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En 2013, le Québec a reconnu l’économie sociale officiellement en votant une loi visant à soutenir et à établir le rôle du gouvernement en matière d’économie sociale. Photo : pxhere.com

Entreprendre différemment

Théo Corboliou, Guillaume Campeau et Guillaume Bourque sont diplômés de l’UdeM ou de HEC, et ont fondé leurs entreprises écoresponsables à la sortie de l’Université. Ils ont décidé de tenir compte d’objectifs liés à l’écoresponsabilité : l’environnement, la démarche sociale et la réussite économique.

« Le but de notre activité est de permettre aux entreprises d’avoir un impact social, souligne Théo Corboliou, cofondateur avec Guillaume Campeau de Give-a-Seat. Avant tout, il s’agit de les convaincre d’être dans une perspective socio-environnementale. » Leur entreprise revend à moitié prix des billets invendus d’évènements sportifs ou culturels montréalais puis reverse 80 % des recettes à une œuvre caritative choisie par les organisateurs des évènements.

Pour Théo, le vrai défi de l’entrepreneur social aujourd’hui ne consiste pas seulement à œuvrer pour l’environnement. « Il faut être capable de créer de la valeur tout en ayant un impact positif », précise-t-il, en ajoutant que cela implique un effort autant individuel que collectif.

Changer la socitété

Pour Guillaume Bourque, cofondateur de Haumana, être conscient de l’environnement permet d’aborder le commerce d’une manière différente. « Nous optons pour l’entrepreneuriat social parce qu’il s’agit pour nous d’une façon soutenable de faire un réel changement dans la société et de donner une autonomie aux acteurs présents dans le secteur », explique-t-il.

Son entreprise fabrique des barres de céréales à base de poudre de fruit de baobab, en partenariat avec une coopérative d’agricultrices sénégalaises, puis confectionne les barres à la main, à Montréal. « On veut démontrer aussi que c’est possible, et même essentiel, de réaliser des affaires différemment, ajoute-t-il. Pour nous c’est tout simplement du bon sens. »

Selon Guillaume Bourque, pour être véritablement respectueux de l’environnement en tant qu’entreprise, il est nécessaire que les partenaires ou fournisseurs soient en accord avec les valeurs de l’écoresponsabilité. « C’est à nous d’être vigilants, conclut-il. C’est une dimension sociale très forte. »

photo illustration coline

Innover pour entreprendre

« Le défi de ces entreprises, c’est de convaincre les consommateurs de la valeur du produit ou du service proposé », déclare le maître d’enseignement au Département d’entrepreneuriat et innovation de HEC, Fabian Moreno. Selon lui, la dimension sociale est devenue très importante chez les consommateurs et elle augmente la valeur des produits.

Pour M. Moreno, les entrepreneurs écoresponsables doivent réussir le pari de l’innovation. « Cela nous oblige à revoir notre façon de faire, précise-t-il. Il faut repenser les emballages, repenser les produits, tout repenser. Il faut être plus créatif et innover. »

Il rappelle que les changements climatiques et la gestion des déchets deviennent des problèmes à moyen terme pour la planète, notamment en ce qui concerne l’exploitation du pétrole et les émissions de carbone. « À HEC, nous prenons cette question très au sérieux et nous avons créé des cours qui portent sur l’entrepreneuriat social et l’écoresponsabilité, détaille-t-il. On arrive à un moment où l’on doit penser le changement. » Selon lui, cette tendance devient la norme dans le marché de la consommation.

Une tendance contrastée

Un récent sondage* révèle que 41 % des entreprises en 2017 étaient sensibilisées aux thématiques économiques, environnementales et sociales, contre 53 % en 2013. Et 24 % des entreprises ont adopté des pratiques de développement durable, contre 47 % en 2013.

M. Moreno dit regretter ces chiffres. « Ça me touche énormément, on est loin de faire les efforts comme il faut pour réduire la pollution planétaire, commente-t-il. Ces chiffres montrent peut-être, et c’est une hypothèse risquée, qu’il y a une confrontation entre plusieurs générations d’entrepreneurs. »

Vers une nouvelle norme ?

D’après le cofondateur d’Haumana, Guillaume Bourque, c’est en se questionnant sur ses propres façons de consommer qu’on en vient à se questionner sur ses valeurs sociales. « Je ne pense pas qu’il y ait de limites, affirme-t-il. Si tu penses toujours à la façon dont ton entreprise va avoir un impact sur la planète ou sur la société, tu peux anticiper ce que tu veux. » Il estime qu’avec le temps, les nouvelles façons de s’alimenter, de consommer ou de produire deviendront des standards de qualité pour les entreprises.

*Sondage du ministère de l’Économie sur le développement durable réalisé auprès des entreprises du Québec publié en décembre 2018.

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