Volume 25

La dépression est définie comme un état pathologique marqué par une tristesse avec douleur morale, une perte de l'estime de soi et un ralentissement psychomoteur. (Crédit photo : Benjamin Parinaud)

Faire face à la dépression

En général, la dépression est définie comme un trouble mental temporaire, selon la neuropsychologue de l’Installation Gingras-Lindsay Julie Ouellet, qui explique comment reconnaître les symptômes. « Pour parler de dépression, il faut généralement que celle-ci dure au minimum deux semaines et qu’elle entraîne des symptômes émotionnels comme la tristesse, le désespoir et la difficulté à faire ce que l’on fait normalement », avance-t-elle.

Si la médication se présente comme une option potentielle lorsqu’une personne est confrontée à un trouble de l’humeur, les antidépresseurs ne font pas l’unanimité chez certains étudiants. C’est le cas de l’étudiante au baccalauréat en sécurité et études policières Jessica Bourgon. « Je prends des antidépresseurs depuis avril 2015, révèle-t-elle. Au début, c’était pour une dépression majeure, mais il s’est avéré que j’ai un trouble de personnalité limite. L’antidépresseur n’est en rien une solution miracle, c’est un petit “plus”, mais le plus gros du travail se fait grâce à l’aide qu’on reçoit de l’extérieur, comme celle des amis, des proches et des spécialistes en santé mentale. » 


Les statistiques de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) soulignent qu’au Québec, près de 250 000 individus âgés de 18 à 64 ans, femmes et hommes confondus, souffraient d’un trouble dépressif en 2016.


 

Une condition cachée

Jessica poursuit en attirant l’attention sur le tabou qui entoure la dépression. « Je ne crois pas qu’on devrait se sentir gêné d’avoir à parler de notre problème et d’accepter de l’aide, dit-elle. C’est une véritable force de reconnaître qu’on vit une passe difficile. »

L’étudiante à la mineure en arts et sciences Marjolaine Gamache révèle qu’elle a choisi de garder le silence au début de son épisode dépressif. « Je n’ai pas vécu d’émotions négatives au début puisque je ne l’ai dit à personne, explique-t-elle. Je me sentais faible d’étudier en intervention et de ne pas être capable d’éviter de souffrir d’une dépression. Être en dépression est déjà tabou, mais prendre des médicaments l’est encore plus. »

Mme Ouellet encourage les étudiants à aller chercher de l’aide et rappelle qu’ils n’ont aucune honte à avoir, qu’ils traversent une dépression ou une période de déprime. Elle ajoute que pour reconnaître les symptômes de la dépression chez soi-même, il faut s’écouter. « Il est vrai que parfois, la détresse peut être banalisée, alors il faut savoir se sonder soi-même et se demander s’il est normal d’être dans cet état, si nos envies ont changé, comme celles de voir nos amis ou appeler notre mère », précise-t-elle.

Facteurs externes

Des circonstances plus spécifiques peuvent entraîner une dépression chez un étudiant. « Dans certaines situations, il pourrait être question de pression en lien avec les études et la volonté d’atteindre des standards élevés, détaille Mme Ouellet. La dépression s’inscrit dans un contexte où l’on vit quelque chose de difficile, comme une rupture amoureuse ou le deuil d’une personne proche. »

Marjolaine a souffert d’une dépression sévère à la suite d’une rupture sentimentale. Elle a commencé à prendre des médicaments en février 2016 pour cesser en juin 2017. « J’ai arrêté mon premier type de médicament, car je n’aimais pas du tout les effets, je me sentais comme un robot, je ne ressentais plus rien, avoue-t-elle. Puis j’ai changé de médication et les résultats ont été bénéfiques. J’aurais aimé continuer à prendre ce traitement parce qu’il m’aidait à gérer mon anxiété, mais mon médecin recommandait une prise de médicaments pour une durée de six mois seulement. »

Origines biologiques

Des prédispositions génétiques peuvent également être la cause d’un trouble de l’humeur. L’étudiant au baccalauréat en psychologie Laurent De La Durantaye explique que les troubles psychologiques sont omniprésents au sein de sa famille. « Je prends des antidépresseurs depuis près de neuf mois, qui sont pour le moment efficaces », indique-t-il. Il n’a pas entrepris de démarches pour suivre une thérapie, affirmant aller mieux présentement.

Souffrant également d’un trouble de l’attention, Laurent trouve une solution efficace en cette médication, qu’il perçoit comme un soutien nécessaire à son parcours universitaire. « Je vois les antidépresseurs comme des outils d’aide à ma réussite scolaire, assure-t-il. Lorsqu’on ne va pas bien, on a tendance à être centré sur soi-même et l’école n’est plus une priorité. »

Besoins universitaires

Le secrétaire général de la FAÉCUM, Simon Forest, évoque un avis rendu en novembre dernier sur l’amélioration des services de consultation psychologique. « Cet avis, faisant suite à l’enquête sur la santé psychologique étudiante de 2016, énonce 11 recommandations visant à améliorer les services de consultation à l’UdeM, indique-t-il. Ces recommandations concernent notamment la mise en place d’une campagne de sensibilisation, de développement des programmes de formation et l’implantation de services psychologiques en amont des consultations traditionnelles. »

La FAÉCUM précise qu’elle cherche actuellement à mettre de l’avant une meilleure disponibilité des services et à les publiciser davantage auprès de la communauté étudiante.

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