Alors que la rencontre des partenaires en éducation avait cours à l’intérieur, des milliers de manifestants se sont réunis à l’extérieur pour protester contre la voie que le gouvernement Charest semble déterminé à emprunter. Les trois grands regroupements étudiants nationaux – la FECQ et la FEUQ d’un côté, et l’ASSÉ de l’autre – avaient organisé une manifestation pour l’occasion.
Près de 60 000 étudiants étaient en grève pour l’occasion, dont la plupart étaient de l’UdM et de l’UQAM. De ce nombre, plusieurs milliers se sont déplacés à Québec pour manifester leur mécontentement au gouvernement. Selon l’ASSÉ, ils étaient 2500. Des membres de la Table de concertation étudiante du Québec (TaCEQ) se sont également joints au mouvement, dont plus d’une centaine d’étudiants de McGill et de Concordia. « C’est une aberration de demander aux étudiants qui paient déjà beaucoup de contribuer plus! », s’est insurgée Hélène Saulnier, étudiante en éducation physique à l’Université de Montréal.
La marche de l’ASSÉ a commencé devant l’Assemblée nationale avant de serpenter dans les rues de Québec pour rejoindre le contingent de la FEUQ et de la FECQ posté devant l’Hôtel Hilton où avait lieu la rencontre. Quelques centaines de manifestants ont réussi à pénétrer dans une partie du bâtiment, mais ils ont vite été repoussés à l’extérieur par les policiers de l’escouade antiémeute. Aucun bris et une seule arrestation n’ont été rapporté.
« Hors de question de négocier notre appauvrissement ! »
Alors que les représentants de la FEUQ et de la FECQ se sont assis à la table de discussion, ceux de l’ASSÉ ont décidé de décliner l’invitation du ministère de l’Éducation. « Cette rencontre là a un objectif très clair : donner un vernis de légitimité politique à une décision qui est déjà prise, explique le porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois. En y allant on n’aurait que donné une légitimité au gouvernement libéral pour son augmentation des frais de scolarité ».
C’est d’ailleurs pour cette raison que Stéphanie Mayer, étudiante à la maîtrise en sciences politiques à l’UQAM est venue à Québec en pleine fin de session. « Je suis dans la rue aujourd’hui parce que l’accessibilité à l’éducation, c’est une valeur fondamentale pour moi. Il faut voir l’éducation comme un bien commun et c’est cette perspective que je suis venu défendre. » Hubert Gendron-Blais, lui aussi étudiant à la maîtrise en sciences politiques à l’UQAM, est déçu : « Cette consultation est une mascarade, un simulacre de démocratie. La vraie démocratie elle se fait dans la rue. »
Gabriel Nadeau-Dubois affirme ne pas être surpris par l’issue de la rencontre, qui s’est soldée par une impasse. Pas question toutefois pour le mouvement étudiant de plier l’échine face à la fermeté du gouvernement. « Notre manifestation d’aujourd’hui, c’est d’abord et avant tout un avertissement. On commence notre escalade des moyens de pression pour faire reculer le gouvernement sur sa hausse des frais », a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois.
Les étudiants prévoient intensifier leurs actions dans les semaines à venir : « On va lutter tant qu’il le faut pour préserver des universités accessibles au Québec », prévient le porte-parole.