Des 200 000 étudiants qui ont voté la grève ou la levée de cours, 30 000 ont participé à la manifestation nationale du 10 novembre dernier à Montréal pour protester contre la hausse de 75 % des frais de scolarité sur cinq ans décrétée par le gouvernement du Québec.
Vers 14 heures, sous les coups de sifflet, les battements de tambour et les chants partisans, les étudiants se sont rejoints au point de départ de la manifestation à la place Émilie-Gamelin. Plusieurs syndicats tels que la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) ainsi que deux partis politiques, le Parti québécois et Québec solidaire, étaient aussi sur place pour soutenir la cause étudiante.
Nullement découragés par le ciel gris et la pluie, les manifestants ont commencé à déferler dans les rues du centre-ville pour se rendre au bureau montréalais du premier ministre Charest, au croisement de l’avenue McGill et de la rue Sherbrooke.
Slogans insultants
«Venez, venez, venez, venez, venez tous avec nous ! On se câlisse du gros Charest qui se câlisse de nous ! La hausse, c’est pas une idée de génie. Oui à l’égalité des chances», scandent les manifestants en brandissant leurs pancartes.
Sur des affiches d’étudiants en sciences infirmières de l’UdeM, on peut lire «Moins d’éducation = Plus d’infections », « On veut apprendre à soigner, pas à s’endetter.»
L’UdeM participe
Martine Desjardins, présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), s’est dite très étonnée et heureuse du nombre d’étudiants qui se sont mobilisés malgré le temps peu clément.
Parmi ces étudiants, on en compte 1500 de l’UdeM, selon la secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAECUM), Stéphanie Tougas.
Les autobus nolisés par la Fédération pour aller à la place Émilie-Gamelin étaient pleins dès 13 heures. Certains ont dû se rendre en métro à la manifestation.
Malgré la grogne chez les étudiants et la mobilisation massive du 10 novembre, le gouvernement Charest maintient ses positions au sujet de la hausse des frais de scolarité.
Cela déçoit Martine Desjardins. «Selon le gouvernement, la hausse fait consensus, mais elle ne fait consensus que pour des groupes pro-hausse qui sont isolés, comme les recteurs des universités, le Conseil du patronat ou le gouvernement. Beaucoup plus de gens qui font partie de la communauté universitaire et de plusieurs autres groupes sociaux sont contre cette hausse», affirmet- elle, en ajoutant que le nombre impressionnant de manifestants doit inciter le gouvernement à revoir sa position. « Il faut qu’il recule», conclut-elle.
Quatre arrestations et du poivre de Cayenne
La police signale quatre arrestations, pour agression armée contre un policier, vol et entrave.
Le nombre d’arrestations pourrait toutefois augmenter. «Les individus qui ont lancé des balles de peinture sur les façades du bureau montréalais du premier ministre Jean Charest sont recherchés », a déclaré le relationniste du Service de police de la ville de Montréal, Daniel Richer.
Selon le McGill Daily, l’escouade anti-émeute a utilisé du poivre de Cayenne et a employé la force pour dégager un groupe d’étudiants qui ont investi les locaux d’un pavillon de l’Université McGill, tout près de la manifestation.
Aux environs de 16h05, des agents de sécurité de l’Université McGill commencent à utiliser la force pour contraindre un groupe d’étudiants de libérer le 5e étage du pavillon James, où loge l’Administration. Des manifestants envoient alors des messages textes aux gens à l’extérieur pour les avertir qu’on les évacue de force. À la suite de cet échange de messages textes, une chaîne humaine d’environ 50 étudiants se forme devant les entrées du bâtiment pour empêcher les 100 policiers d’accéder au 5e étage. Les policiers ont aussitôt maîtrisé les groupes de manifestants à l’aide, notamment, de poivre de Cayenne.