Édito : Le prochain gouvernement ne pourra pas ignorer les étudiants

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Par Vincent Allaire
mardi 4 septembre 2012
Édito : Le prochain gouvernement ne pourra pas ignorer les étudiants

Le 27 août dernier, des policiers armés de matraque et vêtus de casque étaient présents dans les couloirs de l’Université de Montréal. J’ai vu l’incompréhension dans les yeux de certains étudiants. Chez d’autres, une lassitude. Aussi de la colère. La confrontation entre étudiants et policiers a dégénéré. Le lendemain, les policiers étaient de nouveau présents. Le bilan de ces deux journées : 30 arrestations dont 19 personnes sous enquête en vertu de la loi 12.

La cause de ce dérapage est l’ambiguïté provoquée par la loi 12. Cette loi restreint le droit de grève des étudiants à un simple boycott de leurs cours. Elle nie la démocratie étudiante. Certains chroniqueurs ont déploré la faible participation étudiante aux assemblées générales. Ces assemblées restent toutefois un processus démocratique éprouvé dans le milieu syndical.

Il est là le nœud du problème. Les étudiants peuvent-ils former un syndicat ? Ont-ils le droit de grève ? Les décisions prises en assemblées générales sont-elles souveraines ? Tant que la question traîne, la violence reste présente. Constatez-le par vous-même en lisant ces articles ici ou .

Ces questions s’inscrivent dans une réflexion plus large sur le rôle des universités dans la société. Les grèves ont commencé il y a six mois. Après la mobilisation historique des derniers mois, la marchandisation de l’éducation n’est pas la voie à suivre.

Au moment où vous lirez ces lignes, un nouveau gouvernement provincial aura été élu. Celui-ci aura des comptes à rendre sur la loi 12, sur les questions d’accessibilité à l’éducation et de démocratie étudiante.

Le gouvernement libéral de Jean Charest a ignoré les étudiants. Le prochain gouvernement n’aura pas ce choix.

Liberté de presse

Toujours le 27 août, en après-midi, des policiers ont fait irruption dans les locaux de notre journal. Ils ont interpellé un de nos photographes, J. Arthur White, et l’ont expulsé du pavillon 3200 Jean-Brillant pour la journée.

Ils disaient suivre une directive de l’Université qui n’aurait pas apprécié l’attitude de notre photographe. Celui-ci a pris plusieurs des photos de l’intervention policière dans ce numéro.

Cette expulsion est un affront à la liberté de presse. Un étudiant qui se présente comme journaliste se doit d’être traité comme un journaliste. Je me questionne également sur la pertinence d’expulser pour la journée un étudiant de son établissement d’enseignement.

Peu importe, nous continuerons notre couverture journalistique du campus, police ou non dans notre local.