Volume 20

HEC se met à l’éducation populaire

Après Stanford et Harvard, HEC Montréal suit la tendance d’encourager l’éducation populaire. La plateforme EDUlib, une première dans le monde francophone, offre des cours de HEC Montréal gratuits en ligne avec l’objectif de rendre l’enseignement supérieur accessible au plus grand nombre. Portrait d’une initiative qui est bien plus qu’une mode passagère.

«J’ai toujours poursuivi ma carrière, mais je n’ai jamais eu un bagage éducationnel très étoffé, lance Julien Brown, qui a un diplôme d’études collégiales en communication. Ce cours va me permettre d’aller plus loin et d’élargir mes connaissances, je le vois comme une formation continue gratuite.» Ce professionnel en marketing dans le domaine de la mode et du sport âgé de 26 ans fait partie des 1750 participants à avoir commencé, le 12 novembre, le premier cours proposé sur EDUlib, Introduction au marketing. Ces futurs étudiants viennent de plus de 60 pays. La majorité réside au Canada, et plus particulièrement à Montréal.

Ce sont en tout déjà plus de 4000 personnes qui se sont inscrites, pour le moment, aux cours offerts par HEC Montréal sur EDUlib. En plus de celui consacré au marketing, la plateforme introduira un cours intitulé Comprendre les états financiers à l’hiver et un autre sur les Problèmes et politiques économiques : les outils essentiels d’analyse, au printemps. Avec ces cours, HEC Montréal s’adresse aussi bien aux jeunes qu’aux moins jeunes, aux étudiants qu’aux professionnels .

Démocratisation du savoir

«C’est une initiative d’éducation populaire pour donner accès aux ressources universitaires à des gens qui, pour toutes sortes de raisons, ne viendraient pas à l’université, précise le professeur et directeur de l’apprentissage et de l’innovation pédagogique à HEC Montréal, Jean Talbot, initiateur du projet. Le fait de redistribuer les ressources pédagogiques et de les rendre plus accessibles fait partie des valeurs de HEC Montréal.»

Une initiative qui convient parfaitement à Julien Brown pour qui il est difficile d’avoir le temps de se rendre à l’université vu qu’il travaille à temps plein. « C’est une ouverture qui s’offre à moi et qui va m’aider à définir la direction que je souhaite prendre dans ma future carrière.»

Afin d’assurer une transmission des connaissances plus conviviale et plus technologiquement appropriée, le contenu du cours est divisé en quatre à cinq capsules qui ne durent pas plus de 15 minutes chacune. Un format qui facilite l’attention portée au cours et l’assimilation des connaissances, selon l’une des deux professeures donnant le cours de marketing, Yannik St-James. C’est selon elle une occasion de sortir des murs de l’université. «Il y a des gens que l’on ne rejoint pas pour le moment. On veut aller chercher ceux qui ne sont pas forcément associés à l’université en tant qu’étudiant ou partenaire.»  

Mieux répondre aux attentes des étudiants

Le développement d’une plateforme comme EDUlib ne signifie pas que l’enseignement traditionnel est voué à disparaître, selon Mme St-James, qui pense que les deux approches sont complémentaires. « En tant que professeurs, nous avons là une double opportunité, celle de rejoindre de nouvelles personnes et celle d’apprivoiser une nouvelle technologie qui va devenir rapidement incontournable», souligne la professeure en marketing à HEC Montréal.  

Pour l’architecte logiciel à la Maison des technologies de formation et d’ apprentissage (MATI-HEC, Polytechnique-UdeM), Claude Coulombe, le modèle traditionnel des étudiants qui se consacrent à temps plein à leurs études est révolu. «Les personnes ont des emplois en parallèle pour des raisons économiques, explique-t-il. Ils ont moins le temps d’être disponibles pour se rendre en cours, et il n’est plus, de toute façon, nécessaire d’y aller grâce à internet.»

Quant aux méthodes d’enseignement, M. Coulombe considère que la formule des cours donnés dans des amphithéâtres est complètement dépassée. «Les élèves sont présents physiquement, mais leur attention est ailleurs, ajoute-t-il. La technologie nous permet désormais d’y palier et d’avoir accès au contenu au moment qui convient à l’étudiant.»  

 

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EDUlib, une plateforme maison

L’approche déployée par EDUlib est, à première vue, assez identique à celle des Cours en ligne ouverts et massifs, aussi appelés MOOC en anglais, proposés par exemple sur la plateforme Coursera, créée par des professeurs de l’université américaine Stanford. Cependant, EDUlib est différente dans le sens où elle ouvre quelques cours au public sur une plateforme déjà existante et entièrement gérée par HEC Montréal, alors que les universités qui offrent leurs cours sur Coursera n’ont pas la maîtrise de la plateforme .

Mais, surtout, EDUlib ne serait pas aussi robuste que Coursera ou Udacity, capables de traiter une quantité massive de données. «EDUlib ne pourra pas rejoindre des populations équivalant à celles des cours offerts par Coursera, qui sont suivis par des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers d’étudiants», explique M. Coulombe. Il approuve le choix de HEC Montréal de ne pas rejoindre les plateformes de cours en ligne ouverts et massifs déjà existantes. « C’est judicieux de commencer avec EDUlib» juge-t-il .

«Le processus pour joindre Coursera est relativement long et nous voulions mettre quelque chose en ligne le plus rapidement possible, explique M. Talbot. De plus, Coursera est évidemment orienté sur le monde anglophone et nous voulions plutôt mettre l’accent sur la francophonie». HEC Montréal n’a pas, pour autant, totalement écarté la possibilité de se joindre à Coursera ou même éventuellement de créer un Coursera francophone avec d’autres partenaires .

 

 

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