Français : passer le test ?

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Par Lindsay-Anne Prévost
vendredi 13 mars 2015
Français : passer le test ?
À savoir si c’est plutôt l’examen ou un éventuel manque de connaissances qui engendre un taux d’échec de 35% à l’UdeM, les inquiétudes sont mitigées.
À savoir si c’est plutôt l’examen ou un éventuel manque de connaissances qui engendre un taux d’échec de 35% à l’UdeM, les inquiétudes sont mitigées.
Le Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE), qui vise à s’assurer de la qualité de la langue française des finissants en enseignement, donne du fil à retordre à plusieurs d’entre eux. Avec un taux de réussite de 65 % à la première passation du test, les étudiants de l’UdeM font pourtant bonne figure comparativement à la majorité des universités québécoises.
« Certaines questions sont très faciles et portent sur des homophones comme quand et quant, alors que d’autres portent sur des exceptions et des expressions désuètes que je n’ai jamais entendues de ma vie. »
Sandra Amireault-Gauthier Étudiante en enseignement préscolaire et primaire

« La troisième et dernière fois que j’ai passé l’examen, je tremblais et je ne me sentais vraiment pas bien, raconte l’étudiante de quatrième année en enseignement préscolaire et primaire, Sandra Amireault-Gauthier. Je jouais mon parcours. Si je coulais l’examen, je devais attendre toute une année avant de pouvoir faire mon troisième stage. » Les efforts que l’étudiante a fournis pour se préparer au test lui ont permis de finalement le réussir, même si elle admet avoir dû sacrifier du temps d’étude de ses autres cours pour y arriver.

Les étudiants en enseignement doivent passer le Test de français Laval-Montréal (TFLM) lors de leur admission et suivre un cours de rattrapage en français, au besoin. Au cours de leur cheminement, ils doivent également réussir un cours de français écrit pour futurs enseignants d’une durée d’un an, qui vise à les familiariser avec toutes les règles de grammaire que l’on peut retrouver aux niveaux secondaire et collégial. À la fin du cheminement universitaire, le TECFÉE doit être réussi pour obtenir le brevet d’enseignement, que ce soit pour enseigner le français ou les autres matières. Les étudiants ont toutefois droit à un nombre illimité de reprises.

Selon la finissante en enseignement primaire et en éducation préscolaire Jessica Côté, le TECFÉE, qui est basé sur une épreuve de rédaction ainsi qu’un questionnaire sur les codes linguistiques, se penche sur les irrégularités présentes dans la langue française plutôt que sur son excellente maîtrise. « L’étudiant n’est pas évalué sur le plus important de la langue française, soutient Jessica. Je crois qu’il est primordial que l’étudiant ait une excellente connaissance des règles de base de la langue avant qu’on lui demande de retenir les exceptions. » Selon elle, une évaluation basée sur le parcours universitaire et sur le cheminement d’apprentissage de l’étudiant serait plus représentative des connaissances de ce dernier.

Selon Sandra, ce test requiert une maîtrise du français qui va au-delà des connaissances générales. « La partie à choix multiples est ridiculement trop dure, juge-t-elle. Certaines questions sont très faciles et portent sur des homophones comme quand et quant, alors que d’autres portent sur des exceptions et des expressions désuètes que je n’ai jamais entendues de ma vie. » Selon les données du centre de communication écrite de l’UdeM, 83 % des étudiants ont réussi la partie rédaction, contrairement à 61 % pour le volet codes linguistiques, en 2014.

Quelle préparation ?

Avant de passer l’examen, les étudiants doivent faire l’achat de manuels de préparation et les étudier avec attention.« J’ai passé l’examen pour la première fois durant la première année de mon baccalauréat, explique Sandra. J’ai échoué la partie à choix multiples à 61 %, puisque la note de passage est 70 dans chacune des parties. » L’étudiante n’avait pas encore suivi le cours de français pour les futurs enseignants.

La coordonnatrice des mesures de soutien en français du Centre de formation initiale des maîtres (CFIM), Karine Pouliot, assure toutefois que des mesures d’aide sont en place pour aider les étudiants à réussir l’examen. « Il faut savoir qu’il y a des étudiants qui vont essayer de passer le TECFÉE avant même d’avoir suivi le cours de français pour futurs enseignants , soutient-elle. Peut-être que ces étudiants n’ont pas été assez bien préparés, car les étudiants qui ont suivi le cours ont de meilleurs résultats. » Selon la coordonnatrice, les difficultés qu’éprouvent les étudiants sont le résultat d’un manque de valorisation de la communication écrite par les établissements scolaires.

Alerte rouge mitigée

À savoir si c’est plutôt l’examen ou un éventuel manque de connaissances qui engendre un taux d’échec de 35 % à l’UdeM, les inquiétudes sont mitigées. « Je ne crois pas que le TECFÉE nous assure que l’étudiant maîtrise le français, comme je ne crois pas qu’un seul test ou examen peut nous donner le portrait juste d’une personne », affirme Jessica.

Selon les données du Centre de communication écrite de l’UdeM, 85 % des étudiants de tous les programmes en enseignement confondus ont réussi l’examen lors de leur deuxième passation. Seulement 2 % des étudiants n’ont pas réussi le test après quatre tentatives.

Taux de réussite 1re passation du TECFÉE (2014)

L’UdeM se démarque

Université de Sherbrooke 40 %

Université du Québec à Chicoutimi 40 %

Université du Québec à Trois-Rivières 45 %

Université du Québec à Rimouski 47 %

Université de Montréal 65 %

Université du Québec en Outaouais 76 %

*L’UQAM n’a pas pu nous fournir les statistiques.