L’annonce par Pauline Marois de l’annulation de la hausse des frais de scolarité par décret est une victoire pour la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). Quartier Libre a rencontré le 10 septembre sa présidente, Martine Desjardins. Elle nous parle de cette annulation, mais aussi du prochain sommet sur l’enseignement supérieur qui lui tient particulièrement à coeur.
Quartier Libre : Comment se sont organisés les débats concernant l’annulation de la hausse des frais de scolarité avecle Parti québécois ?
Martine Desjardins : Il n’y a pas eu de négociations en tant que telles avec le PQ. Ils envisageaient, depuis un certain temps, de mettre un terme au conflit étudiant en permettant le gel des frais de scolarité ainsi que la mise en place d’un sommet sur l’enseignement supérieur. La FEUQ essaye juste de faire pression sur le PQ pour leur rappeler leur engagement et surtout les forcer à le tenir.
Q. L. : Quelles seraient les mesures envisagées par la FEUQ pour poursuivre les négociations avec le nouveau gouvernement ?
M. D. : Les associations étudiantes membres ont le mandat d’apporter des propositions au sommet sur l’enseignement supérieur. Ce sommet devrait avoir lieu dans les 100 premiers jours du gouvernement péquiste. La FEUQ va aussi se pencher sur une structure souhaitable pour ce sommet. Nous voulons qu’il ressemble davantage à des états généraux qu’à une journée de consultation. Lors de ce sommet, tout doit être abordé. Y compris le sort des étudiants grévistes arrêtés dans le cadre de la loi 12. Nous aimerions donc rencontrer au plus vite la première ministre Pauline Marois et le futur ministre de l’Éducation pour en parler et exposer les positions défendues par nos associations.
Nous voulons créer une meilleure cohésion entre l’administration universitaire et les étudiants afin que les étudiants aient leur mot à dire. Nous avons déjà beaucoup travaillé sur ce point avec le gouvernement libéral, notamment avec l’ancienne ministre de l’Éducation, Line Beauchamp. Elle a montré une certaine ouverture. Nous espérons que le nouveau gouvernement péquiste fera preuve du même esprit d’ouverture envers notre cause.
Q. L. : En parlant de cohésion, la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) s’est souvent opposée aux revendications de la FEUQ. L’avenir verra-t-il un consensus dans vos idées ?
M. D. : Nous ne défendons pas les mêmes idées sur les frais de scolarité, mais nous avons constaté, au cours des négociations, que nos vues se rapprochent sur des questions comme la Commission d’évaluation des universités ou la gouvernance. Pour les autres points, avoir des divergences d’opinions peut faire avancer le débat. Ce qui est sûr, c’est que nous ne nous empêcherons pas d’exprimer nos points de vue même s’ils ne font pas consensus. De toute façon, maintenant, l’important est de discuter avec le nouveau gouvernement. Il faut lui donner sa chance, mais nous sommes prêts à utiliser les manifestations et la grève comme moyens de pression s’il le faut.
Q. L. : Comment va se dérouler l’annulation de la hausse alors que des étudiants ont déjà reçu leur facture majorée ?
M. D. : La FEUQ requiert l’aide du gouvernement pour soutenir les étudiants dans ce cas. L’aide financière aux études promise par le PQ fera partie des futures discussions. Le remboursement des frais de scolarité ainsi qu’une meilleure gouvernance des universités seront également à l’ordre du jour. Il va falloir non seulement s’assurer que tout le monde reçoit son dû, mais aussi régler le problème des erreurs faites dans le versement de l’aide financière aux études. Trop d’étudiants ne reçoivent pas le montant auquel ils ont le droit du fait de manquements administratifs.
Q. L. : En quoi les départs de Line Beauchamp, Michelle Courchesne et de Jean Charest du PLQ vont-t-ils aider votre cause ?
M. D. : Il est certain que le départ du gouvernement libéral va permettre d’ouvrir le débat. Il était clair dès le départ que la hausse des frais de scolarité n’était pas une question économique, mais bel et bien idéologique et politique. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles le conflit n’arrivait pas à se terminer. Et c’est pour cela qu’on était très présent dans la circonscription de Sherbrooke lors de la campagne pour s’assurer que Jean Charest, élu par une faible majorité lors du scrutin de 2008, ne soit pas réélu.
Q. L. : L’ex-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, Léo Bureau-Blouin, est désormais député péquiste. Envisagez-vous aussi un avenir en politique ?
M. D. : C’est impensable à court terme. Mon mandat se termine en mai prochain. Je vais le finir, c’est la raison pour laquelle je suis restée cette année. J’ai hâte d’aller au sommet pour défendre l’éducation et avoir un vrai débat, non pas juste sur des mots et des symboles.