Genèse d’une discipline

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Par Dusan Damnajovic
lundi 2 février 2015
Genèse d’une discipline
Le Redbull Crashed Ice ne revient pas à Québec pourla première fois en dix ans, mais la multinationale mise surle recrutement dans les campus pour populariser son nouveau sport de patins.
Le Redbull Crashed Ice ne revient pas à Québec pourla première fois en dix ans, mais la multinationale mise surle recrutement dans les campus pour populariser son nouveau sport de patins.
Le marketing sportif de la compagnie de boissons energisantes Red Bull organise deux tournois de hockey avec des règlements modifiés le 5 février prochain à l’Université McGill et le 11 février prochain à l’Université du Québec à Trois-Rivières. La multinationale est reconnue pour populariser ses disciplines uniques, mais les universitaires sauraient-ils en faire autant ?

Parfois, un sport peut naître et survivre à partir de la base , indique le chef du Département de sciences économiques de l’UdeM et spécialiste des questions d’économie du sport Michel Poitevin . Les grandes compagnies ne vont s’y intéresser que lorsqu’il y aura suffisamment d’adeptes pour que ce soit rentable d’y investir. Elles suivent plutôt que d’agir en pionnier. Elles aideront à faire connaître le sport ou à l’étendre, mais une fois que celui-ci connaît déjà un certain succès. »

La secrétaire-trésorière de l’équipe de quidditch de l’UdeM et étudiante en littérature et langue française, Camille Théocharidès-Auger, explique comment son sport est passé du monde des sorciers à celui d’un campus du Vermont. « Le quidditch “moldu”est né à l’Université de Middleburry en 2005, explique-t-elle. Quelques amis se sont réunis pour s’amuser et ont tellement apprécié leur version “moldue” qu’ils ont décidé de répandre ce nouveau sport. »

Même si moins d’étudiants participent au Quidditch que lors du lancement du club de l’UdeM en 2012, l’équipe compte encore suffisamment de membres pour s’entraîner régulièrement. « Un sport naît de la culture populaire s’il y a suffisamment d’adeptes pour le pratiquer,explique Michel Poitevin. Au début, il est marginal et gagnera en popularité s’il y a un engouement. Les pionniers élaborent des règles qui se raffineront avec la pratique. »

C’est avant tout la popularisation et le financement du quidditch qui permettra à ce sport de vivre sur le long terme . « Il faut pour cela que le quidditch soit plus connu et plus financé ! affirme Camille Théocharidès-Auger. Bien qu’il soit bien implanté dans le milieu universitaire américain et de plus en plus au Canada, trop peu de gens connaissent ce sport, ce qui rend difficile la crédibilité et le financement des équipes. »

Le quidditch gagne en popularité chaque année. La communauté compte 400 équipes dans le monde et des milliers de joueurs, alors que ce sport n’a que 10 ans. C’est le seul sport mixte avec contact qui demande une excellente condition sportive. « Il faut avoir un excellent cardio, car le jeu ne s’arrête pas tant que le vif d’or n’a pas été attrapé, explique Camille Théocharidès-Auger. Ce qui entraîne des aller-retours incessants de la part des joueurs sur le terrain. »

Après la création se pose la question de la pérennité du sport. Michel Poitevin explique ce qui permet, selon lui, à un nouveau sport de survivre sur le long terme. « Il faut qu’il interpelle la masse, afin qu’il sorte de la marginalité, ou du moins une masse critique d’adeptes, décrit-il. Il est important que les pionniers du sport déploient des efforts pour attirer de nouveaux adeptes, leur montrent les règles. Sinon le sport mourra avec la retraite des pionniers. »

La différenciation

Pour le promoteur de Red Bull et étudiant en design Michael Mauron, ce choix de modifier les règles dans le but de relancer un sport a un but précis. « Cela permet de laisser aller sa créativité et de sortir des standards : c’est une idée fantastique qui fonctionne très bien », explique ce dernier.

Camille Théocharidès-Auger expose ce qui fait du quidditch un sport différent des autres. « Son côté sérieux-mais-pas-trop différencie le quidditch des autres sports, nous explique Camille Théocharidès-Auger . C’est un sport très exigeant, mais plus bon enfant puisqu’il n’y a pas encore de grosse compétition ou de grand camp de recrutement universitaire, comme pour certains sports de grandes élites. Le balai, bien sûr, est notre plus grande distinction. »

Le premier entraînement de quidditch de la saison a eu lieu le 7 janvier dernier.