Hubert Reeves et l’UdeM dans les étoiles

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mercredi 31 mai 2017
Hubert Reeves et l’UdeM dans les étoiles
Hubert Reeves a également reçu un doctorat honoris causae de l'UdeM en 1983. (Photo: Wikimedia Commons | Rama)
Hubert Reeves a également reçu un doctorat honoris causae de l'UdeM en 1983. (Photo: Wikimedia Commons | Rama)
À travers le parcours de personnalités ayant marqué le milieu culturel, Quartier Libre vous propose une série de chroniques explorant près de 140 ans de vie universitaire sur le campus. En vedette, la carrière de l’astrophysicien et auteur Hubert Reeves alors qu’il étudiait à l’UdeM dans les années 1950.

« Je me souviens du moment où, de la fenêtre de ma chambre, j’ai vu pour la première fois le bâtiment jaunâtre de l’université juché sur un plateau rocheux, aussi imposant qu’impressionnant, avec sa tour rigide coiffée d’une coupole orange », raconte Hubert Reeves dans son autobiographie Je n’aurai pas le temps. Pour le jeune homme arrivé sur la Côte-des-Neiges à l’âge de 10 ans, l’UdeM n’est pas qu’une simple école, mais plutôt le but à atteindre. L’appel de la tour du pavillon Roger-Gaudry le motive à tout donner pour pouvoir un jour marcher sur le campus en tant qu’étudiant.

Pourtant, à son arrivée à l’UdeM en 1950, Reeves met du temps à se démarquer. À le lire, on comprend même que lors de son premier trimestre en physique, ses notes sont lamentables. Il croit avoir atteint son « niveau d’incompréhension » au-delà duquel il ne pourra jamais appréhender aucun nouveau concept scientifique. Heureusement pour lui, tout change après le retour des Fêtes. Dans un cours de mathématique donné par le professeur Abel Gauthier, tout débloque et devient limpide comme si, enfin, son cerveau commençait à travailler de la bonne manière.

Cette épiphanie lui fait rapidement remonter la pente en plus de lui donner assez de confiance pour continuer jusqu’à la maîtrise. Le jeune Hubert Reeves développe durant ces années une véritable passion pour la recherche scientifique qui le mène à participer à un grand nombre de projets. L’un de ceux-là consiste au lancement d’un ballon-sonde dans le ciel de Montréal afin d’étudier les rayons cosmiques. Organisée par le professeur Pierre Demers, cette expérience marque profondément le jeune homme et lui donne le goût de participer à de nouvelles découvertes.

La science accessible à tous

En plus de ses travaux purement scientifiques, Reeves est l’auteur de nombreux livres à succès nés de son désir de partager sa passion pour les mystères de l’univers. Patience dans l’azur et Poussières d’étoiles, notamment, ainsi que son autobiographie où il revient en détail sur son passage à l’UdeM, comme étudiant, mais aussi comme professeur de 1960 à 1964, ont donné à Hubert Reeves une renommée mondiale.

Lorsqu’il quitte l’UdeM en pleine Révolution tranquille, cela se fait, selon ses dires, dans une ambiance de plomb. Dans un contexte où l’identité québécoise est alors de plus en plus valorisée, Reeves refuse de se conformer à la pression qui veut que les ouvrages à l’étude soient uniquement en français. Pour lui, l’étude de l’activité humaine échappe aux frontières. Son départ de la Faculté de physique le porte à un exil à travers le monde où il développe un fort engagement pour la cause environnementale. Au cours de sa carrière, il intervient à de nombreuses reprises dans des conférences, colloques et débats et participe à plusieurs films visant à éduquer et à sensibiliser la population sur les enjeux liés à l’impact de l’activité humaine sur la nature.

Bien qu’âgé de 84 ans, Hubert Reeves continue aujourd’hui à parcourir le monde pour partager ses réflexions et ses connaissances avec le plus de gens possible. Moins présent dans la métropole québécoise depuis quelques années, Reeves demeure une figure incontournable de l’histoire du campus pour son apport en physique stellaire, ainsi que pour ses talents de vulgarisateur scientifique qui ont contribué à donner une visibilité internationale à l’UdeM. Une visibilité qui, bien que n’atteignant pas le cosmos, ne demeure pas moins en expansion.