Culture

South by Southwest est parmi les plus grands festivals de musique au monde. (Crédit photo: Olivier Boisvert-Magnen)

Guide pratique du festivalier

Le rendez-vous musical printanier le plus important au monde vient de se terminer à Austin, au Texas. Du 12 au 17 mars derniers, South by Southwest (SXSW) proposait plus de 200 spectacles par jour dans tous les lieux possibles d’une ville moins populeuse que Montréal. Quartier Libre vous propose un guide pratique en quatre étapes pour survivre à la saison des festivals montréalais qui s’en vient.  

 

Rester à l’affût des médias sociaux

Musique et nouvelles technologies font la paire à SXSW. Pour assister à beaucoup de spectacles ou de partys, il ne suffit pas d’avoir une passe ou un billet : il faut également s’inscrire sur une liste au préalable. Pour avoir accès à ces listes, il faut s’abonner à différents comptes Twitter et Facebook.

Dès le début du festival, une rumeur courait à propos d’un éventuel spectacle-surprise de Justin Timberlake devant 600 personnes. Finalement, lors de l’avant-dernière journée, le tout a été confirmé dans les médias sociaux. Les gens qui ont vu l’information à temps durant l’après-midi ont pu s’inscrire à une sorte de loterie après s’être créé un compte MySpace, un coup de marketing puisque JT vient d’en devenir l’actionnaire principal. Les autres fans, même ceux qui détenaient une passe, ont attendu de longues heures devant la salle, en vain.

Cette pratique est de plus en plus prisée par les programmateurs de festivals montréalais. Chaque année, les Francofolies de Montréal et le Festival international de jazz de Montréal proposent des spectacles-surprises annoncés sur les médias sociaux, quelques heures avant l’événement. Il y a deux ans, aux Francofolies, le groupe Malajube s’est produit dans la salle très intime de L’Astral. Il vaut donc mieux rester près des zones wi-fi durant les festivals cet été.

 

Avoir un horaire flexible et espacé

Il est facile de se perdre dans une programmation aussi intense et flamboyante que celle de SXSW. Le réflexe premier du festivalier est de vouloir tout voir en se dotant d’un horaire strict, réglé à la minute près, qui mise sur des déplacements rapides. En fin de compte, le festivalier se trouve plus souvent sur la route que dans une salle et est stressé plutôt que prompt à s’imprégner de l’ambiance du spectacle auquel il assiste.

Il est plus intelligent d’élaborer un horaire léger. L’an dernier, à Osheaga, trop de festivaliers ont opté pour de nombreux déplacements entre les scènes éloignées du parc Jean-Drapeau. Une congestion dépassant les trente minutes a fait rater plusieurs spectacles aux mélomanes. Même le festivalier expérimenté n’est pas à l’abri de ce genre d’erreur. De mon côté, à SXSW, je m’étais planifié deux spectacles en une heure lors du dernier soir, qui était très achalandé. Finalement, je n’ai attrapé que 10 minutes de celui du rockeur montréalais Mac Demarco et à peine 30 secondes de celui du rappeur Le1f.

Lors des festivals aussi courus, il est préférable de ne pas mettre plus de quatre ou cinq artistes par jour à son horaire pour ainsi avoir le temps de profiter de sa journée.

 

Privilégier la nouveauté

Devant une programmation généreuse comme celle de SXSW, on ne sait plus trop où donner de la tête. Beaucoup de festivaliers décident d’assister aux spectacles d’artistes qu’ils connaissent déjà, qui s’avèrent des valeurs sûres dans un horaire aussi large et éclaté. Questionnez-vous tout d’abord quant à votre appréciation véritable de ces artistes. Beaucoup d’entre eux ont fait leur renommée avec seulement une ou deux chansons, comme le duo hip-hop Macklemore et Ryan Lewis, qui se produiront à Osheaga en août prochain.

Il est plus intéressant d’essayer quelque chose de nouveau en privilégiant les petites scènes ou salles de spectacles. En gardant cette idée en tête à Austin, j’ai découvert une nouvelle tendance dans le milieu du rap : le queer hip-hop. Ce style musical, qui met en scène la communauté LBGT de New York, mélange sonorités électroniques, énergie scénique, affirmation sexuelle et code vestimentaire coloré.

Ce genre d’avant-garde est à la portée de tous dans des événements d’envergure internationaux comme le Festival international de jazz de Montréal (FIJM) et Osheaga. Il suffit d’aller voir les spectacles d’artistes peu connus pour découvrir les futures têtes d’affiche des festivals, dans cinq ou dix ans.

 

Prendre les artistes locaux en considération

Pour attirer les spectateurs de partout dans le monde, SXSW propose un panorama de musique internationale. Depuis maintenant trois ans, le festival offre une vitrine sans pareille aux artistes québécois par l’entremise de Planète Québec. Tout au long du festival, il était possible d’entendre les artistes émergents de chez nous dans un bar texan. À Osheaga et au FIJM, on mise également sur une programmation locale très soutenue, notamment en après-midi, pour ne pas interférer avec les têtes d’affiche de la soirée.

 

Pour certains, il peut sembler paradoxal et inutile de se rendre dans un festival d’envergure internationale pour voir des artistes québécois que l’on peut voir tout au long de l’année près de chez soi. L’expérience est pourtant mémorable puisque ces artistes émergents, heureux de sortir de leurs petites salles habituelles, en offrent toujours beaucoup plus à leur public.

 

C’est le cas du rappeur Koriass, qui a livré une performance mémorable lors de la dernière soirée de SXSW, cette année, sur un toit en plein cœur de la ville d’Austin. Il a ainsi fait connaître sa musique à une centaine d’Américains. Prêtez donc oreille à la scène locale lors des festivals montréalais cette année. Vous risquez d’en être agréablement surpris.

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