Instagram, scalpel des chirurgiennes

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Par Mohammed Aziz Mestiri
mardi 26 mars 2024
Instagram, scalpel des chirurgiennes
L’AWS-UdeM réunit étudiantes, résidentes et chirurgiennes, pour aider à développer un réseau de contacts « souvent difficile à établir avant les stages en milieux cliniques ». Photo : archives Quartier Libre
L’AWS-UdeM réunit étudiantes, résidentes et chirurgiennes, pour aider à développer un réseau de contacts « souvent difficile à établir avant les stages en milieux cliniques ». Photo : archives Quartier Libre
Le centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) a accueilli, le samedi 16 mars dernier, une conférence entièrement organisée par une association étudiante en médecine, la branche udemienne de l’Association of Women Surgeons (AWS-UdeM). Celle-ci existe depuis plus de trois ans, mais la dernière année a été synonyme de revitalisation et d’expérimentation, notamment grâce à une campagne poussée de promotion sur les réseaux sociaux.

« Instagram est une bien meilleure plateforme de communication pour notre génération », affirme d’emblée l’étudiante de première année au doctorat de premier cycle en médecine Zoé Chabot. Elle est l’une des deux responsables aux communications au sein de l’équipe exécutive de l’AWS-UdeM. « La clé, c’est la constance : il faut publier régulièrement », ajoute son homologue et étudiante de deuxième année au même doctorat Jessica Nguyen.

Le duo a multiplié les astuces pour augmenter la visibilité de l’association et de ses activités : envoyer des demandes d’abonnement à des personnes ciblées pour attirer leur attention, varier le type de publication en incluant le format vidéo, et adopter une seule couleur dans toutes les publications pour que « chaque fois que tu vois un post mauve, tu penses “Ah oui, AWS !” », poursuit Zoé.

La présidente de l’AWS-UdeM, Éolie Delisles, n’hésite pas à dire que les deux étudiantes ont géré le compte Instagram « d’une main de maître » pour aider au renouveau de l’association, peu active pendant plusieurs années. La revitalisation s’est amorcée sous son égide, ainsi que sous celle d’un comité exécutif agrandi, pour se donner les moyens de nouvelles ambitions.

Essais et nouveautés

La première édition du congrès annuel de recherche est le plus important évènement du calendrier de l’AWS-UdeM. Les responsables des conférences, Catherine Godeau et Michèle Younan, ont appris les rouages de l’organisation d’un tel évènement au jour le jour. « On ne partait de rien, aucun document, aucune façon de faire », avoue Michèle, étudiante en année préparatoire.

L’essai a abouti contre vents et marées, accompagné de quelques erreurs. Deux semaines après avoir publié le formulaire d’inscription pour les conférencier·ère·s, et à seulement un mois et demi de la date du congrès, seules trois personnes avaient répondu présent. Les réseaux sociaux ont alors encore contribué à intensifier la promotion et à finalement réunir 20 aspirant·e·s chirurgien·ne·s venu·e·s présenter leur recherche. D’autres imprévus n’ont pas manqué, mais la frénésie a été stimulante, estime Catherine, étudiante de première année au doctorat. « [la médecine], c’est une profession où on va avoir besoin de s’organiser et de changer son horaire de vie », souligne-t-elle.

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Origines

L’AWS a vu le jour en 1981, lorsque la docteure Patricia Numann a décidé de rassembler autant de femmes chirurgiennes qu’elle pouvait en rencontrer au congrès automnal de l’American College of Surgeons, pour aller prendre le petit-déjeuner.

Les rencontres annuelles et informelles ont depuis cédé le pas à un réseau de regroupements présents dans 40 pays, mais toujours dédiés à l’entraide entre chirurgiennes.

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Un public composé de 75 étudiant·e·s a ainsi assisté aux prestations des conférencier·ère·s, et un jury de 5 chirurgiennes a procédé à leur évaluation. Deux d’entre elles, invitées d’honneur, ont également livré des discours sur les défis professionnels et personnels auxquels une femme aura à se mesurer dans son parcours de chirurgienne.

Pairs et mentors

L’organisation du congrès n’est pas la seule expérience de l’équipe de l’AWS-UdeM cette année. Elle a aussi mis en place un club de lecture d’articles scientifiques, des capsules hebdomadaires mettant en vedette des chirurgiennes, ou encore des ateliers de simulation chirurgicale.

« J’ai visualisé ce que je voulais de l’AWS en me demandant : “qu’est-ce que j’aurais aimé avoir quand j’étais en prémédecine ?”, détaille Éolie, qui termine sa cinquième et dernière année au doctorat. “Comment aurais-je pu avoir un meilleur contact avec des chirurgiennes ?” »

L’AWS-UdeM produit aussi une baladodiffusion pour vulgariser et démystifier les métiers de la chirurgie, sous la responsabilité de l’étudiante de première année au doctorat Constance Bouthillier. « La chirurgie, comme le droit, est un domaine typiquement masculin, précise celle qui a été avocate pendant près d’un an. Avoir des mentors, des femmes qui pouvaient réussir, ça a été important pour moi. »

Les deux domaines ont un autre point commun, ce qui n’a pas manqué de la surprendre en le découvrant : rencontrer les pairs et tisser un réseau de contacts professionnels est indispensable en médecine, selon elle.