Culture

Le youtubeur et étudiant à l'UdeM Bong-Sou Moulinet, alias Big Bong. Crédit Photo: Guillaume Villeneuve.

J’ai 100 000 abonnés, et toi ?

La youtubeuse et étudiante au doctorat en génie mécanique à Polytechnique Montréal Viviane Lalande a lancé sa chaîne Scilabus en 2013, cumulant aujourd’hui plus de 34 000 abonnés. Elle y fait de la vulgarisation de phénomènes scientifiques. « Ce que je veux faire passer dans mes vidéos, c’est la méthode et l’esprit scientifique », explique Viviane. Selon elle, c’est aussi utile pour soi que pour les autres. « En essayant d’expliquer à quelqu’un, je vais davantage faire l’effort d’aller chercher l’information, confie-t-elle. C’est aussi une façon de me rendre plus curieuse ».

Pour le spécialiste en stratégie web et médias sociaux Martin Lessard, le youtubeur novice s’adresse d’abord à une petite communauté (ses amis), puis celle-ci grandit, et un public se construit autour de lui. « Ces médias sont très intéressants pour les débutants, car tout le monde peut partir de zéro et se construire une communauté sans contacts préalables », indique-t-il.

L’étudiant au DESS en journalisme et à la mineure en études cinématographiques à l’UdeM Bong-Sou Moulinet détient également sa chaîne YouTube. Il crée des personnages et scènes à caractère humoristique sur le thème de la drague. « Ce sont mes amis qui m’ont poussé à le faire, explique Bong-Sou. Je le fais avant tout pour les faire rire. »

Conscient du caractère éphémère de sa notoriété, il crée des vidéos par loisir. « Il est possible de monnayer ses vidéos avec la publicité, mais je ne l’ai pas encore fait, car ce sont des sommes dérisoires à mon échelle », explique-t-il.

Selon Viviane, on ne vit pas de la publicité sur YouTube avant d’arriver à un minimum de 300 000 abonnés. « En deux ans et demi, j’ai gagné deux cents dollars », révèle-t-elle, alors qu’elle obtient entre 15 000 et 90 000 vues parmi sa quarantaine de vidéos. Pour se financer, elle a lancé une campagne sur Tipeee, une startup permettant aux internautes de rémunérer un artiste ou créateur de la toile. « Cela me permet de récolter environ 100 dollars par mois, juste assez pour acheter le matériel nécessaire à mes expériences », dévoile-t-elle.

Pour Martin Lessard, il est difficile de se faire de l’argent avec YouTube en dessous d’un million de vues. « On espère plutôt avoir de l’argent avec des occasions connexes qui viennent grâce à la visibilité que YouTube offre », explique-t-il.

Youtubeur à temps plein ?

Viviane produit en moyenne une vidéo par mois, bien que cela reste aléatoire. « Certaines peuvent prendre quatre heures d’expérimentation et d’analyse, d’autres une année entière, tout dépend du sujet », révèle-t-elle. De son côté, Bong-Sou estime à deux semaines le temps nécessaire pour produire une vidéo.

Le doctorant en mathématiques appliquées à Polytechnique Montréal Lê Nguyên Hoang s’est lancé sur YouTube pour changer l’image qu’ont les gens des mathématiques. « Lors de ma thèse, mes efforts de vulgarisation représentaient environ 15 à 20 heures de travail par semaine », raconte le youtubeur dont les vidéos sur sa chaîne Science4All attirent environ 1 500 vues.

Se faire connaître

Avec plus de 140 000 abonnés à l’âge de 18 ans, l’étudiant au cégep Gaspard G connaît aujourd’hui une certaine renommée grâce à YouTube. « Cela a pris environ deux ans pendant lesquelles je ne cumulais pas plus de 100 vues par video, confie-t-il. Quand j’ai commencé à échanger avec d’autres youtubeurs, on s’est référé les uns aux autres et les vues ont grimpées ». Gaspard est alors passé de mille abonnés il y a un an à plus de cent mille aujourd’hui. Il a maintenant un agent qui s’occupe de lui trouver des annonceurs.

Viviane estime qu’il est important de sociabiliser avec la communauté YouTube et de créer une dynamique de partage. « Mon tout premier pic de vues a eu lieu grâce au site Koreus qui a partagé une de mes vidéos, puis un autre grâce à Dirty Biology, un autre youtubeur plus connu faisant aussi de la vulgarisation scientifique », indique-t-elle. Koreus est un site internet francophone où les utilisateurs sont libres de diffuser du contenu à caractère humoristique ou insolite faisant le « buzz ».

Aux aspirants youtubeurs, Gaspard offre les conseils suivants : être passionné et créatif, et profiter de la liberté d’expression qu’offre cette plateforme. Cela peut aussi créer des opportunités inattendues, comme pour Gaspard qui animera une émission de télévision au Québec l’année prochaine.

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