En novembre dernier, HEC Montréal lançait ses premiers cours gratuits en ligne, une première au Québec. Offerts sur la plateforme EDUlib, ces cours ont rapidement séduit plus de 10 000 étudiants partout dans le monde.
«L e bilan des premiers mois d’existence d’EDUlib est très positif, juge le professeur et directeur de l’apprentissage et de l’innovation pédagogique à HEC Montréal, Jean Talbot, qui est à l’origine d’EDUlib. Le projet a attiré beaucoup de monde. Nous avons noté que les inscriptions provenaient de 110 pays différents. »
Près de 4 500 personnes ont suivi le cours Introduction au marketing offert depuis novembre. Le cours Comprendre les états financiers, qui se donne actuellement, a attiré 6 050 participants. Un autre, intitulé Problèmes et politiques économiques : les outils essentiels d’analyse, débutera, quant à lui, le 13 mai. Il compte déjà 3 850 inscriptions. Les cours dispensés sur EDUlib ne fournissent pas de crédits universitaires, mais une attestation de réussite est remise aux participants lorsqu’ils les ont terminés.
Pour le plaisir d’apprendre
Pour beaucoup de participants, c’est simplement le plaisir d’apprendre qui les a motivés à suivre un cours sur EDUlib. « Je me suis inscrite au cours sur les états financiers par intérêt, confie Marie Lavoie, mère au foyer depuis deux ans et parajuriste de formation. J’aime apprendre et je voulais garder mon cerveau actif. »
Des professionnels bien établis sur le marché du travail ont aussi choisi d’étudier sur EDUlib afin de se spécialiser ou de se mettre à jour sur certaines notions comptables. C’est le cas du comptable Michel Banvo, qui vit en Côte d’Ivoire. « J’ai suivi ce cours afin d’enrichir mes connaissances et de me familiariser avec le système comptable et financier nord-américain », explique-t-il.
M. Banvo se réjouit de constater qu’EDUlib favorise la transmission du savoir au plus grand nombre. « C’est une victoire de voir que des gens qui ne peuvent pas nécessairement se rendre à l’université dans leur pays puissent accéder à des cours de niveau universitaire », ajoute M. Talbot.
Bien qu’il est fier de la réussite de son projet, M. Talbot est surpris par l’engouement que suscite EDUlib. Il ne pensait pas que les gens seraient aussi motivés à suivre un cours non crédité. « Les gens s’engagent beaucoup et participent énormément aux discussions sur les forums qui accompagnent les cours en ligne », dit-il.
Concentré de cours
Pour les professeurs, le fait de ne pas avoir d’interaction directe avec les élèves les pousse à être très précis dans leurs interventions. Plutôt que de s’étaler sur trois heures, un cours dure au maximum 90 minutes et se divise en plusieurs capsules de 10 à 15 minutes. « Les professeurs ont un plan très concis de ce qu’ils vont dire. Tout doit être très clair », explique M. Talbot. Une manière d’enseigner qui convient parfaitement à l’étudiant congolais Eli N’soukpoe. « La clarté des explications compense amplement l’absence physique du professeur », dit-il.
Si les élèves ne peuvent pas poser de questions en personne au professeur, ils ont toutefois la possibilité d’obtenir des réponses par l’entremise des forums de discussion. Un étudiant de HEC à la maîtrise est chargé de répondre en ligne aux questions des étudiants d’EDUlib.
Selon M. Talbot, la popularité des cours en ligne force les établissements d’enseignement à revoir le modèle des cours magistraux. Il croit que les salles de classe pourraient être vouées à autre chose que la transmission de connaissances qui, elle, pourrait se faire en ligne. «Le temps en classe pourrait être consacré à des travaux pratiques, des simulations, des jeux de rôles ou des discussions de cas, estime-t-il. Cela permettrait de faire de la pédagogie inversée.»
En attendant, de nouveaux cours sur la gestion des conflits, l’entrepreneuriat et le marketing seront offerts dès l’automne prochain.