Le manque de professeurs et la volonté de travailler ensemble pour le bien de l’université: voilà le consensus qui a émergé du Sommet de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) organisé le 25 octobre à Montréal. Les représentants, venus des milieux étudiants, professoraux, politiques et de direction, sont restés sur leurs positions à propos du financement des universités et du positionnement de celles-ci par rapport au milieu des affaires.
Alors que tout le monde a en tête le Sommet sur l’Enseignement supérieur promis par le Parti québécois, celui de la FQPPU a été l’occasion de faire le point sur les enjeux déterminants pour l’avenir des universités. Mais, si tous dénoncent le manque de professeurs et la dévalorisation de l’enseignement vis-à-vis de la recherche, les panélistes de la table ronde du matin consacrée au financement des universités ne s’entendent pas sur la façon d’y remédier.
Les universités québécoises sont-elles mal ou sous financées ? Pour le président de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec, Daniel Zizian, la question ne se pose pas. «Il est clair que les universités souffrent d’un grave problème de sous-financement. C’est documenté », affirme-t-il. Faux, rétorque l’ancien porte-parole de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois. «Il y a plus d’argent pour les universités au Québec qu’il n’y en a jamais eu. Si on regarde ce que le Québec investit par étudiant, il n’y a que les États-Unis et la Corée du Sud qui font mieux au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques », ajoute-t-il .
Sortir de la grille Excel
Le problème du financement des universités québécoises est aggravé par la logique à court terme qui prévaut actuellement, selon le président du Comité de la FQPPU sur le financement universitaire, Michel Umbriaco. « Les recteurs ne sont pas des ennemis, soutient-il. Ils sont pris dans le sandwich, alors ils font des quick fix, mais cela engendre des effets pervers au bout d’un moment. » La présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, met l’accent sur la nécessité de sortir du cadre politique et du cadre uniquement comptable. « Il faut être capable de sortir de la grille Excel», soutient-elle. Elle dénonce aussi l’influence croissante du principe d’utilisateur- payeur.
Pour financer les universités, le recours aux partenariats avec le privé ne fait pas l’unanimité. M. Umbriaco constate une baisse du financement privé ces cinq dernières années et, parallèlement, une compétition accrue entre les universités et les facultés d’une même université. Quant à la troisième vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux, Denise Boucher, elle pense qu’à la lumière des révélations de la Commission Charbonneau, «on ne devrait peut-être pas trop en mettre dans les mains du privé.» Si les divergences d’opinions persistent entre les panélistes, c’est que le clivage est d’ordre idéologique. «Vat- on continuer de s’entraider en tant que société ou aller de plus en plus vers le principe d’utilisateurpayeur? » s’est interrogée la co-chef de Québec solidaire, Françoise David.
Le prochain Sommet sur l’Enseignement supérieur sera donc l’occasion de discuter de ce que le Québec souhaite comme université. L’animatrice de la table ronde, la journaliste Josée Legault, a conclu le débat sur un « bonne chance » adressé au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne .