Dans la nuit du 24 au 25 octobre dernier, le gouvernement du Québec a adopté la loi spéciale 2, qui vise à réformer les modes de rémunération des médecins. Les protestations se multiplient.
« Nous demandons le retrait de ce projet de loi », somme le docteur Nacim Kerouch, médecin de famille à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, dans une pétition qu’il a lancée en ligne. Au moment de la rédaction du présent article, celle-ci cumule plus de 25 000 signatures.
Cette pétition survient à la suite de l’adoption sous bâillon par le gouvernement Legault de la loi spéciale 2, qui reprend les principes généraux du précédent projet de loi 106, initialement déposé en mai dernier.
La nouvelle législation prévoit notamment de lier 15 % de la rémunération des médecins à des indicateurs de performance. Ainsi, plutôt que d’être payé·e·s pour chaque service rendu, les médecins recevront désormais une somme globale selon le nombre de patient·e·s sur leur liste.
De plus, la loi spéciale envisage l’instauration d’amendes afin d’éviter un exode des médecins vers l’extérieur du Québec. Elle établit également l’obligation pour ces dernier·ère·s de dénoncer toute action concertée en la matière.
Colère ambiante
L’adoption sous bâillon de la loi spéciale 2 est le dernier développement après des négociations entamées cet été entre le gouvernement Legault et les fédérations de médecins, notamment la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ). En guise de moyen de pression, celle-ci a suspendu l’enseignement universitaire et les stages cliniques depuis la rentrée d’automne.
En signe de solidarité dans la lutte contre la loi 2, l’Association des étudiantes et étudiants en médecine de l’Université de Montréal (AÉÉMUM) a invité ces dernier·ère·s à épingler un carré bleu sur leurs vêtements, une référence aux carrés rouges des manifestations étudiantes de 2012.
Dans une vidéo publiée le 21 octobre sur le compte Instagram de l’AÉÉMUM, les étudiant·e·s en médecine expriment leur frustration face aux modifications de leur cursus. « Les cours magistraux qu’on suit sont préenregistrés [et datent] des années précédentes », témoigne un étudiant interrogé sur la capsule. « On ne sait pas si on va être disponible le 1er juillet pour servir la population en tant que résident », renchérit un autre.
Le Devoir rapporte que la Conférence des doyennes et doyens des facultés de médecine du Québec (CDFM), qui inclut l’UdeM, indique que la moitié des finissant·e·s en médecine allait voir l’obtention de son diplôme repoussée. Ce retard risque de compliquer le parcours professionnel de la nouvelle cohorte de médecins québécois·es. Les conséquences de ces délais pourraient se ressentir à partir du 1er juillet 2026.
Sur le campus de Saguenay, l’Association générale étudiante de médecine de l’Université de Sherbrooke (AGÉMUS) mène un référendum quant au déclenchement d’une grève étudiante. Le vote prendra fin le jeudi 30 octobre.