, selon lui, la grande majorité des gens aujourd’hui, mais qui touche encore plus particulièrement les jeunes.

 « Nous vivons dans un monde malade du petit moi », écrit Serge Marquis dans Pensouillard le hamster. Déjà vendu à 30000 exemplaires, le livre est le fruit d’un long travail sur la gestion du stress. «Après 30 ans de réflexion sur la question, j’ose affirmer que la plupart des situations de stress sont générées par la perception d’une menace à l’égo par le cerveau », souligne-t-il.

Pour expliquer le lien entre égo et stress, le Dr Marquis a choisi l’humour et le hamster, car les pensées égotiques cavalent dans notre cerveau comme un hamster qui court frénétiquement dans sa cage. Un hamster appelé Pensouillard, car il croit réfléchir, mais il pensouille plus qu’il ne pense vraiment. Derrière le hamster se cache l’égo qui, non remis à sa place, nous fait souffrir alors que le fait d’arrêter d’être centrés sur nous-mêmes nous libère.

Narcissisme

Si le constat d’égocentrisme généralisé mis en lumière par le Dr Marquis s’applique à l’ensemble de la population. Les jeunes correspondent encore plus que leurs aînés à la situation qu’il dépeint. Ils ont en effet grandi dans une société très individualisée qui les a encouragés à développer leur estime d’eux-mêmes et leur individualité. «L’activité égoïque est stimulée chez beaucoup de jeunes à qui on a inculqué un renforcement de l’égo, estime le Dr Marquis. Cette démarche était guidée par une bonne intention, on voulait que les jeunes puissent se protéger et s’affirmer. Mais, elle a pour conséquence l’activité mentale égoïque.»

Les moins de 30 ans vont d’autant plus être enclins à se regarder le nombril puisqu’ils utilisent beaucoup les médias sociaux où ils se mesurent aux autres. «On y publie ses photos et puis, à force de consulter ces réseaux sur lesquels les autres affichent leur vie, on se compare à eux et on a l’impression de passer à côté de quelque chose», pense le Dr Marquis.

Le Dr Marquis met également en cause les émissions de téléréalité dont sont très friands les jeunes. Ces émissions jouent sur un processus d’identification du téléspectateur. « D’un côté, on se dit “oh non ! je ne suis pas comme cela”, explique-t-il. D’un autre côté, on s’identifie à un personnage et, dès que celui-ci est menacé, notre corps réagit comme si nous étions nousmêmes menacés. » Cette riposte de l’égo qui se sent attaqué provoque du stress et de la souffrance.

Pensouillard le hamster a d’ailleurs séduit les jeunes. «Beaucoup d’entre eux me disent merci, se félicite le Dr Marquis. Des professeurs de cégep m’ont même dit qu’ils utilisaient le livre avec leurs étudiants.» Pour passer d’une activité mentale égoïque à une activité mentale consciente, centrée sur le moment présent, le Dr Marquis préconise d’apprendre progressivement à dompter son hamster égocentrique intérieur en se recentrant sur le concret par la respiration, la méditation ou encore l’utilisation accrue de ses sens.  

Pensouillard le hamster : plaidoyer pour la décroissance personnelle, mardi 2 avril de 19h30 à 21h30 au Pavillon Jean-Brillant, 15 $ pour les étudiants.