Depuis décembre 2021, les Udemien·ne·s peuvent de nouveau suivre des cours à l’étranger, après que la pandémie ait forcé l’Université à suspendre les échanges étudiants. Pendant ce temps, cette dernière a continué de recevoir entre ses murs des étudiant·e·s internationaux·nales. Toutefois, entre un virus qui n’a pas dit son dernier mot, des difficultés à obtenir un permis d’études et une guerre qui fait rage en Ukraine, les étudiant·e·s font maintenant face à des problèmes hors de l’ordinaire.
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Nombre d’étudiant·e·s de l’UdeM partis en échange cette année.* |
David Leonardo, 23 ans, étudiant en troisième année au baccalauréat en science politique, cheminement diplomatie et conflits
« Depuis que je suis jeune, je rêve d’habiter en Europe. On m’a alors parlé de Cracovie, en Pologne. Une fois accepté au programme d’échange, je devais choisir mes cours de la session d’hiver 2022 à l’UdeM et les remplacer par des cours de l’Université à Cracovie. Le plus compliqué a été de m’organiser pour ne pas tout faire à la dernière minute, car les démarches étaient beaucoup plus longues et complexes en temps de pandémie. En voyant la pandémie repartir en décembre, j’avais d’ailleurs peur que l’Université annule mon échange au dernier moment. C’était stressant, car j’avais déjà acheté mes billets d’avion. Je suis finalement arrivé à Cracovie le 18 février dernier. Ma première semaine d’école a été compliquée, c’était le chaos ! J’avais déjà choisi mes cours, mais ils étaient très différents de ce à quoi je m’attendais. J’ai dû les changer et faire un nouveau contrat d’études, que je dois renvoyer à l’UdeM. En Pologne, tout est fait à la dernière minute, mais je ne regrette vraiment pas d’être venu. »
William Richer, 23 ans, étudiant en troisième année au baccalauréat en études internationales
« Je suis arrivé à Saint-Pétersbourg, en Russie, le 14 décembre 2021. Au début, c’était assez difficile de communiquer, car les gens ne par- laient pas anglais. Puis, de fil en aiguille, je me suis fait des amis russes et internationaux. Le 24 février dernier (NDLR : Début de la guerre en Ukraine), c’était assez poignant : tout le monde était bouche bée. Personne ne savait comment réagir ni ce qui allait se passer. Les jours suivants, il y a eu une grosse vague d’anxiété : énormément de personnes sont parties. Avec les sanctions, ça devenait de plus en plus difficile de vivre normalement. L’UdeM m’a convaincu de partir tant que les frontières étaient ouvertes. J’ai donc pris un autobus le 7 mars en direction de Tallinn, en Estonie, puis de Stockholm, en Suède. Ma tête m’a dit de partir, mais mon cœur aurait voulu que je reste. Maintenant, mon plan est de suivre les cours en ligne et de me déplacer en Europe jusqu’à la fin de la session. J’attendais cet échange depuis longtemps, donc ça me rend triste. Mais je n’ai aucun regret. »
Annarita Vuolo, 22 ans, étudiante italienne en troisième année au baccalauréat en études internationales depuis septembre 2021
« J’avais reçu ma lettre d’acceptation en mai 2021. Si toutes les démarches étaient faites avant le 15 mai, on obtenait le permis d’études au plus tard en août. Mais à cause de la COVID-19, les centres de données biométriques étaient fermés en France, où j’étudiais, donc c’était impossible de faire les procédures en 15 jours. J’ai attendu que les centres rouvrent, sauf qu’il y avait tellement de demandes que les premiers rendez-vous étaient en juillet. Ça me stressait, donc j’ai pris un rendez-vous à Rome fin juin. Puis en août, l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) m’a notifiée qu’un document de mon dossier avait disparu. J’ai alors compris que je n’allais pas partir. J’étais très déçue. Malgré tout, j’ai finalement reçu mon permis d’études début septembre. Je ne m’y attendais pas ! Je suis arrivée le 18 septembre et j’ai commencé à travailler dans l’avion, car j’avais déjà des « intras ». À mon arrivée, j’ai eu beaucoup de difficulté à m’adapter au système universitaire et à faire des rencontres. Mais depuis la session d’hiver, je suis plus tranquille et je stresse beaucoup moins. »
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Nombre d’étudiant·e·s internationaux inscrit·e·s à l’UdeM à la session d’automne 2021.* |
Si Quartier Libre a pu observer les nouvelles difficultés rencontrées par ces universitaires en échange, force est de constater que d’autres doivent aussi parfois continuer de composer avec des problèmes connus.
Alizée Rivalta, étudiante française au certificat en journalisme depuis septembre 2021
« J’ai été admise le 15 juillet 2021 à l’UdeM. J’étudiais déjà à HEC Montréal, mais je devais renouveler mon permis d’études, car il expirait le 31 août. L’UdeM m’a demandé mon nouveau permis pour le 1er décembre. Dix jours avant, je n’avais toujours rien reçu. J’ai donc appelé l’IRCC, qui m’a dit : « Vous êtes sur le territoire illégalement. Vous êtes considérée comme une immigrée clandestine. Arrêtez immédiatement vos études. » J’avais l’impression qu’on allait venir chez moi, me menotter et me renvoyer en France. Puis un camarade de classe m’a donné le contact d’une avocate. Elle m’a conseillé de faire le « tour de poteau », c’est-à-dire de redemander un permis d’études à la frontière canadienne en passant par les États-Unis. Le douanier m’a posé une seule question et, enfin, il m’a donné mon nouveau permis. Je suis sortie en criant « c’est bon ! ». Ça faisait une semaine que je ne dormais plus et ne mangeais plus. En fait, j’avais trop anticipé les choses : je n’avais pas fait un renouvellement, mais une nouvelle demande de permis d’études. Il fallait que je renouvelle mon permis d’études juste avant sa date d’expiration. C’est ce qu’une amie a fait, et elle l’a eu en deux semaines. »
Kevin Quentin, 28 ans, étudiant camerounais à la maîtrise en relations industrielles depuis janvier 2021
« Je viens de Douala, au Cameroun, et c’est plus difficile d’y trouver un emploi. Une semaine après mon arrivée à Montréal, je suis tombé malade. Aux urgences, les médecins m’ont diagnostiqué l’hépatite B. Je suis resté hospitalisé un mois et demi, mais on a refusé de me couvrir les frais d’hospitalisation, car les médecins ont déduit que j’étais tombé malade avant mon arrivée. Je dois 15 000 dollars à l’hôpital. Des frais liés aux soins de suivi se sont également ajoutés à cela. Ça m’est tombé dessus et je me sentais vraiment triste. Mais aujourd’hui, ça va mieux. Je fais du mieux que je peux pour m’en sortir. Ma sœur a payé une partie de mes frais hospitaliers, mes frais de scolarité et elle a été là pour moi quand j’avais besoin de parler. Je continue de prendre des médicaments tous les jours, car c’est une hépatite chronique, donc je ne sais pas si je vais guérir un jour. Maintenant, je veux vite terminer mes études pour avoir droit à la couverture complète de la RAMQ, avec un permis de travail postdiplôme. »
* Statistiques officielles du Bureau du registraire de l’UdeM