En toute logique, vous êtes GROS

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Par Sebastien.Bouthillier
mardi 12 octobre 2010
En toute logique, vous êtes GROS

Le Canada se classe au sommet du palmarès des pays dont la population compte le plus d’obèses, mais d’autres pays pèsent de plus en plus lourds, selon une étude d’envergure internationale parue le 23 septembre dernier. Intitulée L’obésité et l’économie de la prévention: Objectif santé, l’étude commandée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dresse un lien entre l’embonpoint et l’économie.

Les Canadiens se classent parmi les membres les plus lourdauds de l’OCDE, avec 24 % d’adultes obèses en 2008 (60 % si on inclut ceux qui souffrent d’embonpoint). Seuls les Américains (34 %), les Mexicains (30 %) et les Néo-Zélandais (27 %) comptent plus d’obèses. Ceux-là, auxquels on ajoute les habitants de l’Australie et de l’Angleterre, voisinent également plus de la moitié de leurs concitoyens en état d’embonpoint, dans le meilleur des cas, ou obèses, dans le pire.

Les Québécois ont de quoi se sentir légers… seuls 47 % d’entre eux sont aux prises avec l’embonpoint, dont 12,5 % d’obèses. Mais statistiquement parlant, ils sont loin de faire le poids en matière de surcharge pondérale vis-à-vis de certains Asiatiques. En effet, les adultes les plus légers sont les Japonais, les Coréens, les Indonésiens et les Chinois. L’OCDE évoque une épidémie mondiale et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en rajoute. Selon cette dernière, 2,3 milliards d’adultes vivront avec un surplus de poids avant 2025, dont 700 millions d’obèses. De leur côté, 20 millions d’enfants souffriront de surpoids avant d’avoir soufflé cinq bougies.

Cure minceur

L’OCDE propose l’adoption d’une stratégie nationale de lutte contre l’embonpoint. Parmi les mesures évoquées, certaines semblent irréalistes. Ainsi, doutons de voir disparaître les publicités des chaînes de restauration rapide. Tout l’argent qu’investit le géant aux arches dorées auprès des firmes de marketing et des médias qui diffusent ses publicités constitue aussi un apport économique à la société. De même, il paraît invraisemblable que l’industrie de la malbouffe adopte un code d’éthique pour s’autoréglementer. La mesure qui a le plus de chance de succès serait un étiquetage obligatoire de tous les produits. Mais c’est sans compter que l’industrie agro-alimentaire forme un puissant lobby qui veille à ses intérêts.

La mesure fiscale proposée par l’OCDE semble plus réaliste. L’idée consiste à taxer la malbouffe et subventionner la bonne bouffe. Le sac de croustilles à grignoter en écoutant un match de hockey coûterait alors plus cher, tout comme les boissons gazeuses. En revanche, les prix des fruits, des légumes ou des noix seraient abaissés en dessous de leur coût habituel grâce à une subvention afin d’encourager leur consommation.

Au Québec, la Coalition Poids calcule qu’une taxe d’un sou prélevée sur les ventes de sodas et de boissons sucrées permettrait l’accumulation d’une cagnotte de 8,6 millions de dollars par année. Ce montant paierait des activités d’information visant un mode de vie sain.

Enfin, la médecine jouerait un rôle important dans ces mesures. Les auteurs de l’étude, des experts en santé publique et des économistes spécialisés dans l’approche coûts-bénéfices en santé, préconisent que chaque individu souffrant d’embonpoint soit personnellement suivi par un médecin ou un diététicien. Or, 40 % des Québécois étant dépourvus de médecin de famille… cette idée semblent la moins réalisable dans un avenir approché.

Quelles que soient les mesures retenues, il importe de mettre en place une stratégie nationale. En effet, l’obésité retranche une décennie environ à l’espérance de vie, comme nous l’apprennent les auteurs de l’étude. Au Canada, 40000 décès par année sont attribuables à la surcharge pondérale.

Ils sont pourtant évitables.