21:00
Plus de 300 étudiants s’affairent à leur révision. Au 7e étage, l’étudiante au baccalauréat en sciences politiques Diane Bobi-Zoma entame un travail de session. «J’étudie beaucoup mieux le soir, explique-t-elle. Le jour, j’ai d’autres choses à faire et je suis trop distraite. C’est très calme ici.»
L’ambiance studieuse est aromatisée de café, signe que certains seront là encore quelques heures. «Je ne peux pas travailler jusqu’à 9 heures du matin, mais jusqu’au milieu de la nuit, c’est très faisable», poursuit Diane.
22:00
Catastrophe! Il n’y a plus de gobelets dans la machine à café du rez-de-chaussée. En faisant un tour rapide des poubelles des étages, on comprend rapidement pourquoi: elles débordent de tasses en carton empilées les unes sur les autres.
Ceux qui sont allés chercher des boissons chaudes sur Côte-des-Neiges se font demander leur carte étudiante à leur retour à la BLSH. À partir de 22h15, aucun étudiant ne peut rentrer à la bibliothèque sans sa carte d’université valide. Deux agents de sécurité sont postés à la porte d’entrée.
Il y a quelques départs, notamment à cause de travaux de groupes qui se terminent. Il reste encore environ 250 étudiants concentrés.
Le personnel d’entretien fait son entrée, même si la bibliothèque est toujours ouverte.
23:00
C’est l’exode. L’effectif de la BLSH a diminué de plus de la moitié. Diane Bobi-Zoma travaille toujours sur sa table au 7e étage. «Je commence souvent des travaux à 23 heures, fait-elle remarquer. Je suis habituée à ce train de vie.»
Le cycle d’apprentissage nocturne est issu d’un rythme de vie selon le professeur au Département de psychologie Luc Brunet.«Ce type d’étudiants n’est pas différent des autres. Ils ont pris une habitude qui date souvent de l’enfance, justifie le psychologue. Ils dormaient peu et étaient plus actifs le soir que le jour, d’où l’habitude d’être plus concentrés la nuit encore aujourd’hui.» Ces étudiants conservent ce rythme tout au long de leur scolarité et même souvent sur le marché du travail, selon lui.
La BLSH propose toujours ses services aux étudiants. «Nous sommes présents toute la nuit pour permettre aux étudiants d’emprunter les documents qu’ils souhaitent de la collection générale, décrit la commis Christina Charon St-Pierre. Nous offrons également un soutien informatique de base.»
L’équipe d’entretien s’est déjà occupée des poubelles et s’attaque maintenant au plancher.
00:00
Il y a environ une centaine d’étudiants. Beaucoup sont partis, mais il y a encore des arrivées. «Je viens m’avancer le plus possible dans mon travail, commente l’étudiant au baccalauréat en génie mécanique Stefan Svede qui vient à peine de s’installer. J’ai de gros projets à finir pour la fin de la semaine.»
L’un des agents de sécurité effectue une ronde pour vérifier la validité des cartes des étudiants présents. L’ambiance est toujours studieuse, et il y a encore des travaux de groupes dans les salles closes de chaque étage.
01:00
Il reste 80 étudiants à la bibliothèque. Plusieurs reviennent de l’extérieur avec des cafés qu’ils partagent avec leurs collègues. Il y a un va-et-vient constant d’étudiants qui sortent s’aérer quelques minutes pour mieux reprendre leurs travaux. «En général, je prends environ deux cafés, précise Stefan. Le soir, je m’apporte aussi des boissons gazeuses.»
02:00
L’effectif de la BLSH décroit graduellement. Ceux qui restent sont rivés sur leur ordinateur, visiblement déterminés à finir ce qu’ils ont entrepris.
«J’ai déjà vu plus de 400 étudiants encore présents ici à cette heure-là , relate l’agente de sécurité Lesley Tang . C’est toujours plus tranquille au début de la période 24/7 de la BLSH, mais dans deux semaines, ce sera rempli.»
03:00
Il n’y a plus qu’une quarantaine d’étudiants. Parmi eux, une étudiante du baccalauréat en histoire de l’art, qui a préféré garder l’anonymat, n’a pas bougé de son ordinateur depuis le début. «En fait, je suis ici depuis midi, raconte-t-elle. Je compte rester jusqu’à 17 heures demain. » Une pile de huit tasses de café vides envahit son bureau. Interrogée sur les raisons de ce marathon, elle évoque un retard dans ses études cette session.
Certains étudiants restent pour s’avancer dans leur révision, même s’ils doivent assister à un cours le lendemain matin. Stefan Svede décide de rentrer chez lui afin de récupérer quelques heures de sommeil avant son cours de 8h30.
04:00
Les étudiants qui restent ont tous un liquide à base de caféine à leurs côtés ou des boîtes de vitamines. Sur les 30 étudiants, cinq d’entre eux ont une cannette de boisson énergisante sous la main. «Il est arrivé à plusieurs reprises que nous devions appeler l’ambulance, révèle l’agent de sécurité. Souvent, il s’agit d’étudiants qui ont pris trop de boisson énergisante et que l’on retrouve inconscients.»
05:00
Il y a une vingtaine d’étudiants, et plus aucune arrivée.
06:00
Une dizaine d’étudiants se présentent à la BLSH, reposés par leur nuit de sommeil. Un nouveau bibliothécaire arrive également.
Trois étudiants se sont aménagé un lit avec des fauteuils et leurs manteaux. Ils dorment profondément.«Les gens qui étudient régulièrement la nuit ont souvent besoin d’une dose de sommeil plus faible que la moyenne, développe Luc Brunet. Ils arrivent à s’endormir très facilement, et partout!»
07:00
Le soleil se lève, les étudiants aussi. La BLSH se remplit petit à petit, et c’est reparti pour une autre journée d’étude.
Surdose
Dans la nuit du 6 décembre dernier, un étudiant de l’Université McGill est venu en aide à un autre étudiant en surdose d’Adderall qui vomissait. L’Adderall est le nom commercial d’un comprimé à base de sels d’amphétamine prescrit pour traiter les troubles d’attention (hyperactivité), mais souvent utilisé pour améliorer les performances dans les milieux universitaire et professionnel. L’étudiant a été conduit à l’hôpital où il a reçu les soins nécessaires.