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Image tirée de la vidéo intitulée Improving our collective intelligence d’Alexandre Harvey et animée par Philippe Dionne Bussières. Le projet est une infographie démystifiant la positiondes experts dans le débat public.

Intelligence collective

Comment démontrez-vous que la recherche en sciences humaines fait une différence dans la vie des Canadiens ?

Je me suis attaqué au mythe selon lequel les experts et les scientifiques vont régler tous les problèmes de société. J’ai expliqué que la plupart du temps, ce n’était pas vrai, mais que cela était possible. La recherche peut permettre de déterminer dans quelles conditions on peut profiter de l’expertise. Il y a aussi une dimension reliée au bien commun, c’est-à-dire comment mobiliser l’expertise à des fins non-partisanes ou neutres.

Vous parlez d’intelligence collective dans votre vidéo, comment définissez-vous ce concept ?

C’est de faire preuve de pragmatisme en tant que société. Il faut reconnaître qu’il y a des groupes divergents avec des intérêts divergents qui, à mon avis, sont tous légitimes. Il faut aussi reconnaître qu’individuellement, nous n’avons pas de vision globale des problèmes. Notre vision est teintée, et la seule manière de devenir intelligent collectivement, c’est de mettre toutes nos visions ensemble et de les faire parler. C’est l’objectif de ma recherche. […]

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à ce concept et à l’illustrer avec le cas du gaz de schiste ?

Ça remonte au temps où je complétais mon baccalauréat à l’Université Laval. On était en 2012, le sujet de l’heure, c’était l’éducation, et avec mes coéquipiers nous avions abordé la question de l’expertise. Plus tard, je me suis inscrit à l’UdeM. Celui qui allait devenir mon directeur de recherche s’intéressait au sujet de l’expertise dans le domaine scientifique et m’a proposé de travailler sur les gaz de schiste. Le gaz de schiste, à la base, est un sujet scientifique, mais après il y a tout plein d’intérêts qui entrent en jeu, qu’ils soient écologiques, économiques ou territoriaux. Au point de vue politique, c’est un super beau cas.

Selon vous, y a-t-il des domaines de recherche plus susceptibles de faire une différence dans la vie des Canadiens ?

C’est une question sensible, mais oui. J’ai la chance de m’intéresser aux politiques publiques. Je dis la chance parce que c’est plus facile pour le citoyen de voir le lien entre mes recherches et sa vie. Je ne peux pas m’avancer sur les autres matières, mais en politique, du côté de ceux qui s’intéressent aux relations internationales ou aux idéologies politiques, c’est peut-être plus difficile. Je crois que c’est plus facile de se faire remarquer quand on s’intéresse aux politiques énergétiques qu’aux politiques sociales par exemple.

? Vous êtes finaliste du concours et cela implique de présenter votre projet devant l’auditoire du Congrès des sciences humaines du 30 mai au 5 juin prochains à l’Université d’Ottawa. Comment comptez-vous présenter votre travail ?

La première phase, c’est la vidéo qui circule actuellement sur le web. La deuxième phase, c’est la publicisation de cette vidéo. Je ne suis pas un adepte des réseaux sociaux, donc c’est dur de le faire. La troisième phase, c’est l’invitation au Congrès des sciences humaines à Ottawa et de faire un pitch de trois minutes devant un jury. Le CRSH a mis l’accent sur la créativité et l’innovation, donc je veux m’écarter de la présentation scientifique traditionnelle.

Est-ce que les sciences humaines sont assez valorisées à l’UdeM ?

Évidemment que non. Les sciences sociales, ce sont de vieilles disciplines, et ça paraît par l’état de nos infrastructures. C’est dommage, mais ce n’est pas si mal que ça quand on se compare. Je dirais que ça dépend aussi des départements. Mon Département a beaucoup de ressources, invite des conférenciers intéressants, donc à ce niveau-là, c’est bien. Je travaille en sciences sociales, alors c’est certain que je crois que ça gagnerait à être plus valorisé.

Comment peut-on les mettre plus en valeur ?

Les étudiants ont des compétences qui ne sont pas forcément mises de l’avant. Un exemple possible – on le fait à la Faculté de droit –, c’est la mise sur pied de cliniques. Des acteurs externes, des entreprises et des individus viennent consulter les étudiants et posent des questions précises, et des étudiants proposent des solutions, rédigent des rapports et des analyses. En sciences humaines, ça manque cruellement, et on a quelque chose à apporter question de mettre l’expertise au service de la communauté.

*Improving our collective intelligence, réalisée en collaboration avec l’étudiant en graphisme à l’UQAM Philippe Dionne Bussières.

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