Éveiller les consciences

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Par Thomas Laberge
lundi 9 octobre 2017
Éveiller les consciences
Ludvic Moquin-Beaudry utilise le cinéma pour enseigner la philosophie à ses étudiants du Cégep de Saint-Jérôme. (Photo : Jèsybèle Cyr)
Ludvic Moquin-Beaudry utilise le cinéma pour enseigner la philosophie à ses étudiants du Cégep de Saint-Jérôme. (Photo : Jèsybèle Cyr)
Dans son livre Cinéma critique, le professeur de philosophie au Cégep de Saint-Jérôme et étudiant en langue portugaise et cultures lusophones à l’UdeM, Ludvic Moquin-Beaudry, cherche à déterminer si le cinéma peut aussi jouer un rôle philosophique. Cette version remaniée de son mémoire de maîtrise sera lancée le 25 octobre prochain.

Pour Ludvic, la philosophie en soi est une discipline à contre-courant. Il considère que, dans un monde dominé par le consumérisme, elle doit œuvrer à l’éveil et à la libération des consciences et ainsi nous permettre d’atteindre notre plein potentiel. Le cinéma serait, selon lui, un outil pouvant être utilisé à cette fin. « D’un côté, le cinéma, en tant que médium artistique, permet d’illustrer certaines idées philosophiques, expose-t-il. De l’autre côté, dans l’analyse du cinéma, il y a beaucoup d’éléments à aller chercher dans la philosophie. »

Le cinéma, vecteur d’émancipation

Ludvic explique que ce ne sont cependant pas toutes les formes de cinéma qui ont une portée philosophique, d’après le philosophe Theodor W. Adorno, dont la pensée est au cœur du livre Cinéma critique. « Pour Adorno, l’œuvre doit permettre d’accéder à un plus haut niveau de conscience de la société et des problèmes qu’elle renferme. Elle doit aussi remettre en question les attentes », précise-t-il.

Un point de vue que partage l’étudiant à la maîtrise en études cinématographiques Sylvain Lavallée. « Il y a clairement un discours idéologique qui ressort du cinéma hollywoodien […] et qui représente l’idéologie dominante », soutient-il. Il affirme malgré tout que le cinéma en tant que médium proprement philosophique peut mener à certaines questions existentielles.

Le doctorant en études politiques à l’Université d’Ottawa Nichola Gendreau Richer, qui a également étudié la pensée d’Adorno au cours de ses études, pense lui aussi que la culture doit avoir un rôle émancipateur. Il croit qu’elle peut permettre de déstabiliser l’ordre établi, en plus de nous permettre d’imaginer un monde meilleur. « La culture doit déranger, mais elle doit également faire rêver », avance-t-il.

De Platon à La matrice

Dans son enseignement de la philosophie, Ludvic cherche à mettre en pratique ses idées sur le cinéma. Il utilise des films afin d’exposer des concepts philosophiques et susciter la réflexion chez ses étudiants. « Le cinéma peut faire partie d’une stratégie de multiplication des médiums pour faire passer un message philosophique », soutient-il. C’est ainsi que, pour lui, La matrice (The Matrix) devient une illustration de la célèbre allégorie de la caverne de Platon, ou que, District 9 prend la forme d’une réflexion sur l’immigration et l’intégration des réfugiés.

Cette analyse ne se rapporte toutefois pas uniquement au cinéma, selon Ludvic. Il estime que toutes les formes d’art peuvent à la fois jouer un rôle d’émancipation et de maintien du statu quo.

Lancement de Cinéma critique
Librairie Le Port de tête
262, avenue du Mont-Royal Est 25 octobre | 18 heures