Les annonces des dernières semaines par le gouvernement péquiste en enseignement supérieur provoquent un sentiment de trahison. Après toutes ces manifestations, après toutes ces revendications, après tous ces cris pour une éducation de qualité et une plus grande accessibilité, tout cela a mené à des coupes dans les budgets des universités pour l’année en cours (140 millions de dollars), des coupes additionnelles l’année prochaine et des coupes dans les fonds de recherche. La victoire étudiante de l’annulation de la hausse des frais de scolarité perd soudainement de son lustre.
Pauline Marois clamait pourtant lors de sa campagne électorale que l’éducation était la priorité. Elle arborait le carré rouge au printemps dernier et promettait d’annuler la hausse. Ce qu’elle a fait. C’est par contre tout ce qu’elle a retenu des messages sur l’importance de l’éducation. Les nouvelles coupes semblent vouloir compenser le manque à gagner de l’annulation de la hausse. Force est de constater que c’était une promesse cynique. Le Sommet sur l’enseignement supérieur devient ainsi un exercice illusoire de consultation.
Les étudiants contesteront-ils ces annonces ? Possiblement.
Sera-t-elle de l’ampleur observée au cours des derniers mois ? Difficilement. Construire une mobilisation citoyenne de cette ampleur prend du temps. Au point de vue personnel, les étudiants sont vidés après la mobilisation exceptionnelle de la dernière année. Du côté des organisations, le bal des affiliations et des désaffiliations nuit à court terme à la mise en place d’un discours cohérent d’opposition aux annonces péquistes.
De plus, la grève de 2012 était une réaction à un changement vers une culture de l’utilisateur-payeur imposé par le gouvernement libéral. Le gouvernement péquiste nouvellement élu ramène le statu quo avec le gel des frais de scolarité. Ce n’est pourtant qu’une façade. Le ministre Pierre Duchesne défendait les coupes dans les universités en disant que la paix était de retour sur les campus. Il a raison. Il est difficile de se mobiliser contre des coupes budgétaires encore abstraites.
D’ailleurs, au moment d’écrire ses lignes, l’administration de l’UdeM ne savait toujours pas quelle somme exacte elle devrait retrancher dans son budget actuel.
La contestation est le seul langage que les politiciens comprennent, à part peut-être celui de la rigueur budgétaire.
Les étudiants ont réussi à faire annuler une hausse de 1625 $ sur leur facture. Que feront-ils contre des coupes de 140 millions de dollars ?
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Je signe ici mon dernier éditorial. La chef de pupitre campus, Tiffany Hamelin, me succède comme rédacteur en chef. Bienvenue aussi aux nouveaux chefs de pupitre : Elom Defly dans la section campus et Dominique Cambron-Goulet en culture.