Culture

Des étudiants assistent à une projection organisée par Cinema Politica au Virage Campus MIL en août dernier. (crédit Philippe Chagnon)

Imaginer le futur

En novembre 2017, un jury composé des cinéastes Danis Goulet, Skawennati et Nalo Hopkinson a sélectionné une quinzaine de courts-métrages répondant à la consigne spéculative du futurisme documentaire. Les films ont été travaillés par leurs auteurs depuis leur sélection et seront projetés en septembre 2018.

Invention d’un nouveau genre

« Le futurisme documentaire, c’est notre premier projet de production, affirme la cofondatrice du réseau Svetla Turnin. Quand les artistes ont été sélectionnés, nous avons financé les films. » L’un des engagements de Cinema Politica est de soutenir des réalisateurs originaires des communautés qu’ils filment, afin d’éviter les pertes de contexte.

C’est le saxophoniste James Goddard qui a été choisi comme coordinateur du projet. « Aujourd’hui, les conservateurs cherchent à rétablir des systèmes de pouvoir anciens, revenir à ce qu’il y avait avant, explique Goddard. Pour contrer ça, il y avait une volonté d’imaginer le futur avec espoir. » Le promoteur culturel précise que les communautés marginalisées ont une histoire qu’on essaie parfois d’effacer, d’où l’importance pour elles d’imaginer leur place dans le futur.

Presque de la science-fiction

Pionnier du futurisme documentaire, The Wakening, de Danis Goulet, est l’un des films qui ont inspiré Cinema Politica. Dans le court-métrage, la réalisatrice crie métisse, originaire de la Saskatchewan, imagine un futur proche dans lequel la Loi sur les Indiens introduite en 1876 au Canada serait appliquée à tous les citoyens. La mise en scène, dystopique et brutale, frise la science-fiction.

Si cet effort d’allier la spéculation et l’information semble antithétique, le genre reste documentaire, selon Svetla Turnin. « L’idée, c’est de prendre le matériel du présent, les histoires, les réalités, et de réfléchir à ce qui est possible dans le futur », énumère-t-elle.

Faut-il tout réinventer ?

Le chargé de cours en histoire du cinéma Hubert Sabino-Brunette croit encore à l’expérience du cinéma qui offre la possibilité de discuter des films avec les autres. « Seul, chez soi, on choisit un peu ce qu’on veut comprendre, ajoute celui qui s’occupe de la branche Cinema Politica à l’UdeM. C’est important d’amener un discours en invitant des experts et de se confronter aux autres façons de voir le monde. » Un moyen de se rapprocher de la devise de Cinema Politica, Screening Truth to Power.

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