Volume 25

Fêter ou ne pas fêter

Fleurs, chocolats, ours en peluche et cœurs de toutes sortes ont envahi les vitrines des magasins comme chaque année en cette saison. La Saint-Valentin est là. Pourtant, seulement 44 % des Québécois ont affirmé qu’ils célèbrent cette fête chaque année*.

« La Saint-Valentin, pour moi, c’est encore une fête pour vendre des “ cossins ” au monde, indique l’étudiant au baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire Julien Thériault. Comment parler d’une fête de l’amour quand l’amour est synonyme de donner et recevoir du matériel plutôt que de partager une joie transcendantale. » Pour lui, les journées de fêtes, de manière générale, ont été récupérées par la société de consommation qui leur a ainsi fait perdre leur signification.

Sa collègue au baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire Frédérique Normandeau abonde dans le même sens. « Je ne pense pas qu’une fête comme celle-ci soit nécessaire pour dire aux gens qu’on les aime, croit-elle. Je crois que beaucoup de personnes de la génération Z pensent comme moi. »

Cœurs et mots doux

Pour l’étudiante au DESS en communication organisationnelle Gaëlle Derand, cette journée est plutôt un moment pour se reposer et prendre du temps pour soi, ou pour sa moitié. « Quand on est dans la course quotidienne, avec les cours, le travail et tout le reste, on ne prend pas forcément le temps de dire “ Je t’aime ” à la personne avec qui l’on est, ou de lui faire plaisir », indique-t-elle. Gaëlle a l’intention de prendre congé ce jour-là, afin de déconnecter du quotidien et de profiter du moment présent.

« C’est comme un symbole, une fête quasi internationale où l’on célèbre l’amour », pense quant à elle l’étudiante au baccalauréat en anthropologie Melila Bouarab. Pour elle, c’est l’occasion d’être plus romantique qu’à l’habitude et de se libérer de la routine, le temps d’une journée, pour surprendre sa moitié.

Pourtant enthousiasmées par la Saint-Valentin, les deux étudiantes reconnaissent un côté commercial à cette fête. « On n’a pas besoin d’un jour qui nous dicte quoi faire pour aimer et prendre soin d’une personne, concède Gaëlle. Mais, ça dépend juste de ce qu’on fait de cette fête. »

Un fête sous pression

En 2005, 49 % des jeunes québécois** âgés de 15 à 35 ans s’estimaient déçus si aucune attention particulière ne leur était portée le 14 février. « J’ai l’impression que la fête ne signifie plus autant la fête de l’amour comme ça a pu l’être, estime l’étudiante en complément de formation Carolyne Héroux. Mon avis sera peut-être biaisé par le fait que je suis en couple, mais j’ai de plus en plus l’impression, en regardant mes amies célibataires, que les gens ont peur de l’engagement. »

La saison des amours amène aussi son lot de mèmes sur les réseaux sociaux, caricaturant dans la plupart des cas ce que feront les célibataires en ce fameux jour du 14 février. « Il faut savoir que si la pression vécue par nos grands-parents était celle de se marier et de fonder une famille le plus tôt possible, la pression que vivent les jeunes adultes d’aujourd’hui est plutôt à l’effet de sentir qu’ils doivent vivre plusieurs expériences avant de s’engager dans une relation stable, indique la professeure de psychologie à l’Université de Sherbrooke Audrey Brassard. Il y a donc à la fois plus de possibilités à explorer avant de s’engager et aussi plus de pression à le faire. »

Selon la professeure, la Saint-Valentin se vit différemment pour chaque personne, indépendamment de son âge. « Il y a le sens qu’une personne donne à cette fête, mais il y a aussi le sens que ses proches y accordent qui peut parfois faire pression sur elle », précise-t-elle.

Le Conseil québécois du commerce de détail estime néanmoins que chaque individu dépense en moyenne 78 $ pour la Saint-Valentin.

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* Sondage du Conseil québécois du commerce de détail publié en 2017
** Sondage Ipsos, Les jeunes, l’amour et la Saint-Valentin, 2005

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