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Grossesse non planifiée : quelles ressources ?

Une grossesse non planifiée peut soulever des inquiétudes et des interrogations. Bien que l’interruption de grossesse soit encore un sujet sensible, elle constitue un droit fondamental au Canada. Si la clinique de l’UdeM ne propose pas ce type d’intervention, de nombreuses ressources publiques ou privées à Montréal permettent d’y accéder. Entre spécificités pour les membres de la communauté internationale de l’UdeM, orientation vers des ressources adaptées et enjeux financiers, Quartier Libre s’est penché sur des solutions pouvant outiller et informer les personnes qui font face à cette situation.

Une grossesse non planifiée peut générer beaucoup de stress et d’inquiétudes. Dans ce contexte, l’infirmière au Centre de santé et de consultation psychologique de l’UdeM Stéphanie Dugay-Martin rappelle que « trois options sont possibles : poursuivre la grossesse, choisir l’avortement ou envisager l’adoption », et insiste sur le fait qu’« ultimement, la décision appartient à la personne enceinte ». Ni un·e médecin ni un·e conjoint·e ne peut donc influencer ce choix. Au Québec, aucun consentement parental n’est requis dès l’âge de 14 ans pour avoir recours à un avortement. En outre, le corps médical est tenu de respecter le secret professionnel. 

De plus, le gouvernement provincial n’a fixé aucun délai maximal pour l’interruption de grossesse. La majorité des avortements sont toutefois pratiqués avant 12 semaines, selon le site Internet du gouvernement fédéral. En effet, l’accès à l’avortement est très restreint dans le cas d’une grossesse tardive, au-delà de 23 semaines de gestation, notamment parce que des enjeux éthiques peuvent inciter un·e praticien·ne à refuser la procédure. Les cas d’interruption de grossesse tardifs restent rares et sont souvent liés à de graves complications médicales.   

Statistiques

Selon l’Institut canadien de l’information sur la santé (ICIS), 97 211 personnes âgées de 15 à 44 ans ont eu recours à un avortement en 2022 au Canada. 

Selon une enquête de l’entreprise Léger menée en 2024, huit Canadien·ne·s sur dix, dont neuf Québécois·es sur dix, soutiennent le droit à l’avortement.

« Il existe deux types d’avortement : médicamenteux et chirurgical », explique Mme Dugay-Martin. Ce choix dépend du stade de la grossesse, mais aussi « de la personne et de sa condition de santé ». L’avortement médicamenteux est accessible jusqu’à 9 semaines de grossesse, sur prescription d’un·e médecin ou d’un·e infirmier·ère spécialisé·e obtenue dans un hôpital, un centre local de service communautaire (CLSC) ou une clinique spécialisée. Ce traitement, aussi connu sous le nom de pilule abortive, est proposé au Canada depuis juillet 2015 et combine deux médicaments.

L’avortement chirurgical, lui, peut se dérouler à tout moment de la grossesse, bien que les risques varient selon la progression de celle-ci et l’état de santé de la personne. Il reste une intervention mineure et sans danger. 

Accès différents selon le profil 

La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) prend entièrement en charge les frais d’interruption de grossesse. L’assurance collective obligatoire qu’offre Desjardins aux membres de la communauté internationale de l’UdeM les couvre également, mais les personnes qui souhaitent subir un avortement doivent les avancer, et ils leur seront remboursés. Quant aux personnes qui viennent d’autres provinces canadiennes, elles bénéficient d’ententes interprovinciales, mais les cliniques peuvent aussi leur demander d’avancer les frais. 

Établissements qui proposent l’avortement à Montréal 

Centre de santé des femmes de Montréal : 514 270-6110
Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) : 514 890-8000
Clinique de l’Alternative : 514 281-9848
Clinique Morgentaler : 514 844-4844

Le prix de la procédure varie selon la clinique, le stade de la grossesse et les conditions médicales. Par exemple, au Centre de santé des femmes de Montréal, un avortement chirurgical entre 6 et 13 semaines plus 6 jours de grossesse coûte 780 dollars. Au-delà de 14 semaines, les frais s’élèvent à 980 dollars. Dans le cas d’un avortement médicamenteux, la facture peut monter jusqu’à 1 400 $, notamment en raison de la procédure, qui implique plusieurs consultations médicales dont une échographie. Mme Dugay-Martin recommande ce centre communautaire, pour son « approche très respectueuse et féministe ».

La clinique de l’UdeM : une porte d’entrée

Le Centre de santé et de consultation psychologique de l’UdeM, une ressource clé pour la santé et le bien-être de la communauté étudiante, propose des services de consultation offerts par des médecins, des psychologues, des infirmier·ère·s, des nutritionnistes et des physiothérapeutes. Bien que l’interruption de grossesse ne soit pas pratiquée sur place, le Centre apporte du soutien et oriente les personnes qui le souhaitent vers des ressources adaptées. Mme Dugay-Martin confirme qu’y faire un test de grossesse urinaire gratuitement auprès d’un·e infirmier·ère est possible. « C’est une approche très personnalisée et très individualisée, parce que tout le monde est différent, tout le monde a des valeurs différentes », souligne-t-elle.

Ressources fiables

Clinique de l’UdeM : 514 343-6452

SOS Grossesse (toute la province) : 877 662-9666. Outils d’aide à la prise de décision. 

Grossesse secours (Montréal) : 514 272-0554. Pour de l’écoute, du soutien, de l’information et des références. Clavardage également possible.

Clinique de gynécologie et d’obstétrique du CHUM : 514 890-8355

Liste complète des ressources en avortement au Québec : https://sante.gouv.qc.ca/repertoire-ressources/avortement/

Comité féministe de l’AESPIUM : sur Instagram @comite.feministe.aespeium ou par courriel à l’adresse comite.feministe.aespeium@gmail.com

Les infirmier·ère·s peuvent aussi aider à organiser les rendez-vous nécessaires dans des cliniques spécialisées. « Si la personne le souhaite, on va lui proposer de faire les démarches avec elle pour trouver un rendez-vous dans une clinique correspondant à ses besoins, précise Mme Dugay-Martin. Les personnes sont souvent prises par surprise et peuvent vivre de la détresse. » En cas de crise ou d’urgence, des travailleur·euse·s sociaux·ales de garde peuvent également offrir un soutien.

L’Université compte d’autres ressources prêtes à venir en aide aux personnes dans cette situation. Le comité féministe de l’Association étudiante de science politique et études internationales de l’Université de Montréal (AESPEIUM), par exemple, vise à sensibiliser la communauté universitaire aux enjeux féministes et à « offrir un espace plus sécuritaire pour les personnes qui en ont besoin », selon sa représentante Bianca Lara-Maletto. « Nous avons accompagné des victimes de violences à caractère sexuel pour les aider à aller mieux et éventuellement monter un dossier pour porter plainte », explique-t-elle. Selon la deuxième représentante du comité Dareesha Ramdoo, accompagner une personne qui fait face à une grossesse non planifiée et qui a besoin de soutien « s’aligne parfaitement avec la mission du comité », bien que ce cas de figure ne soit encore jamais arrivé.

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