Étudiants en trop ?

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Par Dominique Cambron Goulet
mercredi 1 octobre 2014
Étudiants en trop ?
illustration : Mélaine Joly
illustration : Mélaine Joly
Depuis six ans, octobre est le Mois des diplômés à l’UdeM. En plus des nombreuses collations des grades qui auront lieu durant le prochain mois, plusieurs activités sont organisées spécialement pour les diplômés de l’Université. Une communauté qui ne cesse de grandir puisqu’en 2013, les différentes facultés ont décerné 11 813 diplômes, dont 5003 baccalauréats. Est-ce trop ?

« Est-ce qu’on a besoin que tout le monde aille à l’université ? Je réponds à ça non, on a besoin de différents types de formation »,
a soulevé le recteur Guy Breton lors d’une entrevue accordée à l’émission radiophonique de Quartier Libre sur les ondes de CISM le 26 septembre
dernier. En parlant des récentes coupes du gouvernement dans le milieu universitaire, M. Breton a clairement mentionné qu’il serait impossible de maintenir
la quantité et la qualité avec des ressources limitées. « Moins de ressources finit par toucher soit la qualité soit la quantité, a-t-il souligné . Moi je veux préserver la qua­lité. »

Il faut bien sûr préserver la qualité de l’enseignement. Et avec le système actuel de financement de l’éducation, on ne peut se permettre que tout un
chacun fréquente l’uni­versité. Par contre, que tout le monde aille à l’université n’est-il pas un idéal qu’il faut viser ? Si les recteurs commencent déjà
à oublier cet idéal d’éducation à cause de soucis pécuniaires, le Québec aura-t-il les moyens de réaliser ses ambitions en tant que société ?

Bien sûr, tout le monde ne souhaite pas aller à l’université ni ne veut exercer un métier qui nécessite une formation universitaire. Comme nous le démontre
l’article de notre journaliste Lindsay-Anne Prévost « Du crayon aux boulons », certains
étudiants quittent les bancs de l’université pour obtenir un diplôme d’études professionnels (DEP). Les personnes qui se réo­rientent ainsi font ce choix
afin d’obtenir un emploi qui cadre mieux avec leur personnalité. Toutefois, leur formation collégiale et universitaire restera un atout par rapport aux
autres professionnels de leur milieu.

À l’instar de la formation générale du cégep, un diplôme universitaire permet d’acquérir des compétences qui sortent de la disci­pline d’études, que ce
soit des capacités de recherche et d’analyse plus poussées, ou encore des habiletés d’écriture.

Si l’employeur a des contraintes budgétaires, le diplôme universitaire peut être une lame à deux tranchants puisqu’un employé plus éduqué obtiendra en
général un salaire plus élevé. Mais les employeurs sont souvent prêts à payer plus cher un employé qui possède des compétences transversales.

Un diplôme utile

Il est donc impératif de vouloir former un ­maximum d’étudiants universitaires.

Il y a exactement 50 ans, le ministère de l’Éducation du Québec était créé, notamment pour faire augmenter le taux de diplomation secondaire qui se situait
aux environs de 13 %. Celui-ci atteint aujourd’hui plus de 75 %.

C’est pourquoi, en 2014, il est rendu très difficile de se trouver un emploi avec seulement avec un diplôme d’études secondaires. De même, personne
n’entame un diplôme d’études ­collégiales en sciences humaines en pensant se trouver un emploi directement après. Le taux de diplomation du secondaire
est-il trop élevé ? Formons-nous trop de cégépiens ? Bien sûr que non !

Alors pourquoi se pose-t-on cette même question lorsque l’on parle de l’université ? Le fait qu’un baccalauréat ne garantisse pas un emploi ne signifie pas
qu’il y a trop d’étudiants, cela démontre que notre société évolue. Il suffit que les attentes des étudiants évoluent et cessent de voir dans l’université
une fin en soi.

Le pourcentage de la population ayant au moins un diplôme universitaire a pratiquement doublé entre 1990 et 2012, passant de 15,2 % à 29,9 %.

Ce taux peut encore augmenter, j’en suis certain. Mais il faudrait arrêter de couper à grands coups de millions dans les universités.