Étudier à grands frais

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Par Pauline Achard
lundi 29 février 2016
Étudier à grands frais
: « Ce n'est pas un exagéré, le cliché est vrai : les Américains sont très forts sur le party dans les universités. » - Frank Lachance
: « Ce n'est pas un exagéré, le cliché est vrai : les Américains sont très forts sur le party dans les universités. » - Frank Lachance
Quartier Libre fait voyager ses lecteurs aux quatre coins de la planète dans une série d’articles qui leur fait découvrir les universités d’ailleurs. Ce numéro-ci : les États-Unis. Entre débats politiques et cocktails, dans un pays où étudier coûte cher, chaque université cherche à se démarquer et les campus s’apparentent à de véritables petites villes.

«Mon campus était comparable à un village, car tous les étudiants y résidaient », raconte l’étudiant au baccalauréat en science politique Jason Hyonne, parti en échange à l’Université d’État de l’Oklahoma. Les campus américains sont de vrais microcosmes, conçus pour favoriser la vie étudiante et fonctionner de façon autonome.

« Sur le campus il y avait l’Union étudiante, une clinique médicale, une librairie, des terrains sportifs, le tout à une quinzaine de minutes à pied », abonde l’étudiant au baccalauréat en communication et politique Frank Lachance, parti étudier à l’Université d’État de Californie à San Bernardino. Les associations étudiantes occupent également une place importante, comme les sororités et les fraternités, reconnues pour leur caractère festif, mais aussi pour leur capacité à créer un réseau professionnel.

Étant donné l’étendue du territoire, le fonctionnement et la taille des universités peuvent totalement changer d’un établissement à l’autre, d’après le professeur au Département d’histoire de l’UQAM Greg Robinson. « Dans certaines universités des grandes villes telles que l’Université de New York, le campus est plutôt constitué d’un ensemble de bâtiments », explique-t-il, en comparant l’Université de NYC à l’UQAM.

De riches échanges

L’enseignement diffère peu de celui dispensé au Québec, mais privilégie une proximité entre les enseignants et leurs étudiants. Selon l’étudiante au baccalauréat en science politique Jade El-Khoury, qui a aussi étudié à l’Université d’État de Californie, cette proximité est moins présente au sein des universités québécoises. « Le nombre d’étudiants ne dépasse pas la trentaine, alors la relation entre l’étudiant et le professeur devient beaucoup plus personnelle », constate-t-elle.

Les cours ont souvent lieu sous forme de séminaires ou en petits groupes, plutôt qu’en amphithéâtre. « Il y a beaucoup d’échanges entre les élèves et les enseignants, note Frank. Il ne faut pas avoir la langue dans sa poche si on veut bien réussir ! »

Une scolarité dispendieuse

Les universités américaines ont beau se différencier en fonction de l’état et de leur prestige, leur prix est en revanche toujours élevé. Le coût d’une année scolaire pour un étudiant américain est au minimum de 10 000 $ US (13 867 $ CA) dans les établissements publics ou privés [NDLR : ces frais ne sont pas applicables aux élèves en échange, qui paient leurs droits de scolarité à l’UdeM]. « Économiser pour les études de son enfant dès son plus jeune âge est une habitude pour les familles américaines, mais la dynamique repose surtout sur un système de prêts bancaires et de bourses », précise M. Robinson.

D’après le professeur, ces prix expliquent aussi l’esprit compétitif des Américains. « Le système classe beaucoup plus les étudiants entre eux qu’au Québec, explique-t-il. Cela leur met davantage de pression pour la réussite scolaire. »

Année d’élections

Selon Jason, Jade et Frank, les étudiants et les professeurs américains sont plus politisés que ceux des universités québécoises. « Être républicain est une tradition familiale dans la campagne de l’Oklahoma et presque tout le monde possède une arme à feu même si, sur mon campus, les jeunes avaient plus tendance à voter démocrate que dans le reste de la population », explique Jason.

Les débats vont aussi bon train dans les salles de cours, selon Frank. « Les professeurs n’hésitent pas à demander aux étudiants pour qui ils voteront lors des élections présidentielles, ainsi qu’à donner leur avis sur la question », s’étonne-t-il. Pour sa part, il a remarqué un certain intérêt de la part de ses camarades pour le candidat démocrate à la présidentielle Bernie Sanders.

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