Volume 26

Crédit photo : Photomontage Zacharie Routhier

Habiter chez grand-maman

«Ça m’a permis de voir la vieillesse d’un autre œil », affirme l’étudiante au certificat en psychologie à l’UQTR Maude Gagné, qui vit à la résidence Les Marronniers (voir encadré) depuis septembre 2018. La Magogoise, qui a migré vers le fleuve dans le cadre de ses études, a trouvé plusieurs avantages à habiter dans cette résidence pour personnes âgées. Elle est notamment logée gratuitement en échange de dix heures de bénévolat par semaine, ce qui lui permet de ne travailler que l’été.

« C’est vraiment gratifiant, affirme l’étudiante en psychoéducation Joliane Plante, qui se remémore avec émotion le bingo qu’elle a organisé pour les résidents des Marronniers. J’ai eu droit à une ovation debout à la fin de l’activité, et je suis venue les yeux pleins d’eau », confie-t-elle. L’étudiante, qui habite en résidence intergénérationnelle depuis février 2018, dit ne pas regretter son choix.

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  Pratiquer la relation d’être

  Pour Maude, qui souhaiterait travailler avec les aînés, le projet permet de vivre une expérience que des stages ne pourraient pas offrir. « Les       personnes âgées ont beaucoup à nous apprendre », affirme celle qui a préféré ce type de logement à un appartement, dans le but de côtoyer des personnes du troisième âge. « On a quotidiennement le sentiment d’être utile pour quelqu’un et d’ajouter un peu plus de joie à sa journée », confie l’étudiante en psychologie.

« La relation d’être, c’est quelque chose qui m’a toujours attirée », explique Joliane. Résider aux Marronniers lui a permis de mettre en pratique les apprentissages faits dans le cadre de ses études. « Ce que j’apprends à l’école, je peux l’appliquer directement », soutient-elle, avant de raconter avoir eu la piqûre en travaillant dans une tabagie, où la clientèle était majoritairement composée de personnes âgées.

  Lier les deux solitudes

  L’idée de mettre en place du logement intergénérationnel intéresse l’organisme à but non lucratif Unité de travail pour l’implantation de  logement   étudiant (UTILE). Dans son plus récent rapport, celui-ci parle d’une épidémie de solitude, qui frapperait autant les jeunes que les personnes âgées au Québec. « Un ai?ne? sur cinq n’avait aucun ami proche en 2016, tandis que pre?s de sept e?tudiants canadiens sur dix disent avoir souffert de solitude au cours de l’anne?e 2016 », peut-on y lire.

Pour le coordonnateur général de l’organisme, Laurent Lévesque, l’exemple des Marronniers est intéressant, mais a ses limites, comme celle de ne loger qu’un ou deux étudiants à la fois. Le modèle de logement en résidence privée dépend également de la volonté de ladite résidence d’investir dans le bien-être des pensionnaires par le biais de l’intégration d’étudiants. « Nous avons travaillé à développer un modèle plus structurant et réciproque, qui répondrait aux besoins des deux populations, avance M. Lévesque. C’est pourquoi l’approche que nous proposons vise à loger des groupes de taille égale du côté étudiant et du côté aîné. »

Afin de tâter le terrain, l’UTILE a lancé, en partenariat avec la Société d’habitation du Québec (voir encadré), une enquête auprès de 184 membres de la communauté étudiante de l’UdeM et de 226 aînés, qui a confirmé un certain intérêt pour ce genre d’habitation. Parmi les personnes sondées, 62 % des étudiants et 58 % des personnes âgées se sont montrés favorables à l’idée.

Ce type de logement pourrait remédier aux problèmes que rencontrent certains étudiants pour trouver un logement abordable, selon l’organisme. Les données de son sondage PHARE, une enquête nationale sur la condition résidentielle étudiante à laquelle avaient répondu 17 739 étudiants en 2017, révèlent que les personnes aux études paient 46 % de plus que le prix médian sur le marché? locatif montréalais pour un 1 1?2 ou un studio. Pour un 3 1?2, l’écart baisse à 30 %, mais remonte à 44 % pour les grands logements.

 

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