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François Gauthier-Drapeau : udemien et olympien

Fort d’une septième place dans sa catégorie au judo lors des Jeux olympiques de Paris, François Gauthier-Drapeau est de retour au Québec. Quelques mois avant de décoller pour la capitale française, il a obtenu un baccalauréat en génie physique de Polytechnique Montréal. Le sympathique Almatois a accepté de rencontrer Quartier Libre pour revenir sur sa première expérience olympique et sur la vie d’étudiant-athlète.

Après avoir profité de quelques semaines pour se détendre dans sa région natale, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, le judoka François Gauthier-Drapeau est finalement de retour à Montréal. Il a accepté de rencontrer Quartier Libre dans un dojo à proximité de l’UdeM, tout juste avant une session d’entraînement.

Désormais serein, l’ancien étudiant de Polytechnique ne s’était pas présenté aux Jeux olympiques (JO) pour y être un simple figurant. Lauréat d’une médaille d’or aux Championnats panaméricains de 2023, il
pensait pouvoir obtenir une médaille à Paris. Il a finalement dû se contenter de la septième place dans la catégorie des moins de 81 kg.

« C’est un peu crève-cœur de ne pas avoir de médaille, avoue François. Mais sinon, je suis super content de la performance. »

Pour ce qui est de la partie des jeux passée à l’extérieur du tatami, son constat est clair. « Moi, je donne la note de 10 sur 10, déclare le judoka. Vivre dans le village olympique donne l’impression de retourner dans une cour d’école au primaire ou au secondaire. »

François Gauthier-Drapeau s’est classé 7e dans la catégorie des moins de 81 kg pour ses premiers JO. / crédit photo Clément Souchet

D’Alma à Paris

Certains stéréotypes auraient pu laisser deviner une carrière au hockey pour ce jeune homme originaire du nord du Québec. L’athlète olympique assure savoir patiner, mais une décision en apparence anodine de son père, lors d’une visite dans un centre sportif, a changé son destin à jamais.

« Mon frère et moi, on se chamaillait tout le temps ensemble quand on était petits, révèle François, le sourire aux lèvres. Quand mon père a vu le kiosque du judo parmi les autres au centre sportif, il s’est dit que c’était parfait pour nous. »

Il n’est toutefois pas le seul athlète originaire de sa région à avoir choisi le judo. En effet, les athlètes du Saguenay–Lac-Saint-Jean font toujours bonne figure lors des compétitions provinciales ou nationales. François explique le phénomène par le fait, entre autres, que certains judokas de haut niveau sont devenus entraîneurs dans la région.

Lorsqu’il apprenait à faire ses premiers ippons1, un ancien membre de l’équipe nationale, Daniel Guillaume-Simard, est revenu à Alma pour diriger le club de judo local. Celui-ci est même allé jusqu’à créer un programme sports-études dans une école de la région pour permettre aux jeunes athlètes de mieux se perfectionner. François a ainsi pu dévouer de nombreuses heures à son sport lorsqu’il fréquentait l’école secondaire.

Le sportif récemment diplômé indique avoir déménagé à Montréal dès le cégep pour se rapprocher du Centre national d’entraînement de Judo Canada, situé au Stade olympique. Il a d’ailleurs fréquenté le Collège Maisonneuve, situé à un jet de pierre du Stade et du centre d’entraînement.

Une fois ses études collégiales en sciences de la nature achevées, François n’a pas eu de difficultés à choisir son programme d’études universitaires. « J’ai tout le temps été bon en sciences, et la physique, c’était l’une de mes meilleures matières, précise-t-il. J’ai choisi le génie physique sans trop me poser de
questions. »

Arrêter son choix sur un établissement universitaire s’est avéré une tâche plus ardue. « Au début, je ne voulais pas vraiment m’inscrire à l’UdeM, parce que je trouvais que c’était loin de chez moi, mais le programme que je voulais était à la Poly, et ma mère m’a dit : “Tu ne vas pas choisir un autre programme parce que tu trouves que l’école est trop loin de chez toi !”», avoue-t-il en riant.

