El Baradei, héraut ou héros ?

icone Societe
Par Clementine.Roussel
mardi 22 février 2011
El Baradei, héraut ou héros ?

Scandale

Mohammed El Baradei se trouve au coeur de la crise des armes de destructions massives irakiennes en 2003. Il est alors responsable de présenter les rapports de l’AIEA au Conseil de sécurité des Nations Unies. En septembre 2009, il est montré du doigt par Bernard Kouchner et accusé par le ministère des Affaires étrangères français ainsi que par Israël d’avoir fait retirer l’annexe d’un rapport de l’AIEA contenant des informations importantes sur la nucléarisation de l’Iran.

L’AIEA rejette ces accusations portées sur Mohammed El Baradei, car la preuve est incomplète. Cet incident n’a toutefois pas de répercussions sur la carrière diplomatique d’El Baradei. Le 1er octobre 2009, Bernard Kouchner retire ses accusations et indique que le dialogue avec l’Iran se poursuit. Témoin de la détérioration des libertés en Égypte, El Baradei décide d’entamer une carrière politique. En février 2010, il interrompt sa retraite en France et retourne en Égypte avec la volonté d’instaurer la démocratie et la justice sociale.

El Baradei, le sauveur

Il fait son entrée en Égypte en février 2010 pour tenter de fédérer l’opposition autour d’un projet démocratique. Peu connu par la majorité de l’opinion publique égyptienne, il trouve des alliés chez les opposants et crée la Coalition nationale pour le changement parmi laquelle figurent les Frères musulmans.

Le 30 janvier 2011, il est désigné à la tête de ce mouvement afin de mener les négociations avec le régime d’Hosni Moubarak, repris depuis peu par Omar Souleimane — nommé vice-président au début de la crise en Égypte. Il prône le réveil populaire et affirme que les forces militaires égyptiennes seront la clé de voûte de la transition politique en Égypte. El Baradei déclare que son objectif est de démocratiser le pays et non d’être candidat à la présidence. Du haut de ses 68 ans, il aspire à voir entrer en scène un président dans la quarantaine ou dans la cinquantaine.

Il a déclaré récemment aux médias que «si le moyen d’aboutir au changement est de me présenter, je ne vous décevrai pas ». El- Baradei n’a donc pas dit son dernier mot.

Étranger en son pays

Le lauréat du prix Nobel de la paix est peu connu en Égypte. Fort de sa carrière diplomatique, il a vécu plus de 30 ans à l’étranger. Selon un sondage d’opinion du site d’informations arabe Elaph, Mohammed El Baradei obtient une cote de popularité de seulement 3% au sein de la population égyptienne.

Ses déplacements réguliers à l’étranger l’empêchent de s’investir sur le terrain en Égypte et de se faire connaître par la population. Malgré la remise en question de sa crédibilité en tant que leader, Mohammed El Baradei pourrait profiter de cette révolution pour placer ses pions en vue de l ’élection présidentielle de  septembre 2011.

Mohammed El Baradei en trois dates

1964 : Il commence sa mission diplomatique au sein du ministère égyptien des affaires étrangères.

1997 : Il est nommé directeur général de l’agence internationale de l’énergie atomique (aIEa) et est réélu pour deux autres mandats.

2005 : Il obtient le prix nobel de la paix.