En tête-à-tête

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Par Nicolas Jeanneau
vendredi 19 octobre 2018
En tête-à-tête
Le Bureau de la valorisation de la langue française a été créé en 2014, sous l'impulsion du recteur Guy Breton. Crédit photo : Romeo Mocafico
Le Bureau de la valorisation de la langue française a été créé en 2014, sous l'impulsion du recteur Guy Breton. Crédit photo : Romeo Mocafico
Pour la deuxième année consécutive, l’UdeM met en place un programme de jumelage linguistique. D’après la vice-rectrice associée à la langue française et à la francophonie, Monique Cormier, ce type de mentorat développe une méthode d’apprentissage complémentaire pour progresser en français à l’oral.
« Habituellement, j’hésite beaucoup pour m’exprimer à l’oral, mais je sens déjà que le jumelage améliore ma confiance et ma prononciation. »
Roshan Elizabeth Rajan Étudiante-chercheuse en biologie moléculaire

L’annonce publiée le 1er octobre dernier sur le site du Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie de l’UdeM pose les grandes lignes du projet. Le programme de jumelage linguistique propose d’associer des étudiants francophones à des étudiants-chercheurs étrangers inscrits aux cycles supérieurs.

Le rôle du mentor est d’accompagner son mentoré dans un apprentissage progressif de la conversation orale en langue française. Une dizaine d’étudiants mentors sont chargés de suivre le double d’étudiants-chercheurs, issus de treize pays différents et rattachés à divers départements d’études.

Expérience mutuelle

« Habituellement, j’hésite beaucoup pour m’exprimer à l’oral, mais je sens déjà que le jumelage améliore ma confiance et ma prononciation », confirme l’étudiante- chercheuse en biologie moléculaire Roshan Elizabeth Rajan, qui a rejoint le programme à l’automne 2018 pour le lancement de cette deuxième année. « Ma mentore m’a donné des astuces pour mieux distinguer les mécanismes de la langue, et c’est pour moi une alternative à la compréhension du français parlé dans un contexte particulier, confie Roshan. Lorsque je suis allée à l’épicerie, j’ai pu me servir de ces techniques. »

La mentore de Roshan et étudiante au baccalauréat d’enseignement du français, Marlène Larochelle explique qu’elle voit sa mentorée deux heures par semaine. « On me demande aussi de passer du temps supplémentaire pour préparer sérieusement les rencontres avec elle. »

Fructueux pour Roshan, le jumelage l’est aussi pour sa mentore Marlène, qui voit dans cette expérience une occasion de découvrir l’enseignement destiné aux adultes.

Selon Mme Cormier, la sélection des mentors est assurée par un entretien et valorise notamment l’expérience en enseignement. Cette dernière concède que le jumelage linguistique ne remplace pas les cours de français, mais qu’il apporte un apprentissage complémentaire. Son objectif de départ est d’apprendre au mentoré à fonctionner minimalement en français au sein de la communauté universitaire, afin de faciliter ses actions au quotidien et l’interaction avec les autres étudiants.

Rémunérés par le programme, les mentors doivent compléter le temps d’échange par deux heures de préparation, pour un total de quatre heures de travail chaque semaine. « En plus de rencontrer leur mentoré directement sur son lieu de travail, ils doivent aussi fournir un rapport hebdomadaire à la coordonnatrice du jumelage et traiter avec elle des éventuels problèmes d’apprentissage que le duo peut rencontrer », précise Mme Cormier.

Un modèle inédit

Pour Mme Cormier, le projet présente quelques particularités. « Ici, le duo doit au contraire suivre des objectifs précis, spécialement adaptés au niveau de langue du mentoré à son arrivée dans le programme, détaille la vice-rectrice. Cet apprentissage structuré sur le long terme s’échelonne sur une période de 20 semaines. » Une évaluation de chaque mentoré est prévue au début et à la fin du programme, en vue de mesurer les progrès effectués au cours de l’année.

Une dynamique d’échanges

Inspirée d’un projet pilote codirigé par le Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie et la Chambre de commerce du Montréal métropolitain à l’automne 2017, l’idée du programme a été reprise par l’UdeM pour être adaptée à ses étudiants.

« C’est l’Université qui a servi de laboratoire pour penser la première version du programme avec la Chambre de commerce, explique Mme Cormier. Au vu de la grande réussite et des excellents résultats de cette première version, destinée aux petits commerçants de Côte-des-Neiges*, nous avons voulu réorienter la formule vers la communauté universitaire. » D’après la vice-rectrice, le programme, implanté à l’UdeM pour la première fois à l’automne 2017, a obtenu le même succès.

* Quartierlibre.ca, « Dons de français », 27 janvier 2017