Nouvellement inscrite dans le programme, Anna Mapachee fait partie de la trentaine d’étudiants qui inaugurent la mineure en études autochtones. Elle est Algonquine, originaire de la communauté de Pikogan, près de la ville d’Amos en Abitibi-Témiscamingue. Après avoir été un peu désorientée à son arrivée à l’UdeM, Anna se sent plus à sa place maintenant qu’elle côtoie enseignants et étudiants autochtones. « C’est drôle à dire, mais je ne me sens plus seule », confie-t-elle. Pour elle, un professeur ayant vécu comme elle en communauté autochtone est plus à même de communiquer cette réalité.
« Ce n’est pas facile, car depuis le début de la session, nous apprenons des informations qui déconstruisent les connaissances et [les] discours véhiculés dans la population générale », explique l’étudiante à la mineure en études autochtones Élise Blais-Dowdy. Selon elle, ce programme va lui permettre d’être outillée pour défaire certains préjugés circulant dans la société. « Je suis déjà infirmière et je vois cette formation comme une façon d’enrichir ma pratique et peut-être me donner l’occasion de travailler dans des communautés autochtones », précise-t-elle.
Pour la directrice de ce nouveau programme d’études, Marie-Pierre Bousquet, cette formation permet aux étudiants de s’ouvrir à la culture des peuples autochtones. « Avec 350 millions d’autochtones dans le monde, nous avons tous de fortes chances de travailler un jour avec eux, il est donc important d’avoir quelques connaissances », assure-t-elle.
Un temps de retard
Nouveau à l’UdeM, le programme ne compte pourtant pas parmi les précurseurs à ce chapitre. À Montréal, l’Université McGill propose une mineure consacrée aux études autochtones depuis l’automne 2014 et Concordia offre depuis 2013 cette spécialisation à la majeure. « L’UdeM ne s’était [jusqu’alors] jamais véritablement intéressée aux études autochtones tout en ayant quand même de grands spécialistes connus dans leur propre domaine », indique Mme Bousquet.
À l’ouest du pays, on retrouve des programmes bien implantés dans les cursus ou en voie de l’être. À l’Université de Winnipeg, une proposition a été portée par l’association étudiante dans le but de rendre obligatoire au moins un cours consacré aux études autochtones pour l’obtention du diplôme dans les premiers cycles. La mesure devrait prendre effet à l’automne 2016.
Il faut toutefois noter qu’il y a une plus forte concentration d’Autochtones dans l’ouest. « Au sein des provinces, c’est au Manitoba et en Saskatchewan qu’on retrouve les plus grandes proportions d’Autochtones », rappelle Mme Bousquet. Ces derniers représentent respectivement 16,7 % et 15,6 % de la population contre 1,8 % au Québec. Cet écart pourrait en partie expliquer le plus grand nombre de programmes en études autochtones dans ces provinces.
Des services adaptés ?
Quelques services pour étudiants autochtones sont également disponibles à l’UdeM. En plus des options déjà existantes comme la bourse de soutien financier ou le cercle autochtone Ok8api, un encadrement en français dispensé par une tutrice autochtone au Centre de communication écrite a été instauré cette année. « Depuis qu’on affiche [l’offre des services pour autochtones], j’ai peut-être eu quatre ou cinq étudiants qui m’ont contacté ou qui sont venus à mon bureau », indique le coordonnateur du Carrefour SAE, Yannick Nantel. L’achalandage reste donc relativement faible.
Pour Mme Bousquet, le programme peut déjà se féliciter d’avoir dépassé ses objectifs d’admission pour la première année. Une belle percée pour ce nouveau petit cursus de l’UdeM.