Les membres de l’équipe nationale doivent temporairement s’entraîner dans un dojo à proximité de l’UdeM en raison d’un incendie au Stade olympique. / crédit photo Clément Souchet

Les bouchées doubles

François a donc commencé son baccalauréat en 2018, tout en s’entraînant quatre heures par jour, du lundi au vendredi, ce qui lui laissait peu de temps pour étudier.

L’athlète a tout de même profité de certaines aides pour alléger son emploi du temps. Le programme Carabins internationaux de l’UdeM lui a notamment permis d’être considéré comme étudiant à temps plein malgré une charge réduite de trois cours par session, mais aussi de reprendre les examens qu’il était
amené à manquer en raison de tournois.

CARABINS INTERNATIONAUX

Le programme Carabins internationaux regroupe des étudiant·e·s-athlètes de l’UdeM qui se distinguent à l’échelle nationale ou internationale, souvent en tant qu’athlètes olympiques ou membres d’équipes nationales. Il vise à soutenir la réussite universitaire de ces derniers et offre notamment une flexibilité accrue qui leur permet de mieux gérer les conflits d’horaire liés à leurs entraînements et aux compétitions à l’échelle mondiale.
Source : site Web des Carabins

Financièrement, la situation des judokas de haut niveau est bien inférieure à celle des athlètes professionnels qui touchent des salaires à sept ou huit chiffres. Bien que les frais de base pour le judo restent minimes en comparaison à ceux d’autres sports, François estime avoir déboursé entre 15 000 $ et 20 000 $ au cours de l’année écoulée pour se rendre à des compétitions aux quatre coins du globe.

Sans rouler sur l’or, l’Almatois s’en tire tout de même bien grâce aux nombreuses subventions auxquelles il a eu droit en raison de son niveau sportif. Bon nombre de ces subventions dépendent toutefois des points au classement des judokas. Un athlète en début de carrière ou qui obtient de moins bons résultats
peut donc rapidement se retrouver dans une situation précaire.

Les athlètes sont également à une blessure près de perdre leur financement, une situation que François a connue en 2019. « Je ne pouvais pas faire de tournois, j’avais perdu tous mes points, donc je n’avais plus de financement, je n’avais plus rien, révèle-t-il. Il a fallu que je me trouve une job. »

François a reçu la bourse CAN Fund, d’une valeur de 8000 $, en 2023. C’est l’une des nombreuses aides financières dont il a pu profiter. / crédit photo Clément Souchet

Et maintenant ?

Avec un baccalauréat en poche et une première expérience olympique derrière lui, quelle est la prochaine étape pour François ? « Je n’avais rien prévu pour cette session-ci, avoue-t-il. Je profite du temps libre pour travailler sur mes projets personnels. »

Le jeune homme ne semble pas être du genre à rester les bras croisés très longtemps. Ses projets personnels incluent donc des cours en ligne dans des domaines qui l’intéressent, tels que l’informatique. « C’est quelque chose que je ne connaissais pas du tout avant mon bac, explique-t-il. On a eu un ou deux cours sur l’informatique, et on l’utilisait pour certains projets. J’ai découvert que j’aimais ça. »

Il évoque ainsi la possibilité de retourner aux études à la session d’hiver 2025, pour peut-être poursuivre des études dans ce domaine.

Si son futur à court ou à moyen terme n’est pas clair, deux choses sont certaines : François retournera un jour s’établir dans sa région natale du Lac-Saint-Jean et il conservera un lien avec le judo. « Je ne dis pas que je vais être coach national à temps plein, mais je pourrais peut-être donner des cours de judo [au] club d’où je viens, à Alma », envisage-t-il.

Entre-temps, l’athlète vise-t-il les prochains Jeux, ceux de Los Angeles, en 2028 ? « Oui, c’est sûr, annonce-t-il. J’ai tellement eu de plaisir à Paris. Je vais faire d’autres Jeux. »

1 Score le plus élevé qu’un judoka peut obtenir, et technique parfaite et puissante qui déséquilibre complètement l’adversaire.

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