Es-tu en manque ?

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Par Pascaline David
mardi 5 avril 2011
Es-tu en manque ?

Voilà une question que je m’abstiens de poser aux gens qui m’entourent parce que franchement, je ne voudrais pas manquer de délicatesse.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, et au risque de perdre quelques lecteurs de haut calibre, voici une énumération d’individus qui ne seront pas évoqués dans cet éditorial : Justin Bieber, Michael Ignatieff, Jack Layton, Gilles Duceppe et Jean Charest.

En ce début de printemps floconneux, le paysage politique transpire, suinte, sécrète et exsude sans éclat. Constat : cette situation fait suer bon nombre de Québécois.

Toutefois, la pelouse n’est pas plus verte chez le voisin. Rappelons que le Moyen-Orient est encore à feu et à sang, que l’Asie se remet d’un tsunami, que les Américains sont gros et que les perspectives d’avenir des Mexicains et des Africains sont plutôt tragiques.

Ce très rapide tour d’horizon national, provincial et international tend à montrer qu’il fait chaud presque partout sur la planète, bien qu’à différents degrés.

Un journaliste scientifique affirmait récemment, un verre d’Orangina à la main, que les femmes étaient les grandes responsables du réchauffement planétaire. « S’il y a autant d’émissions de gaz à effet serre, disait-il, c’est un peu de leur faute.» Selon lui, l’abondance de véhicules polluants sur les routes du monde entier est due au fait que les femmes se laissent impressionner par des hommes bien équipés.

Le raisonnement du collègue va ainsi : dans les pays développés, beaucoup d’énergie et d’argent sont dépensés dans une optique d’optimisation de la vie sexuelle. Ayant comblé ses besoins primaires, l’humain cherche, via la consommation, à s’arroger certains signes sociaux de prestige, à se couronner de succès, pour ainsi maximiser la quantité d’opportunités concernant la satisfaction de sa libido. Autrement dit, presque tout ce que l’homme fait, il le fait pour baiser. Et l’ultime objet de séduction reste l’utilitaire sport, beaucoup plus sexy qu’une passe de transport en commun. Le réchauffement climatique serait ainsi une conséquence indirecte de la volonté de puissance, elle-même reliée au potentiel sexuel et plus précisément à l’objet de désir par excellence : la femme et tout ce qu’elle implique de volupté.

Ce raisonnement est farfelu et erroné dans sa prémisse. Tout le monde sait que du point de vue mondial, les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre sont l’agro-industrie et la production énergétique, qui concernent autant les hommes que les femmes. Il s’agit tout de même d’un excellent sujet de conversation, surtout en présence d’amis gais [NDLR : cet argumentaire apparaît hétérocentriste].

Soleil, vitamine D et testostérone

Le printemps est là, l’été approche, les filles commencent à penser à se dénuder, les mecs commencent à parler de décolletés. Au Québec, même si la chaleur tarde à s’installer, tout le monde se prend à rêvasser.

Tandis que les élections fédérales battent leur plein et que les étudiants menacent de prendre la rue, plusieurs quidams parlent de mini-jupes avec leurs yeux. Quelques filles se permettent des envolées lyriques sur le retour de la dentelle dans les garde-robes estivales. Au Québec, il faudra attendre juin ou juillet parce qu’en avril, ça aurait l’air débile.

Que se passe-t-il au printemps ? Chez les femmes, rien de vraiment plus que lors du restant de l’année. C’est connu, l’humeur et le désir sexuel des femmes se bouleversent en fonction des variations de leur taux d’oestrogène, phénomène cyclique qui n’a rien à voir avec la température, plutôt avec la maternité. Chez les hommes, la situation est radicalement différente et cela est dû à une forme de sensibilité toute particulière.

Il semble exister une relation causale entre exposition au soleil, production de vitamine D et sécrétion de testostérone. Une étude menée à l’Université de médecine de Graz en Autriche démontre qu’après exposition solaire, le taux de testostérone (principale hormone sexuelle des mammifères mâles, s’il faut le préciser) présent dans le sang peut grimper de de 69 % [NDLR: Voilà une drôle de coïncidence, lorsque l’on sait à quoi ce nombre est associé]. Sachant que la concentration de testostérone est en moyenne de 40 à 60 fois plus élevée dans le corps masculin que dans le corps féminin, l’exubérance des moeurs masculines au printemps serait tout à fait justifiée, à condition qu’il ne pleuve pas.

Toute cette démonstration éclaire un propos tenu par Dany Laferrière: «[Au printemps], l’homme devient un arbre qui marche.» Voilà une riche association entre la sève et la testostérone. Pendant que la cuvée 2011 de sirop d’érable nous fait saliver, les hommes se laissent facilement déconcentrer par la cuisse d’à côté. Les femmes se laissent désirer, tenter, ou indiquent aux représentants du sexe masculin d’aller se faire rééduquer.

Une récente étude de Pierre Langis, professeur de psychologie au Cégep de Drummondville, effectuée auprès d’étudiants âgés de 17 à 20 ans, révèle le potentiel d’incompréhension entre les sexes. Les jeunes femmes reprochent entre autres aux jeunes hommes d’être trop portés sur l’apparence des filles et sur le sexe, alors que ces derniers en veulent à celles-ci d’être idéalistes en amour et d’exprimer leur désir sexuel de façon indirecte.

Au cas où vous n’auriez pas vu passer la nouvelle, des scientifiques de l’Institut Weizmann en Israël ont découvert que les signaux chimiques présents dans les larmes d’une femme n’affectaient pas le niveau d’empathie de leur partenaire, mais qu’elles en réduisaient considérablement l’excitation sexuelle. «Je ne dis pas que je recommande aux femmes de pleurer pour envoyer un message, a commenté l’un des chercheurs. Ça serait beaucoup mieux de dire non.»

La sexualité, allez savoir pourquoi, c’est compliqué. Il est dit, dans toute l’histoire de l’humanité, que l’homme et la femme sont complémentaires. À y regarder de plus près, en termes d’écologie (effet de serre), de physiologie (besoins, fréquences, cycles) et de psychologie (communication, larmes), l’homosexualité semble bien mieux adaptée (modernité).

Qu’en pense Stephen Harper ?