«Dans le cadre du stage, le défi sera de réunir et de faire travailler ensemble les compétences de chaque étudiant », précise le directeur de l’information au Devoir et chargé de cours en journalisme à l’UdeM Florent Daudens. Il ajoute que chaque stagiaire pourra bénéficier de la spécialisation de l’autre. Ils travailleront la plupart du temps au sein de la rédaction du Devoir et seront notamment supervisés par le chercheur du laboratoire jData de Polytechnique Thomas Hurtut, spécialisé dans la visualisation de données.
M. Daudens lie la création de ces stages à l’engouement des lecteurs pour la visualisation graphique. « Cela s’explique en partie par l’intérêt grandissant des internautes, puisque leur temps d’engagement sur une page où figure un graphique de données s’étale souvent sur une longue durée », estime-t-il.
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Pour le directeur de l’information, intégrer le traitement des données au journalisme est une combinaison gagnante. « Le journalisme de données permet de raconter des histoires visuellement, et parfois plus en profondeur, chose qui serait difficile à faire par les textes », explique-t-il.
Le professeur à l’École des médias de l’UQAM Jean Hugues Roy participera également à l’encadrement des stagiaires. « Ces bourses répondent aussi à un besoin dans le milieu journalistique », estime-t-il, avant d’ajouter qu’actuellement, au Québec, peu de journalistes maîtrisent la gestion de données.
Il explique cette lacune par les dépenses économiques importantes que requiert le journalisme de données au sein des médias, ainsi que par le risque d’aboutir à des conclusions peu probantes. « Le journalisme de données, ça peut être long, compliqué, ça ne donne pas toujours les résultats escomptés et ça peut s’infirmer, avance M. Roy. C’est comme la science. »
Esprit critique
M. Roy estime que les journalistes doivent rester prudents lorsqu’ils manipulent des données. « Ce sont des êtres humains qui rentrent les données dans les bases de données publiques, et donc, il peut y avoir des erreurs », signale-t-il.
M. Hurtut considère qu’il est important que les journalistes ou les ingénieurs évitent de miser sur un type de visuel en particulier, car cela pourrait nuire au but du graphique. « Qu’est-ce que je veux que les données transmettent comme message ? À quelle question je souhaite que l’utilisateur qui va regarder cette visualisation puisse répondre ? » questionne-t-il. Pour lui, il s’agit des principaux enjeux à considérer lors de la création de la visualisation des données. Malgré ces défis, le journalisme de données est prometteur, insiste M. Hurtut. « Il est perçu comme un moyen solide et crédible sur lequel construire une nouvelle », souligne-t-il.
Pour M. Daudens le journalisme de données n’est pas la réponse à tout. Toutefois, il estime la démarche utile, car elle peut permettre de dénicher une histoire ou une anomalie. « Et c’est un bon début », conclut-il. La date limite de soumission des candidatures est le 15 mars 2019.