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En raison des succès de l’équipe de flag football, les joueuses subissent un stress de performance et de victoire lorsqu’elles jouent, rapporte l’entraîneur-chef, Alexandre Desjardins. - Crédit photo : Maude Mainville

Intégrer les Carabins : un rêve pour les joueuses de flag football de l’UdeM

Flag football, club sportif, programme de sport d’excellence : qu’est-ce que c’est ?

  • Le flag-football, ou football drapeau en français, est une variante du football américain, mais sans contact physique. Les joueur·euse·s portent des bandes de tissu que les adversaires arrachent pour arrêter le jeu.
  • Contrairement aux programmes de sport d’excellence, pour lesquels l’Université de Montréal fournit le financement et les ressources nécessaires à la gestion de l’équipe, la gestion administrative et financière des clubs sportifs repose sur les étudiant·e·s membres de ces derniers.

La joueuse centre offensif et finissante au baccalauréat en psychologie Mathilde Renaud fait partie de l’équipe de flag football de l’UdeM depuis l’année de la création de celle-ci en 2021, ainsi que de celle de la ligue universitaire. Pour elle, tout comme pour beaucoup de ses coéquipières, la charge de travail pour gérer le club sportif, tant au niveau administratif que financier, est très élevée.

Elle s’entraîne et joue 15 h par semaine au flag football et divise le reste de son temps entre ses études, son poste d’auxiliaire de recherche au Laboratoire d’étude du couple de l’Université de Montréal et celui de vice-présidente aux donations du conseil d’administration du club sportif.

Mathilde aimerait beaucoup que son sport fasse partie de la grande famille des Carabins. « Ce serait un honneur et un rêve de pouvoir en faire partie », partage-t-elle. De plus, intégrer le programme de sport d’excellence enlèverait un gros poids sur ses épaules ainsi que sur celles de ses collègues.

L’entraîneur-chef de l’équipe, Alexandre Desjardins, entend d’ailleurs souvent cette remarque au sein du club sportif. « Quand on va être capable de rejoindre les Carabins, tout ça va disparaître, affirme-t-il. On va tomber complètement sous la tutelle de l’Université, on n’aura plus besoin de gérer le [club sportif] et les filles vont pouvoir se concentrer à jouer et devenir meilleures au flag football. »

L’étudiante de première année en neuroscience cognitive et joueuse de flag football Abigaëlle Perreault croit aussi qu’il est temps que son équipe intègre les Carabins. Si elle n’a pas de rôle au sein de la gestion du club sportif, elle consacre néanmoins près d’une dizaine d’heures par semaine à son sport au cours d’une saison régulière, en plus de son travail et de ses études.

Elle explique que, comme le flag football ne fait pas partie des programmes de sport d’excellence, si elle souhaite postuler pour faire une maîtrise ou un doctorat, elle ne pourra pas le faire en se présentant comme étudiante-athlète et ainsi profiter des avantages accordés aux membres des Carabins.

Ces derniers peuvent, en effet, obtenir des aides financières spécifiques telles que des bourses d’études, mais également avoir droit à des rabais dans certains commerces autour du campus. Ils sont également prioritaires à la Clinique de physiothérapie et de médecine du sport du CEPSUM.     « C’est un rêve de pouvoir avoir accès à toutes les ressources de physiothérapie, de préparation mentale, et aux infrastructures de l’Université », confie Mathilde.

Championnes nationales deux ans de suite

Depuis la création de la ligue universitaire, l’équipe féminine de flag football a remporté le championnat canadien collégial de cette discipline deux années de suite, faisant de ses joueuses les championnes nationales en 2022 et 2023.

C’était la première fois qu’Abigaëlle Perreault gagnait le championnat canadien collégial avec l’équipe de l’UdeM. – Crédit photo : Maude Mainville

 

De plus, les joueuses de l’équipe ont représenté le Canada au tournoi OPEN organisé par l’USA Flag, qui est le second plus gros tournoi du genre aux États-Unis, du 26 au 28 mai derniers. Elles auront également la chance de représenter le pays à l’occasion du tournoi continental de flag football 2023, organisé par la Fédération internationale de football américain (IFAF).

Mathilde reconnaît que, en créant une ligue de toute pièce avec ses collègues étudiantes, l’équipe devait faire ses preuves auprès de l’Université de Montréal avant de pouvoir intégrer les Carabins. Elle pense que c’est désormais chose faite, maintenant que celle-ci a démontré être performante tant à l’échelle provinciale que nationale.

Abigaëlle affirme que le flag football est devenu plus qu’un simple loisir. « Au début [l’Université] ne pensait pas que ça allait pogner comme sport, explique-t-elle. Ça fait deux ans qu’on prouve que ça fonctionne super bien et qu’on est capable de rapporter beaucoup de visibilité à l’Université, en faisant des tournois en dehors du Canada, sans rien avoir en retour de sa part. »

Plus de ressources pour l’intégration

Selon M. Desjardins, l’équipe serait sur la bonne voie pour porter les couleurs officielles de la famille du bleu royal, blanc et noir dans les prochaines années.

La directrice générale du CEPSUM et des Carabins, Manon Simard, souligne quant à elle que le processus d’intégration d’un club sportif ou d’une autre discipline sportive nécessite de répondre à plusieurs exigences : en plus de garantir que l’Université ait assez de ressources et de financement pour bien accompagner la nouvelle équipe qui portera les couleurs et le nom des Carabins, s’assurer que la discipline ait une reconnaissance provinciale en bonne et due forme, bien encadrée par des standards du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ)*, est essentiel.

Malgré la pression de devoir représenter une équipe invaincue à l’échelle nationale, Mathilde Renaud confie canaliser cette pression pour être à son meilleur niveau sur le terrain. – Crédit photo : Maude Mainville

 

Les Carabins réunissant 23 équipes membres et 560 étudiant·e·s-athlètes, Mme Simard estime que les ressources actuelles sont insuffisantes pour accueillir l’équipe de flag football, ni même une autre discipline sportive comme le basketball masculin et féminin.

« Pour maintenir les équipes [déjà en place], on doit rassembler, annuellement, à peu près trois millions de dollars, détaille la directrice générale des Carabins. Quand on rajoute deux ou trois ressources [comme du personnel médical ou de nouvelles infrastructures], il faut aller chercher beaucoup d’argent. »

Mme Simard admet que le flag football a connu une progression particulièrement rapide pour se faire reconnaître au niveau du RSEQ. Elle pense toutefois que l’intégration de l’équipe au sein des Carabins ne se fera pas avant longtemps et que les joueuses devront s’armer de patience.

Elle confie ainsi qu’environ 14 équipes sportives souhaiteraient intégrer le programme de sport d’excellence, mais que l’Université devra fournir plusieurs éléments, tels que l’encadrement adéquat de l’arbitrage ainsi que la planification des programmes de bourses pour attirer les talents, avant de pouvoir ajouter un autre sport.

« Il faut que ça fasse l’objet d’une analyse sérieuse et que l’on soit prêt, parce qu’une fois qu’on le prend, on vit avec,souligne-t-elle. Quand on fait rentrer un sport, c’est qu’il va rentrer selon les standards qu’on s’est donné pour porter le nom de l’institution et des Carabins. »

Directions les Olympiques ?

Si la popularité du flag football se fait de plus en plus ressentir au Québec et au Canada, le sport s’est déjà construit une grande scène depuis quelques années aux États-Unis. En plus des ligues universitaire et professionnelle, la National Football League (NFL) investit de plus en plus dans le sport dans tout le pays, mais aussi au Canada, par l’intermédiaire de partenariats.

L’intérêt pour le flag football est devenu si important que celui-ci pourrait devenir une discipline olympique. En effet, l’IFAF et la NFL ont annoncé un partenariat l’an dernier pour pousser l’intégration de ce sport auprès du comité de sélection des Jeux olympiques de 2028, qui se dérouleront à Los Angeles.

Abigaëlle et Mathilde, qui souhaitent toutes deux continuer à pratiquer le flag football après leurs études, auront donc peut-être la chance de devenir médaillées olympiques si ces démarches portent leurs fruits.

Les deux joueuses mentionnent qu’avant la création de la ligue, les athlètes devaient, en quelque sorte, prendre leur retraite. Aucune possibilité d’exercer le sport après le cégep n’existait.

Maintenant que la situation évolue pour leur discipline, elles n’attendent plus que de voir si leur rêve de voir leur sport intégrer la famille des Carabins se concrétisera dans un avenir proche.

*Le flag football est encore, selon les règlements du secteur universitaire du RSEQ, considéré comme une discipline à gestion réduite, soit un projet pilote. Pour avoir une bonne reconnaissance, le sport doit non seulement disposer de règles d’admissibilité des étudiant·e·s-athlètes et des équipes, mais aussi de règles disciplinaires bien établies par le RSEQ. Ces règles doivent être reconnues et en vigueur dans toutes les universités membres de la ligue de flag football.

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