Société-Monde

Gouvernance équilibrée 

Sur les 24 membres que compte le Conseil de l’Université, l’instance suprême de l’UdeM, seulement le tiers est issu de la communauté universitaire, les deux tiers restants étant des administrateurs externes. « Avec les compressions annoncées, le Conseil de l’Université devra prendre des décisions difficiles et notre rôle est de nous assurer que ces dernières ne nuisent pas aux étudiants, indique la coordonnatrice aux affaires universitaires de la FAÉCUM, Joanie Martineau. Mais le nombre d’administrateurs externes peut être problématique, surtout lorsqu’il est question de l’autonomie universitaire. »

Un principe de bonne gouvernance

Au sein du Conseil, qui s’occupe du budget et exerce tous les droits et pouvoirs de l’institution, trois étudiants siègent, dont un nommé par le lieutenant-gouverneur sur recommandation directe du ministre de l’Éducation. « Il pourrait y avoir plus ou moins d’étudiants nommés par le ministre puisqu’il a la possibilité de nommer huit membres, rapporte le secrétaire général adjoint du Secrétariat général de l’UdeM, Simon Carrier. Mais c’est un principe de bonne gouvernance que d’avoir une majorité de membres externes qui siègent au Conseil. »

Selon la professeure à l’École nationale d’administration publique et chercheuse au Centre de recherche sur la gouvernance, Marie-Soleil Tremblay, l’indépendance des membres est essentielle. « Cela permet de s’assurer que toute décision est prise pour le bien de l’organisation, et non pour le bien de certains membres qui voudraient faire passer leurs intérêts personnels d’abord », évoque-t-elle. D’ailleurs, dans le domaine privé, tous les conseils d’administration sont aussi constitués d’une majorité de membres indépendants, depuis les années 2000.

Indépendance et neutralité… a priori

La FAÉCUM, de son côté, affirme que l’autonomie universitaire et l’indépendance financière de l’UdeM sont des valeurs fondamentales à prendre en compte dans cette équation. « Certains de nos membres craignent que les deux tiers des administrateurs qui sont externes puissent amener une prépondérance des intérêts du secteur des entreprises privées qui s’éloignent de la mission de l’Université », rapporte Joanie Martineau.

Sur cette question, Marie-Soleil Tremblay demeure catégorique : un membre peut être externe sans pour autant être indépendant. « En théorie, on pourrait penser que ce serait plus difficile pour la direction de se voter de grosses augmentations de salaire si elle n’a pas la majorité du conseil, mais, outre l’indépendance de fait, il faut aussi une indépendance d’esprit pour que tous les membres aient la latitude nécessaire pour s’exprimer librement et dépasser leurs intérêts personnels et corporatistes », assure-t-elle.

À ce chapitre, néanmoins, l’UdeM s’est dotée d’un code d’éthique et de déontologie destiné aux membres du Conseil de l’Université qui a été mis à jour en 2008.

L’AÉESG veut plus de voix

Fin octobre 2014, l’Association des étudiants de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM (AÉESG) a demandé la création d’un siège étudiant supplémentaire pour ajouter aux quatre qu’elle possède actuellement sur 24, au sein des comités de régie, et de coordination des études et de la recherche. La demande a été rejetée par les membres du conseil académique après vote. « Le comité de régie a des pouvoirs qui nous touchent aussi, car il gère le budget de la faculté, estime le président de l’association étudiante de l’école des sciences de la gestion (AÉESG), Gabriel Boileau. Notre but, ce n’est pas de dire où doit aller l’argent, mais d’avoir une gestion plus ouverte, qui représente la communauté de l’ESG. » Sur les sept facultés de l’UQAM, seulement quatre ont quatre représentants étudiants sur leur conseil académique, les autres en ont moins, voire aucun. En comparaison, à l’UdeM, la FAÉCUM permet à des étudiants de siéger sur une centaine de comités chaque année.

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