Pour attirer les étudiantes, les activités de recrutement ne manquent pas, selon le porte-parole de l’ÉTS, Sébastien Langevin. « En juin de chaque année, nous tenons l’événement Fan de sciences, qui regroupe une centaine de jeunes femmes d’une douzaine de cégeps et collèges, résume-t-il. Elles viennent passer une semaine d’immersion scientifique à l’ÉTS. »
L’établissement offre également des bourses aux femmes, selon M. Langevin. « Le Fonds Barbara-Daigneault a été mis sur pied en 1991 par le Syndicat des employés de soutien et par l’Association étudiante de l’ÉTS, précise-t-il. La récompense vise à promouvoir la profession d’ingénieur auprès des femmes et à souligner l’implication des étudiantes dans leur milieu d’études. »
Des initiatives sont mises en place pour rejoindre la gente féminine, selon l’étudiante de première année en génie de la construction Émilie Cousineau. « Chaque début de semaine, un bulletin d’informations nommé Interface est émis par l’administration, soulève-t-elle. Ils vont consacrer des annonces d’activités juste pour les filles. »
Plan à venir
Du côté de Polytechnique Montréal, la directrice du service de recrutement, Sophie Larivée, se dit satisfaite de compter 28 % d’étudiantes au sein de l’établissement. « C’est sûr qu’on aimerait plus, admet-elle. Pour y arriver, on va mettre au point plusieurs initiatives, surtout au cours des prochaines années. » La directrice avance que l’établissement compte établir un plan pour faire de la promotion, de la sensibilisation et des activités d’éveil auprès des jeunes filles.
L’élaboration d’une initiative commune entre Polytechnique Montréal et l’ÉTS permet de faire découvrir le métier à celles qui pourraient être intéressées par la profession. « Nous présentons l’événement Les filles et les sciences, un duo électrisant, qui est une journée destinée exclusivement aux filles de deuxième et troisième secondaire », détaille M. Langevin.
Des programmes qui parlent aux filles
Certains programmes, comme le génie biomédical, chimique ou industriel, attirent davantage de filles, souligne Mme Larivée. « Les filles sont plus axées sur le côté social, plus humain », précise-t-elle. Néanmoins, celle-ci assure que Polytechnique Montréal ne cherche pas à mettre en place des programmes pour attirer les étudiantes. « On va plutôt chercher à faire connaître les programmes actuels et leurs intérêts. »
Sur ce point, l’étudiante au baccalauréat en génie chimique Fatouma Wafy pense que c’est plutôt l’aspect moins scientifique de ces programmes qui attirent les étudiantes. « On se dit qu’en chimie, on va avoir moins de maths, avance-t-elle. Par exemple, quand on va dans les cégeps pour donner envie aux filles d’intégrer nos programmes, on voit qu’elles font un blocage au niveau des maths. »
Un univers masculin
Concernant l’ambiance de travail, Fatouma admet qu’il y a encore des efforts à faire pour changer les mentalités. « Par exemple, quand on travaille sur un projet, les rôles vont vite se définir, lance-t-elle. Les garçons vont avoir tendance à dire : “ Tout ce qui se rapporte à la programmation et au calcul, les gars vont le faire, et les filles vont se charger de la rédaction et de la mise en page ”. » Pour elle, il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour faire évoluer les mœurs.
Émilie assure que l’ambiance à l’ÉTS est bonne. « La première fois que je suis arrivée en classe et que j’ai vu qu’on était trois filles et quarante gars, ça m’a frappé, mais pour moi, ça ne change pas grand-chose », confietelle.
Avec la création du comité Poly-L : Leadership pour elles en 2016, les étudiantes de Polytechnique Montréal ont cherché à combler un manque au sein de l’établissement, explique Fatouma. « On voulait un comité qui puisse soutenir les filles à l’école, mais surtout dans leur carrière professionnelle », détaille-t-elle. Le comité cherche également à encourager les filles à avoir plus confiance en elles sur le marché du travail. « On fait appel à des femmes avec des professions à responsabilités pour montrer aux étudiantes qu’il y a des modèles qui existent et qu’elles peuvent accomplir la même chose. », précise l’étudiante.
Un engagement social
Mme Larivée assure qu’il n’y a pas de compétition avec les autres écoles d’ingénierie. Pour elle, il s’agit plutôt d’un engagement social. Elle souhaite que Polytechnique puisse permettre aux jeunes filles de bien s’intégrer dans ce milieu, à la fin de leurs études.