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La colistière démocrate Kamala Harris au vice-président conservateur Mike Pence.

Élections américaines : qu’attendre du débat vice présidentiel entre Pence et Harris ?

Quartier Libre : Pourquoi devrions-nous faire attention à ce débat vice-présidentiel ?

Julie-Pier Nadeau : C’est certain que ce débat attire moins l’attention que les débats présidentiels, mais il mérite de s’y attarder pour plusieurs raisons. Premièrement, il ne faut pas oublier que les deux candidats à la présidence sont relativement âgés, Donald Trump a 74 ans et Joe Biden, 77 ans. Il est important de porter attention à qui pourrait les remplacer s’ils ont des problèmes de santé ou s’ils venaient à décéder. On ne leur souhaite pas, mais à leur âge, c’est quelque chose qui doit être pris en considération.

Après le débat de la semaine dernière, cela sera peut-être l’occasion de mieux comprendre les plateformes des deux parties. Ce débat risque d’être plus substantiel. De plus, Mike Pence est à la tête de l’équipe qui s’occupe de la gestion de la pandémie aux États-Unis, il est susceptible de faire face à de nombreuses critiques. Il est moins présent que le président Trump dans les médias, mais cette fois-ci, il sera à l’avant-plan et ce sera intéressant de voir comment il va se défendre. 

Q.L. : Quelle pourrait être l’incidence de ce débat sur le résultat final de l’élection ?

J-P.N. : Une incidence très faible, mais comme pour les débats présidentiels.

Il faut savoir qu’avant la série de débats, il restait entre 2 % et 6 % d’indécis dans l’électorat, ce qui représente très peu de personnes n’ayant pas encore fait leur choix pour l’élection. Donc le débat n’aura pas une grande incidence sur le choix du candidat. En revanche, il peut y avoir une incidence sur la décision d’aller voter ou non. Si les candidats font un bon travail, cela pourrait inciter les électeurs à se déplacer pour aller voter, ou bien à voter par la poste. C’est là-dessus que le débat peut jouer, mais clairement, on ne s’attend pas à de grands bouleversements.

Je voudrais également préciser qu’il y a des électeurs qui ont déjà voté, ce ne sont pas tous les électeurs qui votent le 3 novembre, encore moins cette année. Plus on avance dans le temps et moins les débats auront une incidence sur l’issue du vote, tout simplement car ça influence moins de votes.

Q.L. : Qu’est-ce que l’on doit savoir sur les deux candidats à la vice-présidence avant de regarder ce débat ?

J-P.N. : Kamala Harris est une ancienne procureure. C’est important, car ça va se refléter dans son style. Elle a tendance à talonner son adversaire sur un point et ne lâche rien jusqu’à obtenir une réponse. On l’a vu lors d’audiences au Sénat, notamment celle de Brett Kavanaugh*, où elle avait talonné ce dernier sur certains points de son parcours. Donc son passé de procureure influence son style oratoire, et dans son cas, c’est une force.

Mike Pence est l’acteur sous-estimé de cette campagne, il est un peu la figure de l’ombre. Il n’était pas le politicien le plus connu avant d’être vice-président. Il faut savoir qu’il est très conservateur et qu’il permet à Donald Trump de garder une bonne partie de l’électorat évangélique. C’est d’ailleurs l’un de ses atouts. Cependant, il n’est pas la personne la plus charismatique, il est très stoïque. Il est aussi très posé comme personne et ça peut l’aider contre Kamala Harris, parce qu’il n’est pas quelqu’un qui semble s’emporter facilement.

Kamala Harris est bien plus progressiste, donc le débat d’idées entre les deux risques d’être très intéressant. On pourrait assister à un clash idéologique.

Q.L. : Quels sont les objectifs des deux candidats à la vice-présidence pour ce débat ?

J-P.N. : Kamala Harris pourrait essayer de faire ressortir le côté très conservateur de Mike Pence pour tenter de convaincre les franges plus progressistes de l’électorat d’aller voter pour les démocrates. C’est une occasion pour elle de montrer un certain dynamisme, elle est plus jeune que Joe Biden et c’est un avantage de montrer une certaine vitalité.

Du côté de Mike Pence, l’objectif sera sûrement de se faire rassurant, de véhiculer l’image d’une administration qui est en contrôle, spécifiquement sur l’enjeu de la COVID-19, car il est sans doute celui qui est le plus à même de défendre la stratégie de l’administration. Il doit vendre l’idée de quatre autres années d’administration Trump, montrer qu’il y a eu des succès dans cette administration et que la meilleure trajectoire pour le pays est de continuer avec la même équipe au pouvoir.

Q.L. : Est-ce que l’importance de la vice-présidence est parfois sous-estimée ?

J-P.N. : On accorde en général peu d’attention au poste de vice-président, pourtant, la personne en place peut avoir un rôle très important à jouer. Joe Biden, qui a été le vice-président de Barack Obama, et Dick Cheney, le vice-président de George W. Bush, avaient énormément de responsabilités. Joe Biden était responsable d’une partie de la mise en œuvre du plan de relance face à la crise de 2008, et Dick Cheney était responsable d’une partie de la politique étrangère des États-Unis sous George W. Bush. Donc ce sont des candidats qui restent dans l’ombre, mais qui ont plus de responsabilités qu’on ne le pense.

 

* Brett Michael Kavanaugh est un juge fédéral américain qui siège à la Cour suprême des États-Unis depuis le 6 octobre 2018. Kamala Harris, avec d’autres sénateurs, l’a interrogé lors de son audience de nomination à la Cour suprême après qu’il ait été nommé par le président Donald Trump. 

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