À une heure et 2,75 $ de Montréal s’étalent stationnements, banques et centres commerciauxà n’en plus finir. Sur le boulevard Daniel-Johnson, culture et savoir semblent reléguésaux oubliettes. Mais le campus de l’UdeM à Laval et ses 2500 étudiants à temps partiel résistentencore et toujours à l’envahisseur. Portrait d’un îlot de savoir dans le désert lavallois.
Occupant la moitié du
deuxième étage du complexe
Daniel-Johnson, l’excroissance
de l’UdeM est entourée
d’un stationnement gratuit, d’une
succursale Desjardins et d’un restaurant
sichuanais. Le campus de
l’UdeM à Laval affiche ainsi son
ambition sans fioritures : l’accessibilité.
D’après le site Internet de l’UdeM, le
but de ce campus ouvert depuis 10
ans est d’assurer une formation
dans plusieurs secteurs clés
connaissant des pénuries en région.
« L’offre de programmes et de
cours est importante dans les
domaines de la santé, de l’intervention
psychosociale et de l’éducation,
des secteurs où l’on
connaît des pénuries importantes
de personnel qualifié», affirme-ton
sur le site Internet.
Pour les étudiants du campus Laval,
l’avantage est de ne pas être trop
loin de chez soi. «Quand j’étudiais
au Pavillon Marie-Victorin
pour mon bac, il me fallait deux
heures de transport pour m’y
rendre, dit Daphné, étudiante terrebonnienne
au certificat en santé
et sécurité au travail, alors que là,
ça prend une heure. » En tout cas,
c’est ce qu’elle soutient pour justifier
son passage dans ces landes
désertes, difficilement associées à
la notion de campus.
D’autres étudiants font vivre ce bâtiment
dédié au savoir, pour les
mêmes raisons pragmatiques.
«J’habite à dix minutes en voiture
», dit Marco, étudiant au même
certificat que Daphné, de plus, l’horaire
de mes cours me permet de
travailler durant le jour.» Le campus
Laval offre en effet la majorité de
ses cours à partir de 18 h ; en se
promenant dans les couloirs, les
étudiants, sans être grabataires,
semblent être plus âgés que la
moyenne croisée dans les couloirs
de Jean-Brillant.
De bonnes conditions
de cours, mais rien
d’autre
Sans hésitation, ces deux étudiants
ont renoncé à la vie étudiante du
campus principal, à ses pubs et promenades
sur la montagne pour des
locaux relativement neufs et bien
entretenus. « Ça, c’était plus à
Montréal, affirme Marco une fois
questionné sur la vie étudiante, ici il
n’y a pas autant de monde dans les
couloirs. De toute façon, je ne viens
ici que pour suivre mes cours .»
La conception intérieure est simple,
mais suffisamment lumineuse et
moderne pour ne pas être froide.
Constitué de dix salles de cours et
d’un amphithéâtre d’une centaine
de places, le campus Laval offre de
bonnes conditions de cours, mais
rien d’autre vraiment.
Bien avant Jean-Brillant, le campus
Laval offrait le sans-fil, mais au total
les services proposés aux étudiants
sont plutôt maigres. Pas de bibliothèque,
un seul ordinateur laissé à
la disposition des étudiants et des
tarifs d’impressions et de photocopies
plus élevés que ceux du campus
principal : le minimum vital.
Ce n’est pas la salle de repas,
quoique bien équipée et disposant
de micro-ondes rayonnants de propreté,
qui retient les étudiants. De
plus, nulle trace de cafés étudiants,
d’affiches de spectacles ou d’appels
à une manifestation dans les couloirs.
Seuls les plans de cours, les
horaires des bus et les publicités
pour différents programmes «décorent
» le couloir aseptisé.
Pas de maîtrise
Est-ce que l’ambiance manque aux
étudiants ? Ça ne semble pas être
l’avis de Catherine, étudiante au certificat
en criminologie, également
détentrice d’un bac en psychologie
à la maison-mère: «L’ambiance est
comme ailleurs, ce qui manque
ça serait des locaux pour faire des
recherches, une bibliothèque.»
Le manque de ressources est un
point négatif du campus de l’Île
Jésus. Si l’on rajoute l’absence de
formations de cycles supérieurs,
l’impression d’isolement donnée
par le bâtiment augmente.
«J’aimerais pouvoir continuer à
la maîtrise, mais ce n’est pas
encore disponible en dehors du
campus principal, peut-être dans
le prochain bâtiment », espère
Catherine. «La maîtrise en santé
et environnement n’est offerte
qu’à Montréal», avance également
Marco.
Un nouvel espoir
C’est en partie sur le nouveau campus
Laval, qui sera en fait un agrandissement
du campus existant,
prévu pour 2012, que certains étudiants
fondent leur espoir. En
construction depuis le 16 octobre
2009, le nouveau bâtiment, situé à
quelques pas de la station de métro
Montmorency, fait face au collège
du même nom et est voisin du
Collège Letendre. Il s’intègre ainsi
dans le complexe de la Cité du
Savoir.
Cette construction, plus vaste,
comportera une bibliothèque et
des bureaux pour les professeurs.
L’optique est ainsi radicalement
différente et on passe de quelques
salles de cours à un vrai campus
offrant des services comparables
aux différents pavillons du boulevard
Édouard-Montpetit.
L’administration s’attend à y recevoir
1 200 étudiants à temps plein
et 3 000 à temps partiel. La place ne
manquera pas, mais le site Internet
qui lui est dédié n’affiche pour
l’instant aucune maîtrise. Toutefois,
le bac en sciences infirmières y
sera offert. Les cycles supérieurs
semblent encore réservés
à l’université de la montagne